拍品 159
  • 159

PROUST. LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À REYNALDO HAHN "MON PAUVRE PETIT BIRCHENIBUS". [CABOURG, 1ER OU 2 SEPTEMBRE 1907].

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4,000 - 6,000 EUR
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描述

  • Proust, Marcel
  • Lettre autographe signée à Reynaldo Hahn. [Cabourg, 1er ou 2 septembre 1907.]
  • ink on paper
2 p. et demie sur 2 feuillets in-4 (269 x 122 mm). Papier quadrillé à en-tête du Grand Hôtel de Cabourg. Adressée à "Mon pauvre petit Birnechnibus", elle est signée d’un dessin de mousquetaire de profil inversé.

Cette lettre fait suite à la précédente (voir lot 158).
"Mais que de fois par jour, que de fois par nuit mon cœur se fond à la pensée de Buninuls, que de fois je me blottis en lui et d'ailleurs toujours à quoi d'autre que je pense sa chère petite muninulserie et figure est à mon horizon et le compose".



Il évoque ensuite "la de Grey" -- Constance Gladys (1859-1917), sœur du 14e comte de Pembroke, épouse en première noce du 4e comte de Lonsdale puis du comte de Grey en 1885, croisée chez Mme Straus et Mme Lemaire --  dont il a reçu une lettre admirable. Il a été voir Jean-Édouard Vuillard (1868-1940), peintre qui servira avec Helleu de modèle à Elstir dans la Recherche, et se moque gentiment de ses tics de langage ("il dit bien ‘type’ une fois par vingt secondes mais c'est un être rare").
Il énumère les gens qu’il a vus : Defrein (le chanteur à la mode), Tristan Bernard, "charmant (habite avec Vuillard etc. etc.)", la comtesse René de Maupéou "qui chante jolies choses du poney qui m'ont ému même dans sa voix", Joncières "l'être le plus idiot que j'aie jamais vu".
Il a parlé de Reynaldo "avec la Soubreuse, la Clermont-Tonnerre (je me suis amusé à vous exagérer tellement en lui parlant de vous, que j'ai très bien senti qu'à la fin elle avait une impression de surnaturel). Seulement n'exprimez jamais devant elle un sentiment vulgaire ou une pensée médiocre. Ma réputation de perspicacité est à ce prix".
 
Il termine sa lettre sentimentalement comme il l’a commencée : "Venez vite sur mon cœur mon Buninuls venez et venez et genstillesses. Je crois que Nicolas boit, je suis horrifié. Asdieu et encore un bonsjour."
Proust avait passé l’été à Cabourg, depuis le début août et jusqu’à la fin septembre.



Références : Kolb, VII, n° 150. -- Hahn, n° XCIII, p. 145-147.