When Magritte painted L'Ingénue in 1945, he was in the midst of questioning his own work, an aesthetic and intellectual journey that was as fertile as it had been when he first encountered Surrealism in 1924. Challenging the dogmatism of André Breton, who had taken refuge in the USA, he surrounded himself with a new generation of artists, including Pol Bury, to whom he confided: "Since the beginning of this war, I have longed for a new efficiency that would bring us charm and pleasure. I leave it to others to worry, to terrorise and to continue to confuse everything.” (in Magritte and Renoir. Le Surréalisme en plein soleil, exh. cat. Paris, Musée de l'Orangerie, 2021, p. 159)
It was indeed time for the settling of scores with Breton, who did not share Magritte's hedonistic point of view. The artist plunged with delight into the rediscovery of Renoir and his passion for the portrayal of women and spiced up his aesthetics with a strong and renewed commitment to the Communist Party. His newfound exploration of color and sensuality even led him to some truculent visual provocations.

L'Ingénue engages with the theme of La Magie noire (Black Magic) that the artist initiated in 1934 and in which he systematically represents a woman, leaning on a rock in dialogue with the sky, her flesh transformed and embellished with a rose, a curtain, a dove... The nude woman is modeled on Georgette the artist’s wife and muse, "bringing together in her person the charms of Venus, Aphrodite and Helen" (Didier Ottinger, in Magritte et Renoir. Le Surréalisme en plein soleil, exh. cat. Paris, Musée de l'Orangerie, 2021, p. 27).
The war was in fact an intense period of rapprochement for the Magritte couple, who had almost separated shortly before the invasion of May 1940. The series of nudes thus become a manifesto of rekindled love. With these various versions of the “black magic” series dedicated to Georgette, Magritte visually revives a concept which he formulated in 1929, namely that only women can truly incarnate the hope that he that placed in love, in the survey on love published in the 12th issue of La Révolution surréaliste.

L'Ingénue is a stunning symbol of this search for love and sensuality. Georgette is portrayed using a tight yet sensual brushstroke that places the artist at summum of his technical and pictorial mastery. While the velvet of her skin calls for touching, her closed eyes echo the private interiority of love. The atmosphere is somewhat uniquely uninhibited, one notes the slightly salacious presence of the many anthropomorphic tailed bilboquets (cup-and-bal), which is however tempered by the red rose which embodies gentleness, tenderness, and romantic love.
Aside from its artistic importance another significant aspect of this work is its provenance. L'Ingénue has belonged to the same family since 1945, that of the renowned Belgian collector Robert De Keyn, who acted as a patron of sorts for the artist who frequented his Brussels art supply shop La Boule rouge: a magical place known for its countless drawers filled with coloured pigments. De Keyn also visited local auction houses and art galleries, including Lou Cosyn and Saint-Laurent. De Keyn bought L'Ingénue, as well as La Vie heureuse, at the very important surrealist exhibition organised in 1945 by Magritte himself at the Galerie des Editions de La Boétie, thus confirming his strong support for the artist whose other works, Le Miroir universel (1938-1939), Le Bonheur des Images (1943) and Le Carnaval du Sage (1947), he also owned.

Lorsque Magritte peint L’Ingénue en 1945, il est en plein questionnement sur son œuvre, une recherche esthétique et intellectuelle aussi fertile qu’à sa découverte du Surréalisme en 1924. Remettant en cause le dogmatisme d’André Breton réfugié aux USA, il s’entoure d’une nouvelle génération d’artistes dont Pol Bury auquel il confie : "Depuis le début de cette guerre, je désire vivement une efficacité nouvelle qui nous apporterait le charme et le plaisir. Je laisse à d’autres le soin de s’inquiéter, de terroriser et de continuer à tout confondre." (in Magritte et Renoir. Le Surréalisme en plein soleil, cat. exp. Paris, Musée de l’Orangerie, 2021, p. 159)
L’heure est en effet aux règlements de compte avec Breton ne partageant pas le point de vue hédoniste de Magritte qui se plonge alors avec délice dans la redécouverte de Renoir, sa passion des femmes, corsant le tout d’un engagement fort avec le Parti communiste. L’incompréhension totale à l’encontre de sa découverte de la couleur et de la sensualité lui fera même atteindre certaines provocations pornographiques et truculentes.
L’Ingénue reprend avant tout le thème de La Magie noire inauguré en 1934, et représentant systématiquement une femme, appuyée sur un rocher en dialogue avec le ciel, la chair transformée et agrémentée d’une rose, d’un rideau, d’une colombe… Et par femme s’entend bien sûr son égérie et épouse Georgette, "rassemblant en sa seule personne les charmes de Vénus, d’Aphrodite et d’Hélène" (Didier Ottinger, in Magritte et Renoir. Le Surréalisme en plein soleil, cat. exp. Paris, Musée de l’Orangerie, 2021, p. 27).
La guerre est en effet une intense période de rapprochement pour le couple Magritte qui a failli se séparer peu avant l’invasion de mai 1940, la série de nus devenant ainsi comme un manifeste de l’amour renaissant. Et par ces déclinaisons de La Magie noire dédiées à Georgette, Magritte renoue aussi avec les réponses formulées pour l’enquête sur l’amour publiée le 15 décembre 1929 dans la 12e livraison de La Révolution surréaliste. Pour le peintre, seule la femme est en mesure de donner une réalité à l’espoir mis dans l’amour.

L’Ingénue symbolise à merveille cette recherche de l’amour et de la sensualité. Georgette est ici représentée avec un coup de pinceau rarement atteint par Magritte. Tandis que le velours de sa peau appelle au touché, ses yeux clos font aussi écho à l’intériorité du sentiment amoureux. Comme ils peuvent aussi marquer la pudeur en réponse à la présence légèrement salace des nombreux bilboquets anthropomorphes à queue de cochon. Atmosphère certes débridée mais tempérée par la rose qui incarne ici par sa couleur la douceur et la tendresse.
Est-ce cette symbolique de l’œuvre qui la rend si attachante ? Peut-être, car il est aussi important de souligner que L’Ingénue appartient depuis 1945 à la même famille, celle du renommé collectionneur belge Robert De Keyn qui soutenait les clients-artistes de son magasin bruxellois La Boule rouge, un endroit merveilleux avec d’innombrables tiroirs remplis de pigments de couleur. De Keyn fréquentait alors les salles de vente locales et les galeries d’art parmi lesquelles Lou Cosyn et Saint-Laurent. De Keyn achète L’Ingénue, ainsi que La Vie heureuse, lors de la très importante exposition surréaliste organisée en 1945 par Magritte lui-même à la Galerie des Editions de La Boétie, confirmant ainsi son soutien à l’artiste dont il possédait aussi Le Miroir universel (1938-1939), Le Bonheur des Images (1943) et Le Carnaval du Sage (1947).