

Dessinée avec un trait d’encre sûr et fluide, l'image du nu couché au recto de la présente œuvre est d'une pure sensualité à l’instar des odalisques d'Ingres et de Matisse. La fleur, centre de la composition, est entourée par les lignes serpentines des seins de la figure féminine, de ses yeux et de ses lèvres surdimensionnées. Au verso, la figure féminine se tord dans l'extase et la figure masculine, serrant le visage de la femme entre ses deux mains, peut être assimilée à l'artiste vieillissant souhaitant retrouver les émotions sensuelles de sa jeunesse. Les contorsions de la figure, dont le profil acéré ressemble à celui de Jacqueline, rappellent aussi certaines des représentations les plus sensuelles de Picasso de la voluptueuse Marie-Thérèse des années 1930. Dans les années 60 et 70, l’enchevêtrement des traits de ses maîtresses est au cœur de son œuvre et reflète le conflit qui a marqué leur relation. L'artiste isole les éléments de son sujet qui le fascinent le plus, et les représente avec une liberté et une spontanéité caractéristiques de son œuvre tardive. La saisissante frontalité de ces deux dessins incarne la conviction de Picasso : " L'art ne peut être que érotique".