Painted in 1962, 15.05.62 is a work of a lyricism as unbridled as harmonious testifying to a balance long sought after by Zao Wou-Ki. As an abstract composition, it offers an imaginary graphic design and an incomparable atmosphere. Here, the artist’s inner world becomes one with a fantasized nature, absorbing natural phenomena. On the canvas, the artist pours an intense and powerful energy. In a single work, he can juggle a magma of brutality while maintaining an extreme softness. The violence of the elements remains subtle. Whether it is a study of mist, wind, movement, life: the artist brings us an opening towards his own vision of the elements, the cosmos, the void, the birth of the universe.

At the turn of the 1960s, Zao Wou-Ki no longer had anything to envy from those with whom he studied at the Hangzhou School of Fine Arts, nor from those who “always tried to paint like Matisse and Picasso”. This period is marked by a change that led the artist to move from figurative naturalism to subjective imagery. Zao Wou-Ki from then on wanted to express his inner and spiritual emotions through abstract representations of nature. “Compared to his previous works, Zao’s paintings of the 1960s are more extensive, more evocative and better able to bring out his unique temperament,” writes art critic Pierre Schneider. During his numerous trips to the United States from the second half of the 1950s onwards, the artist was captivated by the creative energy emanating from the works of the painters he met in New York through Pierre Soulages.

In 1961, when he moved to a studio on rue du Moulin Vert, a stone’s throw from Alberto Giacometti’s, Zao Wou-Ki was overwhelmed by a feeling of total freedom. By arranging it in his own way and planting trees that reminded him of his native China, the artist declares that he has “the feeling that he has recreated a bit of his childhood, including this light from the north, a little grey, always equal, which allows him to see the intensity of each color” (Zao Wou-Ki, Autoportrait, 2008).

Preserved for 25 years in the same private collection, 15.05.62 testifies to the creative power of the artist in the early 60s. One hundred years after his birth, seven years after his death, the artist remains one of the greatest figures of contemporary art and still fascinates by his painting which has become iconic, recognisable at the slightest glance.

Peint en 1962, 15.05.62 est une oeuvre d’un lyrisme aussi déchainé qu’harmonieux témoignant d’un équilibre longtemps recherché par Zao Wou-Ki. En tant que composition abstraite, elle offre un graphisme imaginaire et une atmosphère incomparable. Ici, le monde intérieur de l’artiste ne fait plus qu’un avec une nature fantasmée, absorbant des phénomènes naturels. Sur la toile, l’artiste déverse une énergie intense et puissante. Dans une seule oeuvre, il peut jongler entre un magma de brutalité tout en gardant une extrême douceur. La violence des éléments reste subtile. Qu’il s’agisse d’une étude de la brume, du vent, du mouvement, de la vie : l’artiste nous apporte une ouverture vers sa propre vision des éléments, du cosmos, du vide, de la naissance de l’univers.

Au tournant des années 1960, Zao Wou-Ki n’a plus rien à envier à ceux avec les lesquels il a étudié à l’école des Beaux-Arts de Hangzhou, ni à ceux qui « essayaient toujours de peindre comme Matisse et Picasso ». Cette période est marquée par un changement qui conduit l’artiste à passer d’un naturalisme figuratif à une imagerie subjective. Zao Wou-Ki veut désormais exprimer ses émotions intérieures et spirituelles à travers des représentations abstraites de la nature. « Par rapport à ses oeuvres précédentes, les peintures de Zao des années 1960 sont plus étendues, plus évocatrices et plus aptes à faire ressortir son tempérament unique » écrit le critique d’art Pierre Schneider. Au cours de ses nombreux voyages aux Etats-Unis effectués à partir de la seconde moitié des années 1950, l’artiste est captivé par l’énergie créatrice qui émane des oeuvres des peintres rencontrés à New York par l’intermédiaire de Pierre Soulages.

En 1961, alors qu’il s’installe dans un atelier de la rue du Moulin Vert, à deux pas de celui d’Alberto Giacometti, Zao Wou-Ki se laisse submerger par un sentiment de liberté totale. En l’arrangeant à sa façon et en plantant des arbres qui lui rappellent sa Chine natale, l’artiste déclare qu’il a « le sentiment d’avoir recrée un peu de son enfance y compris cette lumière du nord, un peu grise, toujours égale, qui lui permet de voir l’intensité de chaque couleur » (Zao Wou-Ki, Autoportrait, 2008).

Conservé depuis 25 ans dans une même collection particulière, 15.05.62 témoigne de la puissance créatrice de l’artiste au début des années 60. Cent ans après sa naissance, sept ans après sa disparition, l’artiste demeure une des plus grandes figures de l’art contemporain et fascine toujours par sa peinture devenue iconique, reconnaissable au moindre coup d’oeil.