Peinture 130 x 89 cm, 8 juin 1959 is a rare and remarkable work from Pierre Soulages’s most sought after years. This period of the late 1950s was also a time in which the painter achieved international recognition, with exhibitions in renowned institutions such as the Stedelijk Museum in Amsterdam and the Solomon R. Guggenheim Museum in New York. Here, the material stretches, the pictorial layer unfolds with natural fluidity, over the entire surface of the canvas. Soulages skillfully plays on the contrasts between opacity and transparency, combining complex shades of red-brown and black. This exceptional work marks the culmination of research undertaken the previous month in the Peinture 129.5 x 88.6 cm, 22 mai 1959, housed at the Museu de Arte contemporanea da Universdad in Sao Paulo, Brazil. Produced at a time when the artist’s palette was darkening, the red background is here increasingly revealed from the lower to the upper part of the canvas with absolute fluidity and a delicate chromatic balance.

Pierre Soulages in his studio, 1954. © Photo : Denise Colomb / ADAGP Paris, 2021

This painting is perfectly representative of Soulages’s particular use of transparencies at the end of the 1950s, and announces his work of the following years. It is indeed part of the technique of scraping, or "transparency by uncovering". Pierre Encrevé explains the process: “on the prepared canvas (white primer), he places a layer of paint covering part or all of the canvas, on which he superimposes, one or more layers of different fresh colors. With flexible-blade spatulas […], he then uncovers part of the background: depending on the strength and the form of the movement, the scraping removes the paint down to the canvas, or only down to one of the intermediate layers: a subtle mixture occurs, and each time surprising for the painter himself, of the colors of the different layers; he thus discovers on the canvas infinite variations of color, new luminosities and unexpected colored intensities through black transparencies.”(P. Encrevé,“ Le noir et l'outrenoir ”, in Soulages: Noir Lumière, cat. exh. Musée d’art modern de la ville de Paris, 1996, p. 30). Here, black subtly reveals the underlying pictorial layer of a striking red-brown. This work is a masterful example of the scraping technique, practiced until 1963, and its chiaroscuro effects worthy of a Rembrandt. This canvas embodies Soulages's mastery of the possibilities offered by oil painting, as well as the power of his practice, imprinted with the grandeur of prehistoric and Romanesque art, which inspired him in his youth.

As always with Soulages, the date of the work is mentioned in the title after the technique and the dimension, as if to better remind us that the painting is made of space and time. He synthesized his work from 1948 by asserting that "painting is an organization of shapes and colors on which the senses that are attributed to it come to be made and unraveled, the viewer is the free and necessary interpreter". He thus eliminates any personal interpretation of his art, any attempt to explain a work that is construed as devoid of any reference to the outside world, removed from the dilemma between figuration and non-figuration. The experience of the painting is entirely governed by its internal dynamics. His art can be resumed by his words: "I do not depict. I do not relate. I do not represent. I paint, I present."

Displayed in 1960 in many European museums, including the Tate Gallery in London and the musée d’art moderne de la ville de Paris as part of a traveling exhibition dedicated to the collection of the Olympic champion Sonja Henie and her husband Niels Onstad, this work is part of a collection that brings together Fernand Léger, Paul Klee and Henri Matisse as well as Nicolas de Staël, Sam Francis and Hans Hartung. This remarkable history and this singular aesthetic make it an exceptional painting up for auction, painted at the peak of Soulages’s work. As synthesized by the master of the beyond-black, "the more limited the means, the stronger the expression".


Peinture 130 x 89 cm, 8 juin 1959 est une œuvre rare et remarquable des années les plus recherchées de Pierre Soulages. Cette période de la fin des années 1950 est également celle au cours de laquelle le peintre atteint une reconnaissance internationale, avec des expositions dans des institutions réputées telles que le Stedelijk Museum d’Amsterdam et le Solomon R. Guggenheim Museum de New York. Ici, la matière s’étire, la couche picturale se déploie avec une fluidité naturelle, sur toute la surface de la toile. Soulages joue habilement sur les contrastes entre l’opacité et la transparence, alliant les nuances complexes de rouge-brun et de noir. Cette œuvre exceptionnelle marque l’aboutissement des recherches entreprises le mois précédent dans la Peinture 129,5 x 88,6 cm, 22 mai 1959, conservée au Museu de Arte contemporanea da Universdad de Sao Paulo au Brésil. A une période où la palette du maître s’obscurcit, le fond rouge est ici dévoilé de façon croissante de la partie inférieure à la partie supérieure de la toile avec une fluidité absolue et un équilibre chromatique sensible.

Pierre Soulages, Peinture 130 x 89 cm, 8 juin 1959, Lot 4, Detail

Cette œuvre est parfaitement représentative de l’usage particulier des transparences par Soulages à la fin des années 1950, annonçant son travail des années suivantes. Elle s’inscrit en effet dans la technique du raclage, ou de la « transparence par découvrement ». Pierre Encrevé en explique le processus : « sur la toile préparée (apprêt blanc), il dispose une couche de peinture couvrant une partie ou la totalité de la toile, à laquelle il superpose, dans le frais, une ou plusieurs couches de couleurs différentes. Avec des spatules à lame souple […], il découvre alors une partie du fond : selon la puissance et la forme du mouvement, le raclage retirera la peinture jusqu’à la toile, ou seulement jusqu’à une des couches intermédiaires : se produit un mélange subtil, et chaque fois surprenant pour le peintre lui-même, des couleurs des différentes couches ; se découvrent alors sur la toile des variations infinies de couleurs, des luminosités nouvelles, et des intensités colorées inattendues à travers des transparences noires » (P. Encrevé, « Le noir et l’outrenoir », dans Soulages : Noir Lumière, cat. exp. Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Paris, 1996, p. 30). Ici, le noir vient subtilement dévoiler la couche picturale sous-jacente d’un rouge brun saisissant. Notre œuvre est ainsi un exemple magistral de la technique du raclage, pratiquée jusqu’en 1963, et de ses effets de clair-obscur dignes d’un Rembrandt. Cette toile incarne la maîtrise par Soulages des possibilités offertes par la peinture à l’huile, ainsi que la puissance de sa pratique, empreinte de la grandeur de l’art préhistorique et de l’art roman, qui l’ont inspiré dans sa jeunesse.

Comme habituellement chez Soulages, la date de l’œuvre est mentionnée dans le titre à la suite de la technique et des dimensions, comme pour mieux rappeler que la peinture est faite d’espace et de temps. Il synthétise son travail dès 1948 en affirmant que « la peinture est une organisation de formes et de couleurs sur laquelle viennent se faire et se défaire les sens qu’on lui prête, le spectateur en est le libre et nécessaire interprète ». Il évacue ainsi toute interprétation personnelle de son art, toute tentative d’explication d’une œuvre qui se construit de fait en dehors de toute référence au monde extérieur, éloignée du dilemme entre figuration et non-figuration. L’expérience du tableau est entièrement régie par sa dynamique interne. Son art est résumé par ses propos : "Je ne dépeins pas. Je ne raconte pas. Je ne représente pas. Je peins, je présente."

Présentée dès 1960 dans de nombreux musées européens, dont la Tate Gallery de Londres et le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris dans le cadre d’une exposition itinérante consacrée à la collection de la championne olympique Sonja Henie et de son époux Niels Onstad, cette œuvre s’inscrit alors dans une collection réunissant aussi bien Fernand Léger, Paul Klee et Henri Matisse que Nicolas de Staël, Sam Francis et Hans Hartung. Cet historique notable et cette esthétique singulière en font une toile exceptionnelle offerte au feu des enchères, exécutée à l’acmé de l’œuvre de Soulages. Comme synthétisé par le maître de l’outre-noir lui-même, « plus les moyens sont limités, plus l’expression est forte ».