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Mallarmé, Stéphane -- Edgar Allan Poe

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80,000 - 120,000 EUR
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描述

  • Mallarmé, Stéphane -- Edgar Allan Poe
  • [Les Poèmes d’Edgar Poe et Notes sur le langage]. Manuscrits autographes. [Respectivement vers 1870-1875 et 1869]
  • ink on paper
Le seul manuscrit connu de la traduction de Mallarmé, au dos duquel on découvre son projet de thèse sur le langage.

152 p. sur 123 feuillets in-8 (environ 200 x 157 mm). Manuscrit de travail très raturé, nombreuses corrections, mots ajoutés entre les lignes, etc. Pour les Poèmes et les Scolies : encre noire, pagination séparée pour chaque pièce ; pour les "Notes sur le langage" : la plupart des textes au crayon, certains à l’encre noire ou bleue. Emboîtage de maroquin marron, titre doré, étui bordé et doublé (Reliure non signée d'Alix).



Traduction des Poèmes d’Edgar Poe (40 feuillets).
Cet ensemble important comporte le texte des 22 pièces suivantes : Stances à Hélène (2 ff.). -- Le Palais hanté (1 f.). -- Le Ver vainqueur (1 f.). -- Un Rêve dans un Rêve (1 f.). -- À quelqu’un au paradis (2 ff.). -- Lénore (3 ff.). -- Stances (2 ff.). -- Eldorado (1 f.). -- Un Rêve (1 f.). -- Israfel (3 ff.). -- Féerie (3 ff.). -- Le Lac (2 ff.). -- A la rivière (1 f.). -- Chanson (1 f.). -- À M.L.S. (2 ff.). -- À ma mère (1 f.). -- À M.L.S. (2 ff.). -- À F.S.O. (1  f.). -- À F. (2 ff.). -- Sonnet à la science (1 f.). -- Le Colisée (4 ff.). -- À Zante (1 f.). Tous ces textes sont complets, sauf pour : Le Palais hanté et Le Ver conquérant. Les autres poèmes manquent. Suivent Incipits (2 ff.) : 2 citations de Baudelaire à propos de Poe, probablement prévues comme incipit du volume mais non retenues (pages barrées d'un trait de crayon bleu).



Scolies, ou "Notes inédites sur Poe et ses Poèmes" (titre inédit au verso d’un des feuillets ; 83 feuillets).
Commentaires originaux de Mallarmé sur les poèmes de Poe. Texte presque complet (ne manque que le texte bref des Stances) : -- Signature (3 ff.). Cette note comporte un paragraphe non repris dans l’édition, à propos du portrait de Poe offert par S.H. Whitman que Mallarmé prévoyait de reproduire en plus de la signature du poète : "Mrs Sarah Helen Whitman, à propos de qui il sied de renvoyer le lecteur au paragraphe annotant le poème À Helen, m’adressa il y a trois ans une coupure opérée par elle dans un journal américain : 'C’est de tous les portraits de Poe le plus ressemblant à l’original, tel que je le vois encore' " (Œuvres complètes, II, note p. 1771-1772). -- Sonnet (9 ff). -- Notes sur les Poèmes (10 ff.). -- Le Corbeau (5 ff.). -- Stances à Hélène (4 ff.) -- Le Palais hanté (3 ff.), avec 2 becquets. -- Eulalie (1 f.). -- Le Ver vainqueur (2 ff.). -- Eulalume (8 ff). -- Un Rêve dans un Rêve (1 f.). -- À quelqu’un au paradis (3 ff.). -- Ballades de Noces (1 f.) -- Lénore (1 f.). -- Annabel Lee (3 ff.) -- La Dormeuse (1 f.). -- Les Cloches (5 ff.). -- Terre de songe (1 f.). -- À Hélène (6 ff.). -- Pour Annie (2 ff.). -- La Vallée de l’inquiétude et la Cité en la mer (2 ff). -- Romances et Vers d’album (12 ff.), dont La Romance et Israfel.



Quelques annotations au verso de certains feuillets, au crayon : titre Scolies" et plan de l’ouvrage : "Cul-de-lampe, table, Ex-libris, dédicace, table des poëmes […], Notes inédites sur Poe et ses Poèmes", etc.



Poe et Baudelaire sont probablement les auteurs qui ont le plus influencé Mallarmé. Il les découvre en même temps, le premier dans la traduction du second, vers 1860. A cette époque, il entreprend de composer une anthologie personnelle -- ses Glanes, dont le manuscrit est à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet -- des textes qui lui tiennent le plus à cœur ; il y copie des pièces de Baudelaire et, déjà, traduit neuf poèmes de Poe. Ces traductions sont à cette époque encore approximatives, plus littérales que littéraires, et souvent fautives : il avoue lui-même qu'elles ne sont encore "à l’Américain que ce que serait le squelette d’une jeune fille à la fille fraîche et rose". Sa passion pour Poe est telle qu'il décide d'apprendre l’anglais : "Ayant appris l’anglais simplement pour mieux lire Poe, je suis parti à vingt ans en Angleterre", écrira-t-il à Verlaine en 1885. Dans les années qui suivent, il tente vainement de placer dans des revues quelques poèmes traduits. Ce n’est qu’en 1872 que La Revue littéraire et artistique publie les premières traductions : c’est de ces années que date le présent manuscrit. En 1875, sa traduction du Corbeau paraît chez Lesclide, avec des lithographies de Manet, et ce n’est qu’en 1888 que Les Poèmes d’Edgar Poe sont édités, chez Edmond Deman, à Bruxelles. La traduction de Mallarmé n’est pas dépourvue d’erreurs, mais cela ne diminue en rien la qualité poétique de son ouvrage. Pour Le Corbeau, seul poème que Baudelaire traduisit, l'interprétation de Mallarmé, plus sèche et plus intellectuelle que celle de son illustre prédécesseur, se rapproche davantage des figures schématiques de Poe, l’auteur des Fleurs du Mal ayant ajouté plus d'effets personnels. Mallarmé est parvenu à se mesurer avec brio à Baudelaire, le dépassant même, d’une certaine manière, puisque Baudelaire avait renoncé à traduire les autres poésies d'Edgar Allan Poe.



Il n’existe pas d’autre manuscrit de la traduction des poèmes de Poe ni des Scolies. Très raturé, avec de nombreux ajouts, corrections, ce manuscrit présente de nombreuses variantes par rapport au texte publié (ces variantes sont éditées dans les notes de l’édition de référence, p. 1758-1779).



[Notes sur le langage, 1869-1870]. Au dos de 29 de ces feuillets se trouvent des "Notes sur le langage" (surtout au dos des feuillets suivants : À Hélène (2 ff.), Le Ver vainqueur (1 f.), À quelqu’un au paradis (2 ff.), Lénore (3 ff.), Un Rêve (1 f.), Féerie (3 ff.), Le Lac (2 ff.), À la rivière (1 f.), Chanson (1 f.), À … (2 ff.), À ma mère (1 f.), À M.L.S. (2 ff.), À F.S.O. (1 f.), À F. (2 ff.), Sonnet à la science (1 f.), Le Colisée (4 ff.).



Ces notes, qui constituent ce qu’on a appelé les "Notes sur le langage", représentent tout ce qui subsiste des projets linguistiques du poète dans les années 1869-1870. À cette époque, Mallarmé, malheureux dans sa carrière d’enseignant à Avignon, se décide à préparer une licence ès Lettres en vue d’obtenir un doctorat. A la fin de l’année 1869 puis à partir de janvier 1870, profitant d'un long congé jusqu’à la fin de l’année scolaire, il s’initie à la linguistique et envisage une thèse sur le langage ainsi qu’une thèse latine sur la divinité. Il abandonne momentanément l’écriture poétique et son long labeur en cours, Igitur, pour étudier, en solitaire, la linguistique. Son projet est d’établir un Discours de la méthode du langage : ayant découvert au centre des théories de Descartes la notion de fiction, même si ce terme n'est pas employé par le philosophe, Mallarmé décide de s’intéresser au langage, étant donné qu’il est le principal instrument de la fiction. "Nous n’avons pas compris Descartes", proclame Mallarmé, en ajoutant, ambitieux :"Il faut reprendre son mouvement, étudier nos mathématiciens".



Ces pages furent éditées par Edmond Bonniot en 1926 et 1929, sous les titres Diptyque et Diptyque II, en même temps que d'autres notes, et ainsi commentées : "D’analogues préoccupations linguistiques se feront jour plus tard, mais transposées dans un autre but, plus concret, avec les Mots anglais".



Exposition : Mallarmé, Musée Orsay 1998, cat. 35, ill. 25.



Références : Œuvres complètes, II, p. 723-787 pour les poèmes de Poe ; I, p. 504-512 pour la retranscription linéaire et p. 871-879 pour la retranscription diplomatique des "Notes sur le langage".



[On joint, du même :]
Diptyque II. Paris, Librairie de France, collection "Latinités", 1929.
In-12 à l’italienne. Broché.
Edition originale.
Tirage à 100 exemplaires. Un des 85 sur Hollande (n° 71).