
Max Ernst belongs to that category of painters who also produced remarkable works in sculpture. His creations as a sculptor are almost secretly intertwined with his painted and graphic work since 1913, and often influenced by the places where he was living. In a moving memoir, Julien Levy recounts how Ernst, during the summer of 1944 in Great River - Long Island, was busy making a chess set with all sorts of shells, tools and kitchen utensils, while working on his large sculpture Le Roi jouant avec sa reine. This use of simple and recycled materials reminds one of Ernst's Dadaist past as much as his love of the organic, already present in his painting though the use of driftwood or shells. (Julien Levy, "Un été à Long Island", in Hommage à Max Ernst, special issue of the Revue XXe siècle, 1971, pp. 60-62)
It is no coincidence then that Ernst once declared about sculpture: "I feel I am on holiday. Painting is like a game of chess: you must devote yourself completely to it. You live in a state of concentration that is almost intolerable. But with sculpture I can relax. It amuses me in the same way that I used to enjoy making sandcastles on the beach when I was a little boy". (quoted in Werner Spies, Max Ernst: Skulpturen, Häuser, Landschaften, Düsseldorf, 1998, pp. 296-298).
It was during his 1934-35 Parisian period that Ernst first imagined a group of standing bronze figures, his first encounter with a technique that would shape, among others, La Belle allemande and Les Asperges de la lune. He returned to this medium during his sojourn at Great River, where his experiments naturally led him to produce bronze editions. It was here that Ernst created a veritable sculpture garden which led Juliane Lévy to exclaim: "Here suddenly, Max became the greatest sculptor of the modern world".
Ernst continued these plastic experimentations when he moved to Sedona Arizona with Dorothea Tanning. There the impressive natural environment, the Grand Canyon and the Mesas, led him into much larger formats, including the emblematic Le Capricorne, which he initially made in cement. This period confirms the artist’s obsessions with the vertical, tree, axis or column, and with of course the world of microbes and pseudopods which often manifested itself in the circled, horned or conical forms and volumes. (René de Solier, "Max Ernst sculpteur", in Hommage à Max Ernst, special issue of the Revue XXe siècle, 1971, pp. 127-131)

The peculiar universe Max Ernst had created in Sedona pursued him and remerged in 1954 when back in France he began to rearrange an old farmhouse in Huismes in the Loire Valley. There he very naturally recreated his totems, his elves, and all the elements of that singular world he had fashioned in the great American West. La Plus belle belongs to the nine free-standing monumental sculptures that Ernst made in Huismes and sums up his entire plastic universe: verticality, the idea of an assemblage which seems at first fortuitous, the allusion to totems, and the circled-shaped faces simplified to the extreme. La plus belle was first conceived in limestone in 1967 and, as Dorothea Tanning recalled, took more than 600 hours of work for Ernst to complete. It was exhibited in 1968 at the Galerie Iolas, boulevard Saint Germain, where it was presented as a counterbalance to another group of sculptures, Corps enseignant pour une école de tuteurs. The three works in this sculptural group were arranged as a hedge of honour leading up to La plus belle which stood alone, set majestically against a dark background. The massive figures contrasted with the feminine elegance of La plus belle. As a totemic figure with extremely simplified forms, La plus belle, while borrowing from the canons of primitive Cycladic statuary, stands out as one of the most iconic examples of surrealist sculpture. An homage from the artist to his lover Dorothea Tanning this model was later cast in bronze. The version in André Mourgues' collection was reserved for Alexandre Iolas and executed in 1974. La Plus belle stands as one of the strongest artistic testimonies to Iolas and Ernst’s relationship. The artist would die two years after this sculpture was cast.
Although it remained virtually secret for quite some time, Max Ernst's sculptural production is today recognized as an essential part of his oeuvre, aligning him with the great sculptors of the 20th century such as Giacometti, Brancusi and Archipenko, with whom he shared a unique sense of verticality and purity.

Max Ernst appartient à la catégorie des peintres qui ont également donné naissance à d’extraordinaires sculptures. Son travail de sculpteur ponctue ainsi son œuvre, en secret, depuis 1913 et, le plus souvent, jalonne ses lieux de vie. Dans un très beaux texte-souvenir, Julien Levy raconte comment Ernst, le temps de l’été 1944 à Great River - Long Island, s’est occupé à fabriquer un jeu d’échecs, avec toutes sortes de coquilles, d’outils et d’ustensiles de cuisine récupérés, tout en travaillant à une grande sculpture Le Roi jouant avec sa reine. Le passé dadaïste de Ernst surgit lorsqu’il use d’instruments aussi simples, de récupération, tout comme domine son amour de l’organique, déjà présent dans sa peinture avec les bois flottés ou les coquillages (Julien Levy, "Un été à Long Island", in Hommage à Max Ernst, numéro spécial de la Revue XXe siècle, 1971, pp. 60-62).
Ce n’est pas pour rien qu’un jour Ernst déclarera qu’avec la sculpture, "Je sens que je suis en vacances. La peinture ressemble à un jeu d’échecs : vous devez vous y consacrer complètement. Vous vivez dans un état de concentration qui est presque intolérable. Mais avec la sculpture, je puis me détendre. Elle m’amuse de la même façon que je m’amusais lorsque je faisais des châteaux de sable, sur la plage, quand j’étais petit garçon." (cité in W. Spies, Max Ernst : Skulpturen, Häuser, Landschaften, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf, 5 septembre-29 novembre 1998, pp. 296-298).
C’est durant sa période parisienne de 1934-1935 que Ernst initie un groupe de figures debout en bronze, sa première rencontre avec cette technique qui génère, entre autres, La Belle allemande et Les Asperges de la lune. Le retour à cette méthode se fera justement pendant ses vacances à Great River dont les expérimentations vont trouver, comme dérivé naturel, le bronze. C’est dans cet endroit que Ernst crée tout un jardin de sculptures, qui fera dire à Julien Lévy : "Max est devenu là soudain le plus grand sculpteur du monde moderne".
Ernst continue de creuser cette veine lorsqu’il s’installe à Sedona avec Dorothea Tanning où l’environnement naturel grandiose, près du grand Canyon et les Mesas, l’entraîne dans des formats gigantesques avec, pour emblème Le Capricorne qu’il réalise dans un premier temps en ciment. Cette période confirme « le penchant de Ernst pour l’obsession de la verticale, du grand arbre, axe ou colonne, et toujours bien sûr la présence des germes, des pseudopodes qui augmentent le volume des formes cerclées, cornues ou coniques ». (René de Solier, "Max Ernst sculpteur", in Hommage à Max Ernst, numéro spécial de la Revue XXe siècle, 1971, pp. 127-131).
L’univers créé à Sedona suit Max Ernst lorsqu’il commence à aménager, dès 1954, une vieille ferme à Huismes dans la Vallée de la Loire où s’installe très naturellement ses totems, ses lutins, son monde singulier créé dans le grand Ouest américain. La Plus belle compte parmi les neuf sculptures monumentales autonomes que Ernst exécuta à Huismes. Tout son univers s’y retrouve : la verticalité, l’idée d’un assemblage au premier abord fortuit, l’allusion aux totems et, enfin, un visage à la forme cerclée, simplifié à l’extrême. La Plus belle fut d’abord conçue en calcaire en 1967 et, ainsi que le relate Dorothea Tanning, demanda plus de 600 heures de travail à Ernst. Elle fut exposée dès 1968 à la galerie Iolas, boulevard Saint Germain, dès 1968, où elle répondait à un autre groupe de sculptures, Corps enseignant pour une école de tuteurs. Les trois œuvres de ce groupe sculpté étaient disposées de manière à former une haie d’honneur menant à La plus belle, laquelle s’imposait, isolée et majestueuse, se détachant sur un fond sombre. La présence ramassée et massive des trois sculptures contrastait avec l’élégance féminine de La Plus belle. Figure totémique aux formes simplifiées à l’extrême, La Plus belle, tout en empruntant aux canons de la statuaire primitive cycladique, s’impose comme l’une des plus iconiques exemples de sculpture surréaliste. Hommage de l’artiste à sa muse Dorothea Tanning, ce modèle donna ensuite lieu à une édition en bronze, l’exemplaire de la collection d’André Mourgues a été réservé pour Alexandre Iolas et tiré en 1974. La Plus belle devient en quelque sorte l’un des symboles les plus forts de la relation Iolas-Ernst qui décède deux ans après avoir fondu cette sculpture emblématique.
Quoique resté longtemps presque un secret, l’œuvre sculpté de Max Ernst s’impose aujourd’hui comme un pan essentiel de son art, l’inscrivant dans la lignée des grands sculpteurs qui ont marqué le XXème siècle, tels Giacometti, Brancusi ou Archipenko avec lesquels il partage ce sens de la verticalité et de l’épure.