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Mallarmé, Stéphane
估價
12,000 - 18,000 EUR
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描述
- Mallarmé, Stéphane
- Lettre autographe signée à Paul Verlaine.Besançon, le 20 décembre 1866.
5 pp. in-8 (208 x 135 mm), à l'encre bleue avec enveloppe timbrée à l'adresse de "Paul Verlaine rue de l'Ecluse, 26 à Paris Batignolles".
« Monsieur et cher poète. Permettez-moi de voir dans l'attention exquise que vous avez eue de m'envoyer votre volume, sans me connaître, autant qu'une sympathie littéraire, le pressentiment merveilleux d'une amitié ignorée. Vous êtes venu au devant d'un vœu de vous presser la main, que j'avais formé après la lecture de vos vers, dans le Parnasse." Mallarmé évoque son installation à Besancon : "Pour continuer des comparaisons spadassines (pardon ! mais voilà plus d'un mois que je n'ai fait une comparaison!) je vous dirai avec quel bonheur j'ai vu que de toutes les vieilles formes, semblables à des ferrailles usées, que les poètes héritent les uns des autres, vous avez cru devoir commencer par forger un métal vierge et neuf, de belles lames, à vous, plutôt que de continuer à fouiller ces ciselures effacées, laissant leur ancien et vague aspect aux choses [...] Et, de plus, j'aimerai tant à échanger contre votre offre autre chose que cette misérable lettre banale à laquelle je n'appose ma signature que pour trouver encore une fois un prétexte à vous serrer la main, bien du fond de mon cœur (et amicalement, vous l'acceptez ?) en attendant une bonne causerie, dans un meilleur temps [...] A présent je n'aurais que le courage de vous réciter tous les vers que je sais des Poëmes saturniens aimant mieux, tant que je suis hors de moi encore, me suspendre à la volupté qu'ils me donnent, que de l'expliquer. Vous aurez, après mon travail de ce livre, une vraie lecture, et jusque là, vous vivrez autour de moi comme mes amis absents. Votre tout dévoué Stéphane Mallarmé ».
« Monsieur et cher poète. Permettez-moi de voir dans l'attention exquise que vous avez eue de m'envoyer votre volume, sans me connaître, autant qu'une sympathie littéraire, le pressentiment merveilleux d'une amitié ignorée. Vous êtes venu au devant d'un vœu de vous presser la main, que j'avais formé après la lecture de vos vers, dans le Parnasse." Mallarmé évoque son installation à Besancon : "Pour continuer des comparaisons spadassines (pardon ! mais voilà plus d'un mois que je n'ai fait une comparaison!) je vous dirai avec quel bonheur j'ai vu que de toutes les vieilles formes, semblables à des ferrailles usées, que les poètes héritent les uns des autres, vous avez cru devoir commencer par forger un métal vierge et neuf, de belles lames, à vous, plutôt que de continuer à fouiller ces ciselures effacées, laissant leur ancien et vague aspect aux choses [...] Et, de plus, j'aimerai tant à échanger contre votre offre autre chose que cette misérable lettre banale à laquelle je n'appose ma signature que pour trouver encore une fois un prétexte à vous serrer la main, bien du fond de mon cœur (et amicalement, vous l'acceptez ?) en attendant une bonne causerie, dans un meilleur temps [...] A présent je n'aurais que le courage de vous réciter tous les vers que je sais des Poëmes saturniens aimant mieux, tant que je suis hors de moi encore, me suspendre à la volupté qu'ils me donnent, que de l'expliquer. Vous aurez, après mon travail de ce livre, une vraie lecture, et jusque là, vous vivrez autour de moi comme mes amis absents. Votre tout dévoué Stéphane Mallarmé ».
出版
Lettre reproduite dans Michael Pakenham. Paul Verlaine. Correspondance générale, I, 1857-1885, p. 103.
拍品資料及來源
Les deux hommes débutèrent ensemble au Parnasse contemporain. Le 22 novembre 1866, Verlaine lui adresse un exemplaire de ses premiers poèmes, les « Poëmes saturniens ». Cette lettre est la célèbre missive en réponse à cet envoi dans laquelle Mallarmé alors inconnu et professeur d'anglais à Besançon va laisser éclater toute son admiration. Bien des années plus tard, en 1884, dans Les Poètes maudits, Verlaine le fera figurer aux côtés d'Arthur Rimbaud et de Tristan Corbière. Les deux hommes seront toujours très proches.