Lot 15
  • 15

CENDRARS. LE PANAMA. RÉUNION DE 4 MANUSCRITS AUTOGRAPHES (138 P.) + ÉPREUVES CORRIGÉES + PORTRAIT PAR HAYDEN

Estimate
30,000 - 40,000 EUR
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Description

  • Cendrars, Blaise
  • Le Panama ou Les Aventures de mes sept Oncles. Les quatre manuscrits du Panama. Manuscrits autographes. [1912-1918].
Ensemble de 138 feuillets autographes in-4, dont une lettre (seuls 4 feuillets sont de la main de Féla Poznanska, sa femme) et 39 feuillets d’épreuves corrigées, un portrait au crayon de Cendrars par Hayden (277 x 215 mm) et 3 cartes de réseaux ferroviaires, l’ensemble monté sur onglets et relié en un volume in-4 (302 x 250 mm), plein maroquin rouge janséniste, doublure et gardes de daim gris perle bordées d’un listel de maroquin rouge, tranches dorées sur témoins, chemise et étui (J.-P. Miguet). Toute la genèse du Panama, de la toute première ébauche aux épreuves corrigées, accompagnée d’un portrait de Cendrars au crayon par Henri Hayden. Commencé en octobre 1912, en même temps que La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, et achevé en juillet 1914, ce poème ne fut publié, en raison de la guerre, que le 15 juin 1918 aux éditions de la Sirène. “Avec ses 516 vers, Le Panama est le dernier, le plus long et le moins connu des trois grands poèmes narratifs que Cendrars a réunis en triptyque dans Du monde entier en 1919” (Claude Leroy). Initialement titré Prose du canal de Panama et de mes sept oncles, pendant de La Prose du Transsibérien, Le Panama marque un tournant décisif dans la vie du poète. Le 28 septembre 1915, engagé volontaire dans l’armée française, Cendrars perd son bras droit et c’est de sa “main amie”, comme il se plaisait à l’appeler, qu’il termine ce texte. À partir de 1917, Cendrars occupa le rôle de conseiller littéraire auprès de Paul Laffitte, directeur de la publication des éditions de la Sirène. Le Panama sera l’un des premiers livres de cette toute jeune maison d’édition et c’est avec lui que “Cendrars débute sa courte mais fructueuse carrière d’éditeur” (Gabriel Umstätter). Il prend soin de choisir la typographie et imagine lui-même la maquette et la couverture, réalisée par Raoul Dufy. L’ouvrage, illustré de tracés de lignes de chemin de fer de Chicago à San Francisco, et d’un encart publicitaire pour la ville de Denver, est présenté comme un indicateur des chemins de fer. Du manuscrit de tout premier jet, rédigé de sa main droite, jusqu’à la copie qu’il en fit à l’hôpital de sa main gauche, c’est la genèse de ce long poème que Cendrars a lui-même réuni. En 1919, dans une lettre autographe à son ami libraire genevois, William S. Kundig, accompagnée de deux notes descriptives (toutes trois montées en tête), Cendrars détaille avec minutie cet ensemble qu’il lui propose pour 1000 francs et que Kundig achètera. Cette lettre est sur papier à en-tête de la revue La Rose Rouge, dirigée par Maurice Magre et Pierre Silvestre, dans laquelle Cendrars publia entre mai et juillet 1919 une série d’articles (Modernités) sur la poésie, la peinture et le cinéma. Mon cher Kundig, Je t’envoie par le même courrier les 4 manuscrits du Panama que tu demandes : 1°/ Première version2°/ Deuxième version3°/ Version définitive du Panama - 3 manuscrits de ma main droite.4°/ Copie du Panama manuscrit de la main gauche.5°/ Un jeu d’épreuves complet contenant trois cartes qui n’ont pas paru dans l’édition originale.6°/ Un portrait de l’auteur par Hayden [datant de 1919]. Tu trouveras un état détaillé dans l’envoi. Comme je te le disais dans une lettre, j’en veux 1000 fcs. Je ne reviendrai pas en Suisse maintenant. J’ai eu une sacrée déveine ces derniers temps. Au dernier moment la combine que j’avais en vue ne s’est pas faite. Si tu réussissais cette vente, je te devrais deux fameux bouts de bougie au fond d’un glass. Urge. Urge et ne me laisse pas sans nouvelles. J’embrasse Conrad [Moricand]. A toi je te passerai la langue à la chaux vive. Il paraît que tu ne bois plus. Veinard ! Ton Blaise Cendrars. LES 4 MANUSCRITS / DU PANAMA / Blaise Cendrars / avec un portrait de l’auteur par Hayden 1°. Manuscrit de 21 pages numérotées I à XXI précédées d’une page (plan du poème), d’une autre page d’octobre 1912 (dernière page du poème, je commence toujours mes livres par la dernière page) et de 4 pages (brouillon) numérotées de 1 à 4. Écrit à l’encre noire ou violette, il comporte de très nombreuses ratures et corrections ainsi que de nombreuses variantes par rapport au texte publié. Ces variantes ont été relevées par Charles-Fernand Sunier dans le n° 1 de Continent Cendrars. Il est signé Blaise Cendrars et daté Forges, le 26 juin 1914. Le brouillon de quatre pages qui le précède, portant le titre initial Prose du canal de Panama et de mes sept oncles, est de la main de Féla Poznanska. 2°. Manuscrit de 30 pages numérotées de 1 à 30 (bonne version du précédent). Sous-titré Version corrigée, et daté juin 1913-juin 1914, il est écrit à l’encre noire ou violette et abondamment corrigé. Sur le dernier feuillet, Cendrars, après son amputation, a ajouté de sa main gauche : Paris et sa banlieue / St Cloud, Sèvres, Montmorency, Courbevoie / Bougival, Rueil / Montrouge, St Denis, Vincennes / Forges en Bière / juin 1913-juin 1914. 3°. Manuscrit de 35 pages numérotées de 1 à 35 (version définitive). (Ces trois manuscrits sont les derniers de ma main droite). Cette version définitive, rédigée à l’encre violette, comprend de très nombreuses ratures et corrections au crayon noir et un becquet contrecollé sur le feuillet 23. Il est signé et daté Paris et sa banlieue, juin 1913-juin 1914. 4°. Manuscrit de 38 pages numérotées (au crayon) de 1 à 38, les trois premiers et le dernier feuillet sont montés sur le papier de l’édition (copie de la version définitive). Cendrars précise qu’il s’agit du Premier manuscrit de [sa] main gauche. Copie faite à l’hôpital (janvier 1917) pour m’apprendre à écrire de la main gauche. Les trois feuillets dont il est question comportent la liste des ouvrages de l’auteur précédemment publiés, le titre — calligraphié — et le feuillet de justification. On remarque que ce texte devait initialement paraître chez Dan Niestlé en 1917 qui, l’année précédente, avait publié La Guerre au Luxembourg. 5°. Un jeu d’épreuves (bon à tirer) suivi de trois cartes qui n’ont pas été publiées dans l’édition originale. Cendrars prit soin d’ordonnancer cet ensemble, faisant précéder chaque “chapitre” d’un feuillet de titre, de sa main, précisant la date de rédaction du manuscrit. Enfin, il tint en préambule à préciser les “trois états” du cheminement de sa pensée : 1°/ un état de pensée : je vise l’horizon, je fouille, je trace un angle délimité, je happe les pensées au vol, je les encage toutes vivantes pêle-mêle, vite et beaucoup : sténographie.2°/ un état de style : sonorité et images, je trie mes pensées, je les caresse, je les lave, je les pomponne, je les dresse : elles courent toutes harnachées dans les phrases : calligraphies.3°/ un état de mot : correction et souci du détail neuf, du terme juste, claquant, comme un coup de fouet qui fait se cabrer la pensée : typographie. Le premier état est le plus difficile : formulation / Le deuxième, le plus aisé : modulation / Le troisième, le plus dur : fixation. Le portrait réalisé par Hayden, a été publié en 2001 en couverture du n° 5 d’Histoires littéraires et repris dans Blaise Cendrars, portraits (Dessins et notices réunis par Anne-Marie Conas et Claude Leroy, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 59). Peintre polonais, ami de Beckett, Henri Hayden (1883-1970) fut proche de Cendrars qui, en 1916, lui offrit un exemplaire de La Prose du Transsibérien à l’occasion de Noël. Est inséré dans le volume un portrait photographique de Cendrars (tirage argentique, 111 x 158 mm), postérieur à la parution du Panama [datant des années 1950]. Exceptionnel ensemble. Blaise Cendrars. Œuvres romanesques précédées des Poésies complètes, Édition publiée sous la direction de Claude Leroy. Pléiade, 2017, p. 1224-1236 ; Ch.-F. Sunier, Les Quatre manuscrits in Continent Cendrars, bulletin annuel du Centre d’études Blaise Cendrars de l’université de Berne, n° 1 1986, p. 24-31 ; J.-P. Goujon. Les quatre manuscrits des Aventures de mes sept oncles : documents inédits sur la genèse du Panama de Cendrars in Histoires littéraires, janvier-février-mars 2001, n° 5, p. 37-44 ; G. Umstätter, Blaise Cendrars au cœur des arts, Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds / Silvana Editoriale, 2015, p. 117. Nous tenons à remercier vivement le professeur Claude Leroy, de l’université de Paris Nanterre, pour l’aide précieuse qu’il nous a apportée.