Courbet is above all a painter of landscapes, they constitute nearly two thirds of his work. He started painting landscapes in his youth, already displaying a personal style but still relying on the rules of perspective. It was from 1850-1855 that he began to develop an original relationship with the landscape, seeking above all to appropriate the profound reality of a site. It is certainly his love for his native region, the Franche-Comté, and his great knowledge of these rough and wild lands, that allow him to break with tradition and create a completely innovative style.

In her introduction to the chapter on Landscapes in the Gustave Courbet exhibition catalog (Paris, New York, Montpellier, 2007-2008, p. 229), Laurence des Cars explains the importance of the landscape in his work: "Courbet undermines the traditional codes of the genre, no longer relying on external perception but recreating from within a subjective understanding of the world... Retaining [from the sites] only the most visually salient elements, he delineates an intimate geography dominated by the idea of retreat and solitude... Courbet strips the composition of all picturesque and human touches, daring to place emptiness and darkness at the center of the painting and concerned only with the density of matter, from dark waters to stratified rocks."

The present work, Paysage près d'Ornans, shows the beauty of the high rocks of the Franche-Comté region, sculpted by the light and cut against the sky. At their foot, the dark mass of a river and the lighter green vegetation contrast with the bareness of the rock. Courbet's synthetic vision captures the structure of the elements and the roughness of the rock with flat areas of color alternating with a fragmented touch. The rocky wall faces the viewer, dominating him from its height. No human or anecdotal element disturbs the grandeur of the site, which imposes its tangible, obvious, eternal presence on the viewer.

Paysage près d'Ornans can be compared to several works of similar subject matter, for example Les Roches de Mouthier, le ravin (ca. 1855, Phillips Collection, Washington, inv. 0342), Les Roches de Hautepierre-Mouthier (fig. 1, ca. 1860, Art Institute, Chicago, inv. 1967.140) and Paysage de Chauveroche dans les Vaux d'Ornans (1864, private collection). It is very interesting to note that with this group of works, "a serial approach to landscape in Courbet's work" is established ( (cf. cat. exhibition Gustave Courbet, Paris, New York, Montpellier, 2007-2008, p. 262). This approach culminated in the series dedicated to the Puits-Noirs and to the Sources de la Loue, which were the culmination of Courbet's research into the plastic and evocative power of rocky material.

With the series, Courbet "sets an important milestone in his posterity, which is played out here more with Cézanne than with Monet. The man from Provence in Aix-en-Provence found in the rocks of the Jura of his elder a common fascination for the mineral, the telluric forces of nature and the permanence of their imprint on a territory. The spirit of Courbet's ceaseless quest will animate the Cézanne absolute and will link in a certain way the rocks of Ornans and other Mouthier, to the Sainte Victoire " (Laurence des Cars, cat. exh. 2007-2008, op. cit. p. 263).

Courbet est avant tout un peintre de paysages, ils constituent près des deux tiers de son œuvre. Il s’y adonne dès sa jeunesse, peignant des œuvres déjà empreintes d’un style personnel mais s’appuyant encore sur les règles de la perspective. C’est à partir de 1850-1855 qu’il commence à développer un rapport original au paysage, cherchant avant tout à s’approprier la réalité profonde d’un site. C’est certainement son amour pour sa région natale, la Franche-Comté, et sa grande connaissance de ces terres rudes et sauvages, qui lui permettent de rompre avec la tradition et de créer un style tout à fait novateur.

Dans l’introduction au chapitre sur le paysage du catalogue de l’exposition Gustave Courbet (Paris, New York, Montpellier, 2007-2008, p. 229) Laurence des Cars éclaire ainsi l’oeuvre de paysagiste de Courbet : “Courbet mine les codes traditionnels du genre, ne s’appuyant plus sur une perception extérieure mais recréant de l’intérieur une compréhension subjective du monde… Ne retenant (des sites) que les éléments les plus saillants visuellement, il délimite une géographie intime dominée par l’idée de retrait et de solitude... Courbet dépouille la composition de toute touche pittoresque et humaine, osant placer le vide et l’obscur au centre du tableau et ne se préoccupant que de la densité de la matière, des eaux sombres aux roches stratifiées”.

L'œuvre présentée ici, Paysage près d’Ornans montre la beauté des hautes roches franc-comtoises sculptées par la lumière et se découpant contre le ciel. A leur pied la masse sombre d’une rivière et celle, plus claire, d’une végétation verdoyante qui contraste avec la nudité aride de la roche. La vision synthétique de Courbet saisit la structure des éléments et capte la matière rugueuse de la roche au moyen d’aplats de couleur alternant avec une touche fragmentée. La muraille rocheuse fait face au spectateur, qu’elle domine de sa hauteur. Aucun élément humain ou anecdotique ne vient perturber la grandeur du site qui impose au spectateur sa présence tangible, évidente, comme éternelle.

On peut rapprocher Paysage près d’Ornans de plusieurs œuvres de sujet similaire, par exemple Les Roches de Mouthier, le ravin (vers 1855, Phillips Collection, Washington, inv. 0342), Les Roches de Hautepierre-Mouthier (fig. 1, vers 1860, Art Institute, Chicago, inv. 1967.140) et Paysage de Chauveroche dans les Vaux d’Ornans (1864, collection privée). Il est très intéressant de constater qu’avec cet ensemble d'œuvres se met en place "une approche sérielle du paysage chez Courbet" (cf. catalogue de l’exposition Gustave Courbet, Paris, New York, Montpellier, 2007-2008, p. 262). Cette approche culminera avec la série dédiée au Puits-Noir et à celle des Sources de la Loue qui forment le point d’aboutissement des recherches de Courbet sur la puissance plastique et évocatrice de la matière rocheuse.

Avec les séries, Courbet "pose un jalon important de sa postérité qui se joue ici plus chez Cézanne que chez Monet. L’homme de la Provence aixoise a en effet trouvé dans les roches jurassiennes de son aîné une fascination commune pour le minéral, les forces telluriques de la nature et la pérennité de leur empreinte sur un territoire. L’esprit de la quête incessante de Courbet animera l’absolu cézannien et liera de façon certaine les roches d’Ornans et autre Mouthier, à la Sainte Victoire" (Laurence des Cars, cat. exp. 2007-2008, op. cit. p. 263).