"I passionately love the life of my times […] Yes, I love everything that shines, sparkling jewels, […] beautiful women who inspire carnal desire… and painting gives me the most complete possession of all this, because what I paint is often the haunting realization of a dream or an obsession.”
Van Dongen’s words seem to directly echo the present painting, emblematic of the works made by the painter in the 1920s, a decade qualified as the “Cocktail Epoch” by commentators of the time. The painter was then at the height of his fame and had become one of the essential figures of fashionable Paris. He was living in a mansion on the rue Juliette-Kamber where he organized many parties to which all of Paris was invited. Fashionable women in evening dresses rubbed shoulders with cabaret dancers, erotic actresses and politicians. This colourful group was described by Van Dongen in the following terms: “The world is a great garden, full of flowers, full of weeds. The advantage of our time is that we can mix and mingle everything: it is the Cocktail Epoch''.
Many accounts of the sumptuous parties at rue Juliette-Lamber have come down to us. The newspaper Ecouter recounts a party on November 24, 1928: “At midnight, five hundred people filled all the floors of the Van Dongen mansion, in the peaceful Juliette-Lamber street. Women in furs and pearls, men in smoking jackets, Montparnassian residents in jackets with their girlfriends in tight-fitting jumpers.” Michel Georges-Michel describes the same effervescent atmosphere: “A Veronese vision, two, three studios overlooking each other, separated by banisters, by small balconies, almost terraces. And in each studio, silver divans wide as lawns where, during the parties of the most wonderful years, beautiful women from Paris, Europe and America would pile. From Boni de Castellane in her latest splendour to the Maharajah of Karputhala, from all the Goulds and all the Rothschilds to their latest models, there was all the cream of the world’s society, contemplating their portraits hanging on the walls like hanging effigies.”
Portrait de femme assise perfectly embodies this period of fashionable effervescence. The young elegant woman – probably Madame Dubonnet – is depicted here in a monumental format, in evening dress and enveloped in a sumptuous fur coat. As in his most famous works, the painter skillfully uses the electric lighting to sculpt the body and face of the female model, evocative of theatre lighting. The present painting demonstrates the painter’s remarkable mastery of colour and material effects. The fauve colours of his beginnings have here given way to a more measured palette but the spontaneous brushwork and the originality of the green carnations are radically modern, testifying to the artist’s continual innovation.
Lorsqu'il peint le présent portrait, Kees van Dongen est au faîte de sa renommée et est devenu l’une des personnalités incontournables du Paris mondain. Il est alors installé dans son hôtel particulier de la rue Juliette-Lamber où il organise de multiples fêtes auxquelles accourent le tout-Paris. Se côtoient dans ces fêtes femmes du monde en robe du soir, danseuses de cabaret, actrices sensuelles et hommes politiques. Cette société bigarrée est décrite par Van Dongen en ces termes : "Le monde est un grand jardin, tout plein de fleurs, tout plein de mauvaises herbes. L’agrément de notre époque est que l’on peut tout mélanger, tout mêler : c’est l’époque Cocktail".
De nombreux témoignages de ces fêtes somptueuses de la rue Juliette-Lamber nous sont parvenus. C’est ainsi que le journal Ecouter relate le 24 novembre 1928 :
"Cinq cent personnes, à minuit, remplissaient, à tous les étages, l’hôtel Van Dongen, dans la paisible rue Juliette-Lamber. Des dames en peau et en perles, des messieurs en habit, en smoking, des Montparnassiens en veston avec leurs petites amies en pull-over moulant le buste."
Le récit donné par Michel Georges-Michel retranscrit la même atmosphère effervescente : "Une vision à la Véronèse, deux, trois ateliers se surplombant, séparés par des balustrades, des balconnades, presque des terrasses. Et, dans chaque atelier, des divans d’argent larges comme des pelouses où, pendant les réceptions des belles années, s'amoncelèrent les plus belles femmes de Paris, d’Europe et d’Amérique. De Boni de Castellane dans sa dernière splendeur au maharajah de Karputhala, de toutes les Gould et tous les Rothschild à ses derniers modèles, il y avait là tout le gratin de la terre, contemplant leurs portraits accrochés aux murs comme des pendus en effigie".
Portrait de femme assise incarne à merveille cette période d’effervescence mondaine. La jeune femme élégante – sans doute Madame Dubonnet – est ici dépeinte dans un format monumental, en robe de soirée et enveloppée d’un somptueux manteau de fourrure. Comme dans ses œuvres les plus réputées, le peintre utilise ici avec talent les éclairages électriques pour sculpter le corps et le visage du modèle féminin, à la manière d’un éclairage scénique. Le présent tableau démontre la remarquable maîtrise des couleurs et des effets de matière qui est celle du peintre. Les couleurs fauves de ses débuts ont ici fait place à une palette plus mesurée mais la spontanéité de la touche et l’originalité des carnations vertes sont d’une modernité radicale témoignant de l’innovation permanente de l’artiste.