Lot 36
  • 36

Masque, Ngbaka, Région de l'Ubangi, République Démocratique du Congo

Estimate
200,000 - 300,000 EUR
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Description

  • wood
  • haut. 22 cm ; 8 5/8 in

Provenance

Paul Guillaume (1891-1914), Paris, ca. 1919
Klaus Perls, New York
Collection Ernst and Ruth Anspach, New York
Lance et Roberta Entwistle, Londres
Collection privée américaine, acquis en 1995

Exhibited

New York, The Museum of Primitive Art, African Tribal Sculpture: From the Collection of Ernst and Ruth Anspach, 15 novembre 1967 - 4 février 1968
New York, The Center of African Art, The Art of Collecting African Art, 12 mai - 9 octobre 1988

Literature

Guillaume, Les Arts à Paris, n° 5, 1er novembre 1919, couv.
Action. Cahiers de Philosophie et d'Art, Avril 1920, vol. 1, n° 3, p. 76 (Publicité Galerie Paul Guillaume)
Zervos, "L'art nègre", Cahiers d'Art, 1927, p. 233 (Publicité Galerie Paul Guillaume)
Anspach, African Tribal Sculpture: From the Collection of Ernst and Ruth Anspach, 1967, p. 11
Nooter et Nooter, The Art of Collecting African Art, New York, 1988, p. 43
Giraudon, Les arts à Paris chez Paul Guillaume : 1918-1935, 1993, p. 26 (Publicité Galerie Paul Guillaume)
Degli et Mauze, Arts premiers. Le temps de la reconnaissance, Paris, 2000, p. 81 (Publicité Galerie Paul Guillaume)
Pigearias et Hornn, "Paul Guillaume et l'art africain : histoire d'une collection à la lumière de nouvelles recherches ", Tribal Art, Printemps 2011, n° 59, p. 78-91
Le Fur, Picasso Primitif, 2017, p. 56 (Publicité Galerie Paul Guillaume)

Catalogue Note

1918. La guerre s’achève et Paul Guillaume s’apprête à faire de sa galerie un des hauts lieux culturels de Paris. Pour en faire la promotion, il crée la revue Les Arts à Paris où il relate, sous différents pseudonymes, l’actualité artistique de la capitale. La couverture du numéro 5, paru en 1919, est illustrée par une gravure de ce masque Ngbaka. Saisissant, en brillant publicitaire, l’importance d’une identité visuelle, Paul Guillaume choisira d’en faire un temps le logo de sa galerie. Son image s’impose notamment dans l’encart qu’il fait paraître dans le célèbre numéro 3 de la revue Action où Picasso, interrogé par Florent Fels déclara « l’art nègre ? Connais pas ! » (Fels, "Opinions sur l’art nègre", Action, Avril 1920). Le masque, couronnant la liste des artistes défendus par Paul Guillaume - Derain, Matisse, Modigliani, Picasso, Vlaminck - s’y érige en manifeste de la place des arts Nègres dans l’avant-garde artistique.

Si les publications du masque mentionnent le nom de Georges Laurent, auteur de la gravure, aucune indication n’apparaît quant à sa provenance géographique ou à son attribution. Seule importe la modernité esthétique qu’il incarne, et ses résonnances avec l’œuvre des artistes d’avant-garde. Il illustre, précisément, la définition donnée par Clouzot et Level dans l’introduction au catalogue de la Première exposition d’art Nègre et d’art océanien, organisée en 1919 par Paul Guillaume à la galerie Devambez : « l’expression des masques est déterminée par leur construction, leur architecture. Tout est plastique. Lignes et plans ».

Attribué successivement à un sculpteur Fang, puis Lega ou plus largement « d’origne Nord-Zaïre », il faudra attendre 2007 et l’exposition Ubangi. Art et Cultures au cœur de l’Afrique pour établir sa provenance à la région de l’Ubangi. Selon Gerard van den Heuvel (communication personnelle, avril 2017), « Comme Jan-Lodewijk Grootaers l'a démontré avec pertinence, les échanges artistiques entre les peuples qui composent la vaste mosaïque ethnique (répartie sur les territoires de la République Centrafricaine, du nord de la République Démocratique du Congo et du Sud Soudan) de la région de l’Ubangi et le socle commun de leurs traditions culturelles et rituelles, rendent éminemment complexe toute tentative d’identification plus précise. Cependant, au regard des études récentes, il semble aujourd’hui justifié de l’attribuer à un sculpteur Ngbaka. Si chaque ancien masque Ngbaka dénote une remarquable individualité artistique, celui-ci s’apparente, par sa parure faciale, à trois autres chefs-d’œuvre du corpus (dont les ornements ont disparu): le masque autrefois dans la collection de Pierre Dartevelle (Utotombo, 1988, p. 112, n° XXXXIV), et ceux du musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren, inv. n° EO.1951.13.32 cf. Grootaers et alii, Ubangi. Art et Cultures au cœur de l’Afrique, 2007, p. 168, n° 4.34) et de la collection Jean Willy Mestach (idem, p. 169, n° 4.33). L’unique information que nous possédons sur leur fonction est qu’ils étaient autrefois utilisés au cours des rites de passage, connus sous le nom de gaza chez les Ngbaka et leurs voisins Mbanza, Manza and Banda ».

Ce masque, dont Paul Guillaume fit l’une des icônes du Primitivsime, s’impose aujourd’hui à nous comme l’un des prodigieux archétypes des arts anciens de l’Ubangi.

1918. The war was over and Paul Guillaume was on his way to making his gallery one of the cultural highlights of Paris. To promote it, he created the magazine Les Arts à Paris where he kept readers abreast - under various pseudonyms - of the artistic happenings in the capital. The cover of the fifth issue, published in 1919, features an engraving of the Ngbaka mask offered here. A brilliant publicist, Paul Guillaume knew the importance of a strong visual identity and he chose this mask as the logo for his gallery at this moment in time. Its image particularly stands out in the inset that he published to the famous third issue of Action magazine, where Picasso, interviewed by Florent Fels, declared "Negro art? Never heard of it! " (Fels, « Opinions sur l’art nègre », Action, April 1920). The Ngbaka mask, crowning a list of artists defended by Paul Guillaume - Derain, Matisse, Modigliani, Picasso, Vlaminck - was there as a testament to the place of Negro arts in the artistic avant-garde.

Although publications of the mask mention the name of Georges Laurent, the author of the engraving, there is no indication as to its geographical origin or its attribution. The aesthetic modernity that it embodies and its resonances with the work of avant-garde artists are the only things that matter. The publication gives a precise illustration of the definition given by Clouzot and Level in the introduction to the catalogue of the First Exhibition of Negro Art and Oceanic Art (Première exposition d’art Nègre et d’art océanien), hosted by Paul Guillaume in 1919 at the Galerie Devambez: "the expression of the masks is defined by their construction, their architecture. Everything is aesthetic. Lines and planes".

Successively attributed to a Fang and then to a Lega sculptor, or defined more broadly as "from northern Zaire", it was not until 2007 and the exhibition Ubangi. Art et Cultures au cœur de l’Afrique, that the origin was established as the Ubangi region. According to Gerard van den Heuvel (personal communication, April 2017) : “As Jan-Lodewijk Grootaers has demonstrated convincingly in his Ubangi project, the artistic exchanges between the peoples living in the Ubangi region (in the Central African Republic, the north of the Democratic Republic of the Congo, and in South Sudan) and the common basis of their cultural and ritual traditions make any attempt at a more precise identification of their sculptural production extremely complex. However, taking into account recent studies, it seems justified today to attribute this mask to a Ngbaka sculptor. Although each ancient Ngbaka mask shows a remarkable artistic individuality, this one relates, through its facial ornament, to three other masterpieces of the corpus (the ornaments of which have disappeared): the mask formerly in the Pierre Dartevelle collection (Utotombo, 1988, p. 112, No. XXXXIV), and that in the Royal Museum for Central Africa (Tervuren, inv. No. EO.1951.13.32 cf. Grootaers and alii, Ubangi. Art et Cultures au cœur de l’Afrique, 2007, p. 168, No. 4.34) as well as the mask from the Jean Willy Mestach collection (ibid, p. 169, No. 4.33). The only information we have regarding their function is that they were used during rites of passage, known as gaza to the Ngbaka and to their Mbanza, Manza and Banda neighbours."

This mask, which Paul Guillaume made into one of the icons of Primitivism, is today one of the most prodigious archetypes of the ancient arts of the Ubangi.

Ngbaka mask, Ubangi region, Democratic Republic of the Congo