Lot 28
  • 28

Jean-Baptiste Jouvenet et atelier

Estimate
30,000 - 50,000 EUR
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Description

  • Jean-Baptiste Jouvenet et atelier
  • La Déposition de la croix
  • Huile sur toile

Provenance

Collection Jean Jouvenet ;
Collection des filles de l’artiste, pavillon des Quatre Nations ;
Collection Élisabeth Agnès Lordelot, petite fille du peintre ;
Legs d’Elisabeth Agnès Lordelot à Madame Noël Hallé, le 8 mai 1778 ;
Resté depuis chez les descendants

Literature

O. Estournet, « La famille des Hallé » in Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des Départements, Paris, 1905, p. 23 ;
A. Schnapper, Jean Jouvenet, 1974, sous le n°122, p. 214 ;
N. Wilk-Brocard, Une dynastie, Les Hallé, Paris, 1995, p. 665 ;
C. Gouzi, Jouvenet (1644-1717) et la peinture d’histoire à Paris, 2010, sous le n° P181 (répétition avec la collaboration de l’atelier et mentionné par erreur comme étant celui de l’Art Gallery of Ontario), pp. 294-295

Condition

To the naked eye: The painting appears in moderately satisfactory condition. It is under an old and very dirty varnish. It has been correctly relined, probably in the first part of the 20th century. The canvas is slightly distended to the stretcher in the upper part. We notice many spots of old retouching on the sky and clothes, that do not denature the composition.. We notice two streaks of golden paint: one on the Virgin’s left hand and the other one on the Christ’s right leg. The spandrels in the upper part are only painted in blue (en reserve). We notice some small losses of material. Under U.V. light: The painting appears under a green uniform varnish. We notice some restoration areas on the whole surface of the painting, on the faces, the bodies and the draperies, mostly on the upper part. The most important restoration appears near the upper right corner. We notice a vertical seam in the canvas from the upper edge across the ladder. The painting needs a restoration but still has a beautiful material.
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Catalogue Note

Cette très belle Déposition constitue une redécouverte majeure dans l’œuvre de Jouvenet.
Au premier plan gît le Christ, que Joseph d’Arimathie et Saint Jean s’apprêtent à enlinceuler. Derrière eux, debout, la Vierge jette au ciel un regard plein de douleur, tandis qu’à ses pieds, Madeleine pleure la perte du Christ. Cette oeuvre se distingue de certains partis pris habituels de l’artiste, qui privilégie en principe les grandes plages brunes qui enceignent les taches de couleurs claires, ou encore la construction de la composition par la direction des regards. L’attention du spectateur n’en est pas moins irrésistiblement attirée par le corps du Christ, à la carnation claire et lumineuse, qui forme un arc de cercle au premier plan. La composition, pyramidale, en apparence classique, est rendue plus singulière par le mouvement de désespoir de la Vierge, que semble continuer le bras droit de Joseph tenant le linceul du Christ. Cela contribue à renforcer la dimension dramatique de la scène. Le sens du détail de Jouvenet est ici perceptible au premier plan, dans la bassine de cuivre brillant, dans laquelle flotte, dans une eau rougie par le sang, l’éponge qui a servi à laver le corps du Christ.
Il semblerait que notre œuvre soit mentionnée dans l’inventaire après décès de la petite fille de Jouvenet, Elisabeth Agnès Lordelot, le 25 janvier 1781. Celui-ci fait état d’un « christ descendu de la croix de six pieds de haut et quatre de large », tableau jusqu’à présent non-localisé et dont les dimensions citées (équivalant à 1,944 sur 1,296 m.) correspondent sensiblement à celles de notre œuvre.
L’atelier du peintre contenait en effet un certain nombre d’œuvres au moment de son décès en 1717. Les dessins passèrent vraisemblablement aux mains de son neveu et élève Jean Restout. Quant aux peintures, on les connaît grâce à une liste communiquée dans les Mémoires Inédits publiés en 1854, mais dont le texte daterait, selon Christine Gouzi des années 1740. Dans cette liste, figurent dix titres de peintures envoyées « Chez mesdemoiselles ses filles, au pavillon des Quatre-Nations. » Parmi elles, on trouve mention d’une Descente de croix, qui pourrait être notre tableau. Les filles Jouvenet mirent en vente leurs tableaux (comme l’indique un avis publié au Mercure de France de 1754). Toutefois, sur les dix œuvres publiées dans les Mémoire inédits, sept passèrent à la famille Hallé, par l’intermédiaire d’Elisabeth Agnès Lordelot. En effet, la petite fille du peintre, décédée en janvier 1781, laissa un testament daté du 8 mai 1778 contenant ces dispositions : « Je donne et lègue à Madame Hallé, femme de M. Noël Hallé, peintre ordinaire du roi, chevalier de l’ordre de Saint-Michel, tous mes tableaux […] ; je ne peux pas trop lui marquer ma reconnoissance. » On peut donc supposer que le « christ descendu de la croix de six pieds de haut et quatre de large » cité dans son inventaire après décès passa à la famille Hallé à cette occasion. Si on ignore aujourd’hui les motifs de cette reconnaissance et ceux qui menèrent à ce legs, on sait qu’Elisabeth Agnès Lordelot était la cousine germaine de Jean II Restout, lui-même marié à Marie-Anne Hallé, sœur du peintre Noël Hallé.
Par la suite, on retrouve mention de ce sujet dans le contrat de mariage de Jean-Noël Hallé (médecin, fils de Noël Hallé) et de Geneviève Marchand en date du 7 avril 1785 : « Plusieurs tableaux appartenant de droit à Madame Hallé et qu’elle a mis en commun, ils sont tous de M. Jouvenet et sont : […] Une superbe descente de Croix d’un effet et d’une composition excellente […] » Les dimensions de l’œuvre ne sont pas indiquées, mais on peut légitimement la rapprocher de notre tableau.
Cette composition connut en effet une certaine fortune. On connait d’autres compositions similaires, dont une conservée à la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise (Oise) et qui fut donnée aux Jésuites de Pontoise, très probablement par leur protecteur, le cardinal de Bouillon. Une gravure par Alexis Loir, très proche de notre œuvre, est conservée à la Bibliothèque Nationale de France. Cette composition compte parmi celles, d’âge mûr (entre 1695 et 1707) de Jouvenet, et qui ont porté sa réputation : la Descente de croix de 1697 (Louvre), ou encore les Apôtres de 1704 (Invalides).

[1] N. Wilk-Brocard, Une dynastie, Les Hallé, Paris, 1995, p. 665
[2] C. Gouzi, Jouvenet (1644-1717) et la peinture d’histoire à Paris, 2010, p. 404