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拍品 14
  • 14

Joan Mitchell

估價
550,000 - 750,000 EUR
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招標截止

描述

  • Joan Mitchell
  • Rufus's Rock
  • signé; signé au dos
  • huile sur toile
  • 194,6 x 130 cm; 76 5/8 x 51 1/8 in.
  • Exécuté en 1966.

來源

Xavier Fourcade Gallery, New York
Martha Jackson Gallery, New York
Collection particulière, New York
Edward Tyler Nahem Fine Art, NY
Collection particulière, Etats-Unis d'Amérique

展覽

Austin, University Art Museum of the University of Texas, Painting as Painting, 1968
Los Angeles, Manny Silverman Gallery, Joan Mitchell, 2010

出版

Patricia Albers, Joan Mitchell: Lady Painter, A Life, New York, 2011, p.303

Condition

The colours are fairly accurate in the catalogue illustration, although the image does not convey the texture of the surface of the work and the contrast is more important in the original. The work is executed on its original canvas, protected on the back by a fabric gaze. All due to the artist's process and only visible under very close inspection : 1. few very superficial paintlosses: - 1 located 39 cm from the right edge and 52 cm from the upper edge - 1 located 32 cm from the right edge and 61 cm from the upper edge - 1 located 73 cm from the right edge and 74 cm from the upper edge - 1 located 41 cm from teh right edge and 93 cm from the upper edge 2. few hairline cracks to the blue impasto This work is in very good condition.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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拍品資料及來源

En 1959, Joan Mitchell part définitivement de New York pour vivre en France et rejoindre Jean-Paul Riopelle. Depuis ses études en 1945 en France auxquelles ont suivi plusieurs allers retours, s'est éveillé en elle un profond intérêt pour la peinture européenne. L'évolution la plus importante de sa propre peinture étant sans aucun doute son approche des figures clés du Modernisme classique : Vincent van Gogh, Claude Monet et Paul Cézanne. A son arrivée en France, l'artiste est très active et participe à de nombreuses expositions internationales d'envergure, comme la Documenta à Kassel en Allemagne ou la Biennale de Sao Paulo au Brésil. Elle gagne aussi en 1962 le prestigieux Prix Lissone à Milan et participe la même année à de formidables expositions de groupes, dont l'inoubliable American Abstract Expressionists and Imagists au Solomon R. Guggenheim Museum à New York qui faisait un état de la peinture américaine en présentant entre autres les œuvres de Barnett Newman, Mark Rothko et Clyfford Still.

Le couple Mitchell-Riopelle passait régulièrement ses étés à Golfe-Juan dans le sud de la France. Leurs familles et amis séjournaient avec eux, notamment Pierre Matisse et sa femme, les filles de Riopelle mais aussi Rufus Zogbaum, le fils du sculpteur Wilfred Zogbaum, un ami de Joan, à qui se réfère certainement le titre de l'œuvre Rufus's Rock. Tous se retrouvaient autour de la piscine Chez Margot, un café incontournable à Golfe-Juan où leur base était installée. Ils partaient pour de longues croisières, en Corse, le long de la côte Adriatique et vivaient tous les plaisirs de la mer : la pêche aux oursins, baignade en eau profonde, sensation d'apesanteur exquise.

Rufus's Rock, exécuté en 1966, est caractéristique des œuvres réalisées au milieu des années 1960. Elle oscille entre deux séries qui se confondent l'une et l'autre, Calvi et les Black paintings. Durant la période Calvi, Joan Mitchell pense notamment aux arbres et se souvient en particulier des cyprès qu'elle a pu observer là-bas en Corse. Ces grandes masses compactes, allongées ou arrondies, souvenirs toujours vivant des arbres de l'Antiquité : Calvi (1964) et Blue Tree (1964), aux côtés de Rufus's Rock, forment un ensemble exceptionnel de l'art que Mitchell imagine dans ce décor méditerranéen. A côté de cette puissance solaire, se développent les Black paintings, animées par les forces souterraines de l'artiste. Joan fait alors face à une série de drames intimes et personnels très douloureux : la maladie de sa mère, la disparition de son père (1963) et celle de ses amis Franz Kline (1963) et Frank O'Hara (1966). Les œuvres de ces deux séries se composent autour d'un amas dense et sombre, duquel aucune lumière ne semble transparaître. Comme si l'artiste avait voulu peindre quelque chose d'impénétrable, la force d'un typhon ou un rocher inébranlable. Le grand format de Rufus's Rock sert aussi cette idée d'une composition impénétrable.

Les œuvres de Joan Mitchell vibrent au bord du désordre. Dans Rufus's Rock, le bleu, le vert et le fuchsia semblent engagés dans une bataille ou dans une danse, dont les mouvements ont donné naissance aux traînées et aux coulures, filets, larmes, qui s'étendent jusqu'au bas du tableau. De l'amas central la matière irradie et converge dans un enchevêtrement suspendu dans l'espace. Les coups de pinceau, de direction et d'intensité toujours différentes, font naître une poussière cosmique de taches et d'éclaboussures dont la manière rappelle l'Expressionnisme abstrait de Pollock ou de Kooning.

« Joan Mitchell ne peignait ni les choses ni elle-même mais les sentiments qu'elle avait des choses – des feelings en anglais. ... Ses peintures sont des peintures de l'émotion ou des sentiments que produisent choses, êtres et lieux. ... Cette notion de feeling est cruciale pour appréhender sa peinture. ... Les titres des peintures, donnés après coup, tentent de capturer et de suggérer cette complexité : ils ne parlent pas d'un endroit ou d'un évènement identifiables mais d'une expérience complexe, d'un territoire, d'un nom propre, de la peinture, d'un entrelacement de sensations, d'affects, d'attachements ... . »¹

Rufus's Rock évoque directement le prénom du jeune Rufus Zogbaum mais à la fois les côtes rocheuses découpées de la méditerranée. La forme peinte au centre du tableau s'apparente à certains cyprès, arbres des cimetières, symbole du deuil dans le monde méditerranéen et semble même figurer les contours d'un crâne et dessiner les orbites des yeux et d'une bouche. Hommage funèbre aux proches disparus, vanité et miroir de l'existence terrestre, vide, vaine et précarité de la vie humaine. Rufus's Rock fait partie des œuvres de Joan Mitchell dans lesquelles émanent vibrations et pulsations, énergie et sensibilité, drames et tendresses, joies et mélancolies, blessures et harmonies, cris et chuchotement, ardeur et quiétude. Rufus's Rock dévoile les troubles du cœur, les désirs et les nostalgies de l'artiste.

¹. In catalogue d'exposition : Joan Mitchell, La pittura dei due mondi / La peinture des deux mondes, 2009, Skira, Yves Michaud, Joan Mitchell, l'expressionnisme abstrait et le feeling, p.101


COMPS :

Joan Mitchell, Calvi, 1964, huile sur toile, 243,8 x 198,1 cm, Collection particulière © D.R.

Joan Mitchell, Untitled (Cheim some bells), 1964, huile sur toile, 213,4 x 198,8 cm, collection John Cheim © D.R.

Hans Namuth, Jackson Pollock painting, 1950 © Hans Namuth

Jean-Paul Riopelle, Joan Mitchell et une amie assis au café Chez Margot à Golfe Juan © D.R.