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Jean-Michel Basquiat
描述
- 尚·米榭·巴斯基亞
- Bird of Paradise
signé et daté 84 au dos
acrylique, acrylique dorée, crayon à l'huile et papiers collés sur toile
- 152,5 x 121,5 cm; 60 x 47 7/8 in.
來源
Vrej Baghoomian, New York
Larry Gagosian Gallery, New York
Vente: Sotheby's, Londres, 30 mars 2000, lot 54
Collection particulière, New York
展覽
出版
Condition
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拍品資料及來源
Jean-Michel Basquiat, Joueurs de trompette, 1983n The Broad Art Foundation, Santa Monica © Estate of Jean-Michel Basquiat
Bird with Strings, 30 novembre 1949 (Just Friends Session), Mercury Studios New York. De gauche à droite: Buddy Rich, Ray Brown, Charlie Parker, Mitch Miller, Max Hollander et Milt Lomask. © D.R.
Jean-Michel Basquiat (à gauche), jouant de la clarinette au sein du groupe Gray, en 1979. © D.R.
Au premier regard, Bird of Paradise, se présente comme un tableau au sujet musical, dominé par le portait du saxophoniste Charlie Parker (1920-1955), son saxophone et le grand disque au centre de la composition. Le titre même de cette œuvre est une référence directe au roi du «Bop», puisqu'il est le surnom sous lequel les admirateurs de Parker le citaient. Et pourtant, au début des années 1980, époque de la conception du tableau, le jazz n'était plus particulièrement en vogue et même si Basquiat en écoutait, ses goûts musicaux le guidaient vers des genres plus contemporains, comme le «noise rock» du groupe Gray dont il faisait partie.
Pourtant les références à de fameux musiciens de jazz sont nombreuses dans ses œuvres et en particulier à Charlie Parker. Celui-ci est une des sources d'inspiration fondatrice de l'imagerie du peintre pendant toute sa carrière. Bird of Paradise représente non seulement un des résultats les plus accomplis sur ce sujet mais est aussi révélateur des raisons profondes de l'attraction exercée par le saxophoniste sur le peintre, qui éclairent les sources plus profondes de sa création artistique.
Dominé par les trois éléments principaux que sont le musicien, le disque et le saxophone; le tableau est en effet constellé d'une multitude d'inscriptions et images, émergeant du fond de la toile, en partie effacées, déchirées ou couvertes par la peinture, parfois réitérées, comme des traces d'une mémoire indistincte mais présente. Elles renvoient toujours au jazz et répertorient les musiciens plus fameux des années quarante et cinquante, les formations musicales, les dates des concerts les plus célèbres, et font souvent référence directement à des couvertures de disques connus .
Ces inscriptions parlent surtout des moment les plus intenses de la vie de Charlie Parker, exprimés en éclats syncopés et fragmentaires, comme les notes de sa musique: on y retrouve l'adresse où il vivait dans son enfance (Olive Street, Kansas City) et le nom de sa mère (Addie Parker). La ville est un lieu de perdition à l'époque, capitale du jeu, de la drogue, de la prostitution et du trafic d'alcool. Le nom de la mère du musicien, renvoyant au passé est une référence à la période de ségrégation raciale que connut les Etats-Unis. Deux thèmes qui abondent dans l'œuvre de Basquiat et avec lesquels il construit son histoire personnelle. Une référence au 3 Deuces, 52nd Street, apparaît également sur la toile: c'est un club de New York dans lequel Charlie Parker, en quintet avec Dizzie Gillespie, connut son apogée après-guerre. Surgit encore le titre d'un morceau célèbre (Relaxing at Camarillo) du saxophoniste, composé en mémoire du State Mental Hospital de Camarillo, Californie, hôpital psychiatrique où Charlie Parker est interné pendant six mois à la suite d'une grave crise de nerfs exacerbée par l'addiction aux drogues et à l'alcool. Enfin, une indication indirecte mais très précise à la mort prématuré de Parker est également visible, avec la référence à la «Baroness Pannonica de Koenigswarter». Celle-ci est une personnalité excentrique, mécène et protectrice des jazz-men newyorkais de l'époque. C'est surtout dans son appartement que le saxophoniste termine le parcours d'une vie fulgurante et comblée de création.
Une vie dans laquelle Basquiat peut retrouver plusieurs éléments d'une troublante similitude avec la sienne, tout en fuyant une facile identification. Charlie Parker n'est pas le modèle dont l'artiste s'inspire, mais ils se retrouvent tous deux simplement sur un même chemin tracés par les mêmes fils conducteurs: le foudroyant succès atteint à un jeune âge, l'affirmation contre les préjugés de la race, la créativité innée qui dépasse toute formation académique, la capacité d'absorber et réinventer la tradition artistique, la recherche de l'intensité la plus extrême dans chaque instant de la vie. Ces thèmes résonnent chez Basquiat par le biais de la musique du saxophoniste.
Le tableau n'offre pas une description, une histoire, il se caractérise plutôt comme une apparition d'une image transcendante. Le disque au premier plan, étrangement de la même couleur que la peau des deux artistes, semble figurer un trou noir qui absorbe toute la réalité qui l'entoure, pour révéler une scène présentée comme une évocation.
L'or couvre le profil diaphane et fantasmagorique du musicien, dont le profil renvoie à une image qui a perdu sa consistance terrestre et se caractérise par un sourire extatique , un regard sans objet. L'or, préservant l'immortalité, transfigure l'artiste et le produit de son énergie créative, symbolisé par le saxophone : Bird of Paradise est bien le titre d'une pièce musicale, mais Bird est aussi le surnom de Charly Parker, et Basquiat paraît ici convoquer l'image du musicien de son paradis personnel.
Le thème Bird of Paradise est la réinterprétation par Parker de sa chanson préférée – All the Things You Are – qu'il appelait avec l'acronyme (autre passion commune avec Basquiat) YATAG des mots « you are the angel glow » qu'on trouve dans la partie B. Cette référence est peut-être inconsciente chez le peintre, mais il n'y a pas pourtant de description plus efficace de son tableau.
Les premiers trois lignes de All the Things You Are, chanson simple et romantique, pourraient être l'emblème de la vie de Charlie Parker et aussi de celle de Basquiat :
Time and time again I've longed for adventure
Something to make my heart beat faster
What I did long for, I never really knew