Lot 58
  • 58

Augustin Bocciardi, 1719 - 1797, vers 1762 Danaé recevant Jupiter en pluie d'or

Estimate
60,000 - 80,000 EUR
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Description

  • Augustin Bocciardi
  • Danaé recevant Jupiter en pluie d'or
  • en marbre blanc
  • 35 x 58 x 23,5 cm; 13 3/4 x 22 3/4 x 9 1/4 in.

Provenance

Ancienne collection de Denis Pierre Jean Papillon de La Ferté, intendant des Menus-Plaisirs de la Maison du roi; sa vente après décès, le 20 février 1797, lot 225.

Exhibited

Exposition de l'Académie de Saint-Luc, en 1762.

Literature

J. Guiffrey, Livrets des Expositions de l'Académie de Saint-Luc à Paris pendant les années 1751, 1752, 1753, 1756, 1762, 1764 et 1774, Paris 1872 (réed. Londres, 2013), p. 114; S. Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l’école française au XVIIIe siècle, t. I, Paris, 1910 (rééd. 1970), pp. 71-72.

REFERENCE(S) BIBLIOGRAPHIQUE(S)
E. Boysse, Journal de Papillon de La Ferté, intendant et contrôleur de l’Argenterie, Menus-Plaisirs et Affaires de la chambre du roi (1756-1780), Paris, 1887, p. 155.

Condition

Very good condition overall with minor surface dirt, especially to the crevices; natural light grey veining and natural inclusions to the white marble at several places. A few very minor chips to the edges of the day bed as well. The fingers and thumb of her proper right are reattached with restorations visible. The middle, ring- and little finger appear to be original, whilst the index and thumb may be well executed later marble replacement. The big toe of her proper left foot has been slightly repaired and reattached. Fantastic carving of the marble, particularly to the draperies and face. The pendant figure forming a pair with this marble is in a private collection (image attached).
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Catalogue Note

Une paire de figures en marbre par Bocciardi, représentant La Volupté couchée sur un matelas et Danaé recevant Jupiter en pluie d’or, sont mentionnée à l’exposition de l’Académie de Saint-Luc en 1762, n° 126 (cf. S. Lami, op. cit., p. 71). Le livret les décrit comme "Deux Figures de Femmes en marbre blanc, de 22 pouces [environ 56 cm] de proportion; l'une représente la Volupté couchée sur un matelas, l'autre Danaé qui reçoit Jupiter en pluie d'or". La désignation parfaitement explicite indique assurément que la Danaé que nous présentons est celle qui fut exposée en 1762. Sur base de comparaisons stylistiques et iconographiques, la Volupté, qui lui faisait pendant, peut maintenant être identifié à un marbre qui était en 2012 sur le marché de l’art parisien. Notons que la Volupté, qui se trouve aujourd'hui dans une collection privée française, est de dimensions comparables à celles de Danaé (haut. 30 cm ; long. 58 cm ; prof. 25 cm). Les deux figures féminines présentent les mêmes caractéristiques physiques propres à Bocciardi et reposent toutes deux sur un lit de repos du même modèle comprenant un matelas capitonné orné de boutons identiques, en forme de fleur.

Denis Pierre Jean Papillon de La Ferté (1727-1794), intendant des Menus-Plaisirs de la Maison du roi, détint également le titre de commissaire du roi auprès de l’Académie de musique, exerçant une forte influence à l’Opéra. Amateur d’art éclairé et grand collectionneur, notamment de Jean-Honoré Fragonard, François Boucher, Joseph Vernet ou Hubert Robert, sa vente après décès donne une idée de l’ampleur de sa collection. Sa proximité avec la Monarchie lui valut une fin tragique : guillotiné sur la place du Trône. Il écrit dans son journal, en date du 11 février 1765, « J’ai aussi reçu l’ordre de Monsieur le duc d’Aumont de faire travailler le sieur Bocciardi, sculpteur, dans les Menus, quoiqu’il n’ait rien à faire. » (Journal de Papillon de La Ferté, p. 155, consultable en ligne). Si l’intendant ne semble pas avoir perçu positivement l’arrivée de l’artiste italien, chaudement recommandé voire imposé par le duc d’Aumont, Papillon de la Ferté semble avoir été, par la suite, conquis par les talents de sculpteur de Bocciardi. En effet, dans le catalogue de la vente du 18 février 1797, dans la section des marbres, figurent sous le lot 225, par un dénommé « Bouchardie » (francisation de Bocciardi) : « Deux figures faisant pendant, l’une représente une dormeuse, & l’autre une Danaé, sous leurs cage de verre, avec carcasse en cuivre, le tout sur socle (Haut. 12 pouces ; larg. 20 pouces) ».

Hormis son activité de sculpteur pour les Menus-Plaisirs de la Maison du roi, fort peu d’éléments viennent éclairer la vie et l’œuvre d’Agostino Bocciardi. Ce sculpteur d’origine génoise fut essentiellement actif à Paris où il fut admis à l’Académie de Saint-Luc et y enseigna. Il participa à de nombreux chantiers, dont les châteaux de Pontchartrain et Bagatelle, ainsi qu'aux décors des grands évènements royaux, comme la salle de l’Opéra de Versailles pour le mariage de Marie-Antoinette. La fréquente implication de Boccardi aux décors éphémères, commandés par les Menus-Plaisirs pour les grands évènements de la cour, explique en partie que peu de ses sculptures sont aujourd'hui connues et documentées. Le tableau de Louis-Jacques Durameau (1733-1796) figurant les deux groupes allégoriques de La Mort et la Terre et La France et l’Europe, constitue donc un précieux et rare témoignage (musée du Louvre, inv. n° R.F. 2000-91). Ces deux groupes sculptés, aujourd’hui disparus, furent réalisés par Bocciardi à l’occasion de la pompe funèbre célébrée à Notre-Dame de Paris en 1781, en l’honneur de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, mère de Marie-Antoinette. Ils encadraient le registre inférieur du catafalque. Les deux figurent féminines étendues sur leurs flancs rappellent la composition du marbre de Danaé que nous présentons. Nous pouvons également la rapprocher de la paire d’allégories de l’Eau et du Feu, vendues par Sotheby’s à Londres, le 7 décembre 2000, lot 127. Les traits des visages présentent une ressemblance frappante avec celui de Danaé, notamment dans le traitement des nez longs et fins, dans celui du regard formé par deux délicats sillons circulaires - les pupilles à peine creusées en leur centre - et dans celui de sa chevelure travaillée avec soin. Les mains aux longs doigts gracieusement en chair, les canons féminins longilignes et le soin porté aux drapés sont autant de leitmotive qui rattachent ces sculptures à un même corpus.

A pair of marble groups by Bocciardi, entitled La Volupté couchée sur un matelas and Danaé recevant Jupiter en pluie d’or, was mentioned in the 1762 Académie de Saint-Luc exhibition, no. 126 (cf. S. Lami, op. cit., p. 71) explicit: ‘Deux Figures de Femmes en marbre blanc, de 22 pouces [environ 56 cm] de proportion; l'une représente la Volupté couchée sur un matelas, l'autre Danaé qui reçoit Jupiter en pluie d'or’ [Two white marble figures of Women, of about 22 inches (56 cm); one depicting Pleasure lying on a mattress, the other one Danaë receiving Jupiter as Rain]. With this description we can confirm this sculpture to be the same Danaë displayed in the 1762 exhibition. On the basis of stylistic and iconographic comparisons, it is most likely that the missing figure of Pleasure from this marble can be identified in another marble group sold on the Parisian market in 2012 (now in a private collection). This female allegorical figure of Pleasure is reclining on a day bed similar to that of Danaë, with the same mattress, both adorned with an identical flower-shaped button. Additionally, the silhouettes, faces and expressions of the two women are also perfectly similar and representative of Bocciardi’s female type. Finally, the marble group of Pleasure, has identical dimensions to the present Danaë (height 30 cm; length 58 cm; depth  25 cm).

Denis Pierre Jean Papillon de La Ferté (1727-1794), was an administrator of the ‘Menus-Plaisirs’ to the King Louis XV. He was also closely involved in the French Academy of Music and highly influential at the Opera. A great art connoisseur and a passionate collector, he owned numerous paintings by famous contemporary artists such as Jean-Honoré Fragonard, François Boucher, Joseph Vernet and Hubert Robert. The sale held after his death provided a glimpse of his extensive collection. Papillon de la Ferté’s close involvement with the French Monarchy led him to a tragic end when he was executed at the Place de la Nation, in Paris. On the 11th February 1765, Papillon de la Ferté wrote in his diary : ‘J’ai aussi reçu l’ordre de Monsieur le duc d’Aumont de faire travailler le sieur Bocciardi, sculpteur, dans les Menus, quoiqu’il n’ait rien à faire.’ (Journal de Papillon de La Ferté, p. 155,). Although he initially took on Bocciardi with upon the recommendation of the Duke of Aumont with some reluctance, Papillon de la Ferté was quickly convinced by the skills of the gifted Italian sculptor.Among the marbles mentioned in his sale, held on the 18th February 1797, is a pair of marbles, lot 225, by a so called ‘Bouchardie’ (French translation of Bocciardi): ‘Deux figures faisant pendant, l’une représente une dormeuse, & l’autre une Danaé, sous leurs cage de verre, avec carcasse en cuivre, le tout sur socle (Haut. 12 pouces; larg. 20 pouces)’ [Two figures, one representing a sleeping woman and the other Danaë under a glass showcase with a copper framing, the whole on a base].

Apart from his activity as a sculptor to the Menus-Plaisirs, very little is known about Bocciardi’s life and work. The Genoese sculptor was mainly active in Paris, were he was admitted to the Academy of Saint-Luc. He worked on numerous projects such as the Pontchartrain Castle and Bagatelle, as well as as sets for major royal events including the opera at Versailles for the wedding of Marie-Antoinette. Bocciardi’s frequent employment on ephemeral works explains partly why very few of his sculptures are known and documented in the present day. A painting by Louis-Jacques Durameau (1733-1796), showing two allegorical groups by Bocciardi, The Death and the Earth and France and Europe is a priceless testimony (Louvre museum, inv. No. R.F. 2000-91). These two marbles, now lost, were realized for the funerals of Marie-Thérèse of Austria, Marie-Antoinette’s mother, at Notre-Dame Cathedral in 1781. They were displayed to the right and left sides of the lower part of the monument. These two reclining figures are very similar to the present marble. We can also make a comparison with a pair of allegories of Water and Fire, attributed to Bocciardi, sold by Sotheby’s London, on 7th December, 2000, lot 127. The faces, with long and narrow noses, the treatment of the eyes and the meticulous carving of the hair are closely related to our Danaë. Above all, the hands with long and very slightly swollen fingers, and the sophisticated treatment of the draperies are other specific trademarks of the Genoese sculptor.