Signed and dated 1746, The Flute Player by Boucher has come to us in very good condition and is one of the most emblematic examples of pastoral Rococo in the French manner.

Originally in the prestigious collection of Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville, Contrôleur Général des Finances under Louis XV, this is its first time on the market for over forty years.

Ill. 1 François Boucher, Are They Thinking about the Grape? (Pensent-ils au raisin?) © The Art Institute of Chicago, Martha E. Leverone Endowment

An enchanting and idyllic vision of a lost arcadian world, The Flute Player is one of the first paintings in which François Boucher painted his protagonists wearing contemporary dress. Unlike the realistic depictions of peasants in the Dutch tradition that he painted early in his career, this painting is typical of the works that made Boucher’s name. His light-hearted reinterpretation of the pastoral theme opens the way to Rococo painting with masterly assurance. Presented at the 1747 Salon with a pendant, Are They Thinking about the Grape? (Chicago, The Art Institute of Chicago, inv. 1973.304; ill. 1), this charming composition demonstrates the maturity François Boucher had acquired by this time, at the height of his success.

Ill. 2 French School, 18th Century, Portrait of Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville (Private collection)

The paintings were commissioned, or at least bought very soon after they were painted, by Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville (1701–1794), Minister of State, Keeper of the Seals and Secretary of State for the Navy (ill. 2), who some said was one of Louis XV’s favourite ministers. Jean-Baptiste de Machault’s political career was also closely linked to the Marquise de Pompadour, who initially gave unconditional support to Machault in his battle with the clergy, when he created a new tax that hit them hard. But although she was at one time Machault’s protector, she was also responsible for his downfall: in January 1757, Machault ordered the Marquise to leave Versailles, for the sake of the health of the king, who had just escaped the assassination attempt by Damiens. When Louis XV came through the experience unharmed, the Marquise regained her influence over the king and had Machault dismissed. The king sacked him in 1757 and asked him to retire to his estate, the Château d'Arnouville.

However, in 1746, the year Boucher’s painting was executed, Machault d’Arnouville was still at the peak of his career. His success allowed him to build the elegant Château d’Arnouville between 1751 and 1757 (ill. 3), to plans produced by Contant d’Ivry and with decorations painted by Natoire – a project that was unfortunately never completed after his ousting by Madame de Pompadour. Were the two Boucher paintings intended for the Château d’Arnouville or for his Paris residence, a mansion in the Rue du Grand Sentier?

Ill. 3 Château d’Arnouville, Val d'Oise

The subject of this pastoral scene is borrowed from Charles-Simon Favart, a friend of François Boucher and a dramatist who transformed comic opera by endowing it with the characteristics of pastoral poetry. He wrote Les vendanges de Tempé, the story of a thwarted love affair between a shepherd and a shepherdess named Lisette. Reference is made to this by the Parfait brothers in the Dictionnaire des Théâtres de Paris: ‘Monsieur Boucher, a painter famed for his graceful compositions, borrowed the idea for some of his paintings, and that is a far from minor tribute paid to the Pantomime of the Vendanges du Tempé’ (Parfaict, 1756, VI, p. 70). Indeed, created in 1745 as a pantomime, this story inspired many of François Boucher’s paintings and drawings, as well as models for porcelain groups for Vincennes and Sèvres. The play, combined with the revival of the Opéra Comique’s audience at the hands of Jean Monnet – also a friend of Boucher – which sealed its reputation, made pastoral subjects acceptable at the Salons and helped Boucher to become a fashionable painter in this period.

Bathed in a peaceful, serene atmosphere which pays homage – with a touch of nostalgia – to an arcadian world of young and attractive shepherds and shepherdesses, this painting is one of Boucher’s great achievements in the pastoral manner. Painted with a palette that is deliberately bright and acid, rejecting any attempt at naturalism, the painting depicts one of those idylls of youthful romance, with no shadows to darken it, that were Boucher’s hallmark. Here, under the pretext of a little flute player entertaining a shepherdess in a pretty blue dress, he delights in displaying the candour and shyness of adolescence, when the first stirrings of love are felt.

Everything here contributes to the happy atmosphere. The painting exudes joy and tranquillity, in the peaceful scene, the crystalline blue sky, and in nature itself that seems to form a protective screen around the young lovebirds. In this enchanting vision, Boucher draws us into his dream of perpetual innocence. The eye becomes pleasantly diverted by the details – all charming, all painted in a masterly fashion with a vibrant and assured brushstroke – and absorbed in the colour and texture of this painting, whose state of preservation is admirable. There is no doubt that the freshness of this work, in terms of both its subject and its execution, makes it one of the finest examples among the paintings that brought Boucher fame.


Signé et daté de 1746, parvenu jusqu’à nous dans un très bel état de de conservation, Le Joueur de Flageolet de Boucher est l’un des exemples les plus représentatifs de la pastorale rococo à la française.

Provenant initialement de la prestigieuse collection de Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville, contrôleur général des Finances sous Louis XV, il n’a pas été présenté sur le marché depuis plus de quarante ans.

Ill. 1 François Boucher, Pensent-ils au raisin? © The Art Institute of Chicago, Martha E. Leverone Endowment

Vision enchanteresse et idyllique d'un monde perdu, arcadien, Le Joueur de flageolet est l'un des premiers tableaux dans lequel François Boucher peint ses protagonistes avec des vêtements issus de la mode contemporaine. Contrairement aux représentations de paysans réalistes du début de sa carrière, inscrits dans la tradition hollandaise, ce tableau est caractéristique des œuvres qui ont fait le succès de Boucher. Il y réinterprète avec bonheur le thème de la pastorale, dans une veine qui ouvre magistralement la voie à la peinture rococo. Présentée au Salon de 1747 avec un pendant, Pensent-ils au raisin ? (Chicago, The Art Institute of Chicago, inv. 1973.304 ; ill. 1), cette charmante composition témoigne de la maturité acquise par François Boucher alors au sommet de son succès.

Ill. 2 Ecole française du XVIIIe siècle, Portrait de Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville (Collection particulière)

Ils furent commandés, ou au moins acquis très rapidement après leur exécution, par Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville (1701-1794), Ministre d’Etat, Garde des Sceaux, Secrétaire d’Etat à la marine (ill. 2), qui fut, selon certains, l’un des ministres préférés de Louis XV. La carrière politique de Jean-Baptiste de Machault fut par ailleurs étroitement liée à la marquise de Pompadour qui, dans un premier temps, lui apporta un soutien inconditionnel dans son combat contre le clergé, lorsqu’il créa un nouvel impôt qui frappait durement cet ordre. Mais si elle fut un temps la protectrice de Machault, elle fut aussi à l’origine de sa disgrâce : en janvier 1757, Machault signifia à la marquise l'ordre de quitter Versailles, afin de préserver la santé du roi qui venait d’échapper à l’attentat de Damiens. Louis XV sorti indemne de l’attentat, la marquise retrouva son ascendant sur le roi et fit destituer Machault. Le roi le remercia en 1757 en lui demandant de se retirer dans son château d'Arnouville.

Mais en 1746, date d’exécution du tableau de Boucher, Machault d’Arnouville était encore au sommet de sa carrière. Le succès aidant, il devait se faire construire, en 1751 et 1757, le grâcieux château d’Arnouville (ill. 3), sur les plans de Contant d’Ivry et avec des décors peints de Natoire, projet malheureusement resté inachevé suite à son renvoi par Madame de Pompadour. Les deux Boucher étaient-ils destinés au château d’Arnouville, ou bien à son domicile parisien, l’hôtel particulier de la rue du Grand Sentier ?

Ill. 3 Château d’Arnouville, Val d'Oise

Le sujet de cette pastorale est emprunté à Charles-Simon Favart, ami de François Boucher et auteur de théâtre qui transforme l’opéra-comique en y insufflant les caractéristiques de la poésie pastorale. Ce dernier écrit Les vendanges de Tempé, les amours contrariés d’un berger et d’une bergère nommée Lisette. Dans le Dictionnaire des Théâtres de Paris, on peut lire à propos de ce récit sous la plume des frères Parfait : «M. Boucher, Peintre fameux par ses compositions gracieuses, en emprunta l'idée de quelques-uns de ses tableaux, & ce n'est point le moindre honneur qu'ait reçu la Pantomime des Vendanges du Tempé » (Parfaict, 1756, VI, p. 70). En effet, créée en 1745 sous forme de pantomime, cette histoire inspire François Boucher pour de nombreux tableaux, dessins et modèles de groupes en porcelaine destinés à Vincennes et Sèvres. Cette pièce associée au renouvellement du public de l’Opéra Comique par Jean Monnet, ami de Boucher également, pour lui donner ses lettres de noblesse, rendent les sujets pastoraux convenables pour les Salons et contribuent à faire de Boucher un peintre à la mode dans ces années-là.

Baigné d’une atmosphère paisible et sereine et qui rend hommage, non sans une certaine nostalgie, à un monde arcadien de bergers et de bergères beaux et juvéniles, le tableau est l’une des grandes réussites de Boucher dans le domaine de la pastorale. Exécuté dans une palette volontairement vive et acide, dénuée de toute volonté de naturalisme, le tableau présente l’une de ces idylles, l’une de ces amourettes juvéniles et sans ombre dont Boucher aime se faire le porte-parole. Il se plaît ici à mettre en scène, sous le prétexte d’un petit joueur de flageolet qui divertit une bergère en belle robe bleue, la sincérité et la pudeur de l’adolescence à l’âge où naissent les premiers émois amoureux.

Tout ici concourt au bonheur. Le calme de la scène, le ciel bleu et cristallin, la nature elle-même qui semble former un écrin protecteur aux jeunes tourtereaux, le tableau respire la joie et la sérénité. Par cette vision enchanteresse, Boucher nous emporte ainsi dans sa rêverie d’une innocence éternelle. Le regard se perd avec délice dans les détails, tous charmants, tous peints avec la maestria du maître, au pinceau vibrant et sûr. L’œil se plonge dans la couleur, dans la matière de ce tableau admirablement bien préservé. Nul doute que la fraîcheur de cette œuvre, aussi bien celle de son sujet que celle de son exécution, en fait un des plus beaux exemples des peintures qui ont rendu Boucher célèbre.