Jean-Baptiste Carpeaux, 1827 - 1875 S.A. Le Prince Impérial, vers 1865-1866

Probablement celui commandé en 1866 par Achille Fould (1800-1867), ministre des Finances; ancienne collection de la princesse Mathilde-Létizia Wilhelmine Bonaparte (1820-1904), fille de Jérôme Bonaparte et Catherine de Wurtemberg, épouse du comte Anatole Demidoff; dans sa descendance jusqu'aux années 1980; acquis en 1986 à la Galerie Elstir, Paris; collection privée française.

BIBLIOGRAPHIE:
J. D. Draper, E. Papet, The Passion of Jean-Baptiste Carpeaux, cat. exp. The Metropolitan Museum of Art, New York, 2014, pp. 136 et 320, n° 63.

REFERENCE(S) BIBLIOGRAPHIQUE(S)
A. Richarme, M. Poletti, Jean-Baptiste Carpeaux, sculpteur, catalogue raisonné de l'oeuvre édité, Paris, 2003, pp. 112-113, n° BU 12.

Very good condition with some minor surface dirt in the crevices, consistent with age and handling. The white marble with some natural veining and inclusions at several places. Some old restoration to the lower edge and the three corners of the base. Wonderful carving of the marble with a perfectly preserved surface. Very good provenance and a reasonable estimate.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."

Jean-Baptiste Carpeaux, quitte Valenciennes en 1838 pour suivre sa formation à Paris et intègre, en 1844, l’atelier de François Rude à l’Ecole des Beaux-Arts. De 1856 à 1862, il séjourne à Rome en tant que pensionnaire à l'Académie de France. De retour à Paris, il devient le sculpteur attitré de Napoléon III (1808-1873) pour qui il travaille sur les grands chantiers du Louvre, en 1864, du Palais Garnier, en 1865, et de la fontaine de l'Observatoire au jardin du Luxembourg, en 1872.

En 1865, Napoléon III et l'impératrice Eugénie commandent à Carpeaux le portrait en pied et le buste de leur fils et enfant unique, Eugène-Louis Napoléon (1857-1879), alors âgé de huit ans. De mi-avril à mi-juillet, Carpeaux travailla sur un buste nu et une statue en pied du jeune prince. Un atelier de fortune fut aménagé dans l’Orangerie des Tuileries, pour donner au sculpteur un accès plus facile à son modèle. Le buste nu en marbre, aujourd’hui en dépôt par le Musée d’Orsay au musée national du château de Compiègne (inv. n° RF 1758), fut livré à l’Impératrice à la fin de l’année 1866. Dès le mois de janvier de l’année suivante, Carpeaux demanda l’autorisation de l’envoyer au Palais de l’Industrie pour qu’il soit présenté au comité de sélection de l’Exposition Universelle. Le buste fut également exposé au Salon de 1867 (n° 2166), en même temps que le portrait en pied du prince impérial (château de Compiègne).

Seules quatre versions, dont la nôtre, sont connues du buste du Prince Impérial nu en marbre, dont deux dans des collections publiques : le marbre livré à l’Impératrice, actuellement au Château de Compiègne, et celui commandé par l’Empereur pour la salle du conseil de l’Hôtel de Ville de Paris, qui sera déposé en 1895 au musée Carnavalet (aujourd'hui au Petit Palais; inv. n° PS 14). Un troisième exemplaire, acquis en 1895 chez un antiquaire parisien, est conservé dans les collections du comte de Roseberry, à Dalmeny House en Ecosse. Dans une lettre au maréchal Vaillant datant du 25 août 1866, le banquier Achille Fould (1800-1867), ministre des Finances puis ministre d’Etat de 1852 à 1860, indique avoir commandé à Carpeaux une réplique en marbre du buste nu du Prince Impérial, alors même que ce dernier n’avait pas encore été livré à l’Impératrice: "L'Empereur ayant autorisé la diffusion du charmant buste qui vient d'être fait du Prince Impérial, j'ai demandé et obtenu de M. Carpeaux qu'il m'en fit une répétition: Seriez-vous assez bon pour lui faire accorder un morceau de marbre convenable pour l'exécution?" (cf. J. D. Draper, E. Papet, op. cit, pp. 136 et 340, note 21). Notre buste du jeune prince, disparu tragiquement dans une embuscade en Afrique du Sud alors qu’il était à peine âgé d’une vingtaine d’années, pourrait donc être celui du ministre Fould. Il aurait ensuite appartenu à la princesse Mathilde et fut conservé par ses héritiers jusque dans les années 1980. Il est intéressant de noter que le portrait en marbre de la princesse Mathilde réalisé par Carpeaux en 1862 (musée d'Orsay, inv.n° RF1387) est marqué de la même lettre A encerclée sous l'épaule, comme le buste présenté ici.