PF1205

/

拍品 4
  • 4

Nicolas de Staël

估價
700,000 - 1,000,000 EUR
Log in to view results
招標截止

描述

  • Nicolas de Staël
  • Composition
  • huile sur toile
  • 194 x 129 cm; 76 3/8 x 50 3/4 in.
  • Exécuté en 1947.

來源

Acquis directement auprès de l'artiste et transmis par descendance au propriétaire actuel

展覽

Paris, Grand Palais, Salon d'Automne – Grandes œuvres russes des collections françaises, 1972 ; catalogue, p.24, illustré
Paris, Galeries nationales du Grand Palais, Nicolas de Staël – Rétrospective, 1981 ; catalogue, pp.42 et 143, no.22, illustré en couleurs
Londres, The Tate Gallery, Nicolas de Staël – Rétrospective, 1981 ; catalogue, no.22, illustré en couleurs
Saint-Paul, Fondation Maeght, Nicolas de Staël – Rétrospective de l'œuvre peint, 1991 ; catalogue, pp.18-51-183, no.12, illustré en couleurs
Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, Nicolas de Staël – Retrospectiva, 1991 ; catalogue, no.12, illustré en couleurs
Tokyo, Musée d'Art Tobu ; Kamakura, Musée d'Art Moderne ; Hiroshima, Musée d'Art, 1993 ; Nicolas de Staël (1914-1955) – Rétrospective ; catalogue, no.9, illustré en couleurs
Paris, Centre National d'Art et de Culture Georges Pompidou, Nicolas de Staël, 2003; catalogue, pp.45-47-75-228, no.39, illustré en couleurs
Lille, LaM (Lille Métropole, Musée d'Art Moderne, d'Art Contemporain et d'Art Brut), Lanskoy, Un peintre russe à Paris, 2011-2012

出版

Jacques Dubourg et Françoise de Staël, Nicolas de Staël, Catalogue Raisonné des Peintures, Paris 1968, Le Temps, p.90, no.118, illustré
Roger van Gindertael, Nicolas de Satël, Paris 1950, Peintres et Sculpteurs d'aujourd'hui, collection "Signe", no.3, p.10, illustré
Jean-Pierre Jouffroy, La mesure de Nicolas de Staël, 1981, Ides et Calendes, Neuchâtel, pp.10 et 127, no.48, illustré en couleurs
Pierre Granville, De Staël peintures, Paris, 1984, L'Autre Musée / La Différence, p.31, illustré en couleurs
Catalogue d'exposition : Fondation Pierre Gianadda, Martigny, Nicolas de Staël, 1995, pp.23-192, illustré
Françoise de Staël, Nicolas de Staël, Catalogue Raisonné de l'œuvre peint, Neuchâtel 1997, Ides et Calendes, pp.107-230, no.116, illustré en couleurs
Marie du Bouchet, Nicolas de Stael, Une illumination sans précédent, Découvertes Gallimard, Arts, Gallimard 2003, pp.43 et 117, illustré

Condition

The colours are accurate in the catalogue illustration, although contrast is more important in the original and colours are more vivid. The work is executed on its original canvas, not relined. The back of the painting is protected by a polycarbonate plate fixed on the stretcher. The tension of the canvas is correct despite slight deformations caused by thick impastos (up to 1cm thick). The pigment has homogenous shine, almost satin, as a result of the oil and not of a glaze. Only visible under close inspection, some thin cracks in the greens and dark browns show the preparatory white underneath without disrupting the legibility of the work. Under UV light, there is no evidence of any retouching. This work is in excellent condition.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."

拍品資料及來源

Sotheby's a l'honneur d'offrir en vente Composition de 1947, œuvre de format exceptionnel, témoignage d'amitié entre Nicolas de Staël et le frère Jacques Laval de la communauté des Dominicains du couvent Saint-Jacques à Paris.

Au courant des années 1940, Georges Braques reçoit régulièrement la visite de Nicolas de Staël. Le maître, « le Patron », écrira Jean Paulhan, s'apitoie sur le sort de ce jeune peintre qui meurt de faim et en qui il reconnait un talent certain. Braque invite ainsi son ami le père Jacques Laval à lui rendre visite.

La rencontre entre les deux hommes se fait en 1944. « Staël le reçoit dans son domaine, l'hôtel particulier de la rue Nollet, devenu le champ clos de son aventure. Une étrange atmosphère de désastre se dégage de ces enfilades de pièces vides : au rez-de-chaussée, plusieurs sont devenues inutilisables. Nicolas y prélève son petit bois sur les planchers et les bibliothèques. Il ne reste plus guère de portes de communication. Dans la cuisine, plusieurs hautes piles d'assiettes sales trônent dans un équilibre incertain sur une table d'appoint. Une odeur de tabac froid et de térébenthine s'est incrustée dans les boiseries. Dans le jardin, seuls deux ou trois arbres, avec leurs bras nus et noirs, rayent encore tristement l'espace. »¹. L'année suivante, en 1945, faute de moyen ayant permis de conserver l'installation rue Nollet, le père Laval se souvient, « dans sa chambre misérable, rue Campagne-Première, Nicolas de Staël peint son drap de lit, les murs. Il essuie ses mains sur sa veste, devient lui-même un gigantesque tableau. Pendant trois ans, je le suis dans sa démarche douloureuse. Son audacieux parcours. Je traverse sa solitude. Souvenir de ces heures de confiance, d'admiration, de lutte commune, d'effroi aussi. Il est différent des autres, il vient d'autre part. Fier, généreux, excessif, violent. L'envergure de ses ailes et le pointu de ses dents. Son acharnement. Sa cruauté envers lui-même. ... »². « Au milieu de cet abandon, il semble au père Laval que Staël « trimbale une atmosphère, une chaleur et une imprévoyance grandioses. » Il a la misère royale, continuant de parler avec passion alors même qu'il est sur le point de défaillir de faim. Il accepte le don d'un sandwich du même geste que pour se saisir d'une tasse de thé. Avec naturel et élégance, remerciant avec un sourire et continuant de parler de l'essentiel. Posséder ne l'intéresse pas. ... Lui et le père Laval ne parlent jamais de Dieu. Ils parlent peu, du reste, partagent des silences et se comprennent. Le prêtre se jure de faire connaître cette peinture et ses sortilèges. Le peintre s'attache à ce dominicain singulier qu'il vient voir régulièrement à bicyclette dans son couvent du Saulchoir d'Etiolles, à Corbeil, d'où l'on domine la Seine. ... « Plus tard, je serai au Louvre. » La phrase résonne encore dans la tête du père Laval. Chez tout autre, ces mots auraient paru non seulement déplacés, incongrus mais déments. D'où vient qu'il les a accueillis comme une évidence, lui, Laval, fils de la grande bourgeoisie, fin, cultivé, ami des plus grands ? »³.

Le frère Jacques Laval s'inscrit dans la tradition des frères dominicains qui s'intéressent à l'art contemporain en nouant des liens avec de nombreux artistes. « Infatigable découvreur de talents – [entre autres], Bazaine, Estève, Lapicque, Manessier, Poliakoff, Rezvani, Singier, Ubac ... – il sut sensibiliser son entourage avec passion incandescente. 'Passeur' d'espoir, carton à dessin à la main, empli de dessins, aquarelles, gouaches et gravures, il rendait visite à ses amis pour les inciter à acquérir, comme un bien précieux, le vecteur de la Connaissance que revêtait alors l'avènement de 'L'Ecole de Paris', tout en assurant la survie d'artistes encore peu ou prou connus. » (Extrait d'un hommage rendu au frère Jacques Laval par la Société des Amis des Arts au Musée de Reims, 1986).

Fort de son enthousiasme envers ses amis artistes, « un jour, le père Laval se fait prêter une camionnette à gazogène, passe rue Nollet, embarque Staël et quelques toiles : 'Venez, on va monter une expo sauvage au couvent ! Il faut que les Dominicains découvrent votre peinture.' Au couvent d'Etiolles, c'est la consternation. Les dominicains passent devant les toiles avec circonspection, les lèvres pincées, et se regardent avec gêne. Finalement, le supérieur s'approche du père Laval et l'admoneste : 'Tout cela pourrait nous faire passer pour des idiots à Paris. Soyez gentil de remballer ça immédiatement ! »⁴.
Dans ses années-là, la réaction est fréquente que « les amateurs, effrayés par ses tableaux, parlent de boue, d'accident de voiture ! »⁵.

En 1946, la signature d'un contrat avec le marchand d'art parisien Louis Carré va permettre d'éloigner progressivement les soucis matériels de l'artiste et sa famille. Au mois de janvier 1947, après avoir connu des successions de lieux de travail et d'habitations exigus, Nicolas de Staël trouve enfin, rue Gauguet, un atelier à sa taille où il s'installe avec Françoise sa nouvelle femme. L'atelier rue Gauguet est un endroit rêvé pour les peintres : il s'élève sur 8 mètres de hauteur, dispose de 6 mètres de largeur et 10 mètres de longueur. Nicolas de Staël trouvera là les dimensions à la mesure d'un grand souffle. Un luxe d'espace est alors disponible, permettant de reculer pour voir de loin et établir une distance vis-à-vis des nouvelles créations.

Composition est ainsi exécutée dans ce nouveau contexte propice au travail. Elle est peinte sur une toile dont le format 120 Figure est le plus grand qu'il était possible de se procurer auprès des fournisseurs à l'époque. Précisément quatre tableaux du même format (tous les quatre réalisés en 1955) et douze autres de formats plus grands (réalisés entre 1946 et 1955) sont répertoriés dans le catalogue raisonné des œuvres de l'artiste.

Composition de 1947 se range d'emblée parmi les œuvres les plus rares de l'artiste. Avant 1947, Nicolas de Staël n'a conservé et peut-être même réalisé qu'un seul tableau de plus grandes dimensions : Composition en noir (1946, CR67) actuellement conservé dans la collection du Kunsthaus à Zurich. Il faut attendre 1949, pour voir un nouveau tableau de grand format, Rue Gauguet (1949, CR199), rangé depuis dans la collection du Musuem of Fine Arts à Boston, puis attendre encore 1950 et 1951 pour voir trois nouvelles compositions, dont Les toits (1951-1952, CR325) le célèbre tableau offert par Jean Bauret - l'un des fidèles amateurs de l'artiste - au Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, à Paris.

Formellement, Composition de 1947 est un tour de force qui synthétise et anticipe toutes les manières de peindre de l'artiste au cours des années 1940. « L'adoption du vocabulaire abstrait s'est marqué en 1942-1943 par les dentelures et les lanières, enrobées dans une palette sombre ; il s'agit là d'un parti général complexe et hermétique, partiellement emprunté, d'une base de travail dont les vicissitudes dureront bien quatre ou cinq ans. La toile est un réseau d'incompatibles : obliques paralysées, lancées engluées, flammes figées, énergies entrelacées et immobiles, ou tout simplement touches sans assiettes, où la forme devient le fond et réciproquement. Dès 1944 s'affirme la finesse des liserés, le charme des nappés, une espèce de succion de la couleur qui produit des épaisseurs givrées ou beurrées, déjà caractéristiques. Du gris au noir avec des éclairs jaunes et bruns, et de moins en moins furtivement des rouges. » ⁶.

« On voit dans les toiles de cette époque 44, 45, 46, le dessin rentrer de plus en plus et la matière monter en épaisseur. ... La couleur va du noir au gris-verts, aux verts sombres, aux terres grises, aux noirs-verts, la lumière sort de la toile par couteaux. Un jaune, un bleu, un rouge qui sortent par le tesson d'un vitrail. Des feux de dessous font monter leurs braises autour des formes noires et déjà le poids des formes aiguise des arêtes de lumière. La matière est veloutée et riche comme la surface des hautes mers. »⁷.

A partir de 1946, la toile s'affranchit du carcan géométrique et de l'architecture structurée, pour laisser s'épanouir une dynamique du jaillissement. Les couleurs sont encore étendues à l'aide d'une brosse, les traces caractéristiques de la truelle n'apparaissant qu'en 1949. Le père Jacques Laval lui-même « s'étonne de l'épaisseur de la pâte qu'il écrase sur ses toiles, de la démesure de leurs dimensions. Les lignes tournent cassent, heurtent. Formes chaudes, brillantes, humides, râpeuses. Atmosphère de forêt vierge. »⁸.

Les fabuleuses nuances que Staël sut donner aux gris ont fasciné plus d'un commentateur. Son ami Pierre Lecuire les jugeait « ... uniques dans toute la peinture actuelle. Uniques en raffinement, en variété, uniques de substances, de profondeur, uniques pour la multiplicité des combinaisons où le peintre les fait entrer...».


Le titre du tableau, Composition de 1947,  donne suite aux titres imagés que Nicolas de Staël avait pris l'habitude de donner à ses œuvres : Casse lumière (1946), La vie dure (1946, Collection du Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris), De la danse (1946, Collection du Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris), Peinture, Vent de bourre, Vent debout (1945-1947, Collection du Museum of Modern Art, New York). Des titres évocateurs qui disparaissent devant la laconique «composition». Nicolas de Staël dit en 1950 à ce sujet : « Les titres, ah, là, là! Pas d'idée littérairement traduisible ...dominant d'un bout à l'autre le tableau ... ».


Composition de 1947 s'inscrit sans appel parmi les chefs d'œuvres historiques de l'artiste. L'épaisseur des couches picturales accumule l'histoire de cette œuvre dont le fond sert en quelque sorte d'inconscient au tableau: l'amitié entre le père Jacques Laval et Nicolas de Staël, l'amitié entre les hommes.

¹ Laurent Greilsamer, Le Prince Foudroyé, la vie de Nicolas de Staël, Fayard, 1998, pp.136-137
² Jacques Laval, Un homme partagé, Paris, Julliard 1978, p.153
³ Laurent Greilsamer, op.cit.
Laurent Greilsamer, op.cit.
⁵ Jacques Laval, op.cit.
⁶ André Chastel, L'impatience et la jubilation, 1972, in Françoise de Staël, Nicolas de Staël, Catalogue Raisonné de l'œuvre peint, Neuchâtel 1997, Ides et Calendes, p.49
in Bibliographie, Françoise de Staël, Nicolas de Staël, Catalogue Raisonné de l'œuvre peint, Neuchâtel 1997, Ides et Calendes, p.102
⁸ Jacques Laval, op.cit.

COMPS :
Nicolas de Staël dans l'atelier rue Gauguet, 1947 © D.R.
Nicolas de Staël, 1947 © D.R.
Nicolas de Staël, De la Danse, 1946, huile sur toile, 195,5 x 114,5 cm, Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris
Nicolas de Staël, Les Toits, 1952, huile sur isorel, 200 x 150 cm, Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris