Like a mental landscape of tangled matter bathed in a diaphanous light seemingly shining from the dawn of time, 12.12.68 perfectly captures the exceptional mastery Zao Wou-Ki reached at the end of the 60s, a turning point in his career. After nearly 20 years in Paris, the artist completed the transformation that brought him to break free of the conventions that had long held him back. But he did so without renouncing his thousand years-old tradition grounded in the principle of dividing painting into two spaces of expression that symbolically represent the sky and the earth -which is very clear in the work presented here.
On December 12th 1968, when he completed this masterful composition, Zao Wou-Ki was finally free. Free to shift from the void of fullness in the manner of the Songs and paint with oil like Europeans. By dint of work and research, he finally came close to his own light by accepting the inheritance of his ancestors given to him by the teachings of his professors form the Fine Arts academy of Hangzhou but also by his paternal grandfather, a scholar of the Qing Empire.

Thus we gaze upon the perfect symbiosis of Song landscapes which Zao Wou-Ki appreciated for their floating and elementary aspect and Rembrandt’s paintings which he admired for “the movements of the brush”, building “a rich, complex space that is at the same time economical”. As he explains in his memoires written in collaboration with Françoise Marquet, the 1960s were a blessed period for him. At the height of his art, Zao Wou-Ki had “vanquished the surface of the world" and penetrated his own heart. It was only then that his souvenirs of another era, that of his childhood, “before the Flood” as Dominique de Villepin says in a beautiful text on the artist entitled Le Labyrinthe des Lumières, could emerge from his paintings like vibrant invitations to travel. Travel in time and space, in search of a world of internal and celestial forms masterfully depicted in 12.12.68.
In this painting which, as mentioned above, symbolises a veritable reconciliation between China and the West, the artist probed movement. With his nuanced palette and his unique, luminous path reinforced by the dynamic of colours which feed off each other, 12.12.68 incites contemplation. Lacking a fixed reference point, the gaze is constantly shifting, awaiting a revelation. Should one move from darkness to light? Or from light to darkness?

Avec ses enchevêtrements de matière dessinant un envoûtant paysage mental, 12.12.68 illustre à merveille l’exceptionnelle maîtrise à laquelle Zao Wou-Ki est parvenue dans cette période clé de sa carrière qu’est la seconde partie des années soixante. Il faut dire que c’est à ce moment précis que l’artiste installé à Paris depuis une vingtaine d’années trouve véritablement sa voie, s’affranchissant des conventions sans pour autant renoncer à la tradition millénaire qu’il a reçu en héritage.
Le 12 décembre 1968, alors qu’il achève cette magistrale et mélodieuse composition, Zao Wou-Ki s’est libéré. A force de travail et de recherche, il s’est finalement rapproché de sa lumière propre en acceptant l’enseignement de ses professeurs de l’académie des Beaux-Arts de Hangzhou mais aussi celui de son grand-père paternel, lettré de l’empire Qing. Ainsi se dessine sous nos yeux la parfaite symbiose entre les paysages Song dont Zao Wou-Ki appréciait l’aspect flottant et élémentaire et les tableaux de Rembrandt dont il admirait « la matière, là où on voit les mouvements du pinceau », construisant « un espace riche, complexe et en même temps économique. »
Peindre, peindre, toujours peindre, encore peindre. Le mieux possible, le vide et le plein, le léger et le dense, le vivant et le souffle.
Comme il l’explique dans ses mémoires écrites en collaboration avec Françoise Marquet, la seconde partie des années 1960 est une période bénie pour Zao Wou-Ki. L’artiste est au sommet de son art, il a « vaincu la surface du monde », et par là-même pénétré dans son propre cœur. C’est alors que les réminiscences d’une autre époque, celle de son enfance, surgissent de ses tableaux comme des invitations au voyage. Un voyage dans le temps et l’espace, à la découverte d’un monde de formes, intérieur et céleste que dépeint magistralement 12.12.68.
Dans ce tableau symbolisant, comme nous venons de l’évoquer, la réconciliation entre la Chine et l’Occident, l’artiste sonde aussi le mouvement. Avec sa palette nuancée renforcée par la dynamique de couleurs qui se nourrissent les unes des autres, 12.12.68 incite à la contemplation. Sans repère fixe, le regard se déplace sans cesse, dans l’attente d’une révélation. Faut-il aller des ténèbres à la lumière ? Ou de la lumière aux ténèbres ?
Une seule chose est sûre, 12.12.68 est la parfaite symbiose entre l’abstraction lyrique européenne et la tradition ancestrale chinoise dont Zao Wou-Ki est le dépositaire. Expérience esthétique inédite, elle illustre à merveille de que Zao Wou-Ki entendait lorsqu’il disant que « ce qui est abstrait pour [nous] est réel pour [lui]. »