Lot 250
  • 250

Important piano-forte en acajou à monture de bronze doré d'époque Louis XVI, daté 1785, par David Roentgen (1743-1807)

Estimate
40,000 - 60,000 EUR
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Description

  • mahogany ivory
  • Haut. 80 cm, long. 174 cm, prof. 74 cm
  • Height 31 1/2 in; width 68 1/2 in; depth 29 1/4 in
la façade ornée de poignées en draperie dans un double encadrement de brettés, perles et culots, coulissant et découvrant un clavier à 36 touches en ivoire et à 25 touches en ébène, surmonté d'une signature en marqueterie : David Roentgen & Kinzing / à Neuwied sur le Rhin en Allemagne / et à Paris Rue de Grenelle St Honoré / Anno / 1785 ; les montants à cannelures sommés de pastilles et terminés par des pieds en gaine démontables ornés de brettés 

Provenance

- Probablement livré pour Jean-Baptiste de Félix d'Ollières, comte du Muy (1751-1820)
- Conservé depuis dans sa descendance

Literature

Hans Huth, Roentgen Furniture: Abraham and David Roentgen - European Cabinet Makers, Londres, 1974 
Dietrich Fabian, Kinzing+Roentgen. Uhren aus Neuwied, Bad Neustadt, 1983
C. Baulez, "David Roentgen et François Rémond. Une collaboration majeure dans l'histoire du mobilier européen" in L'Estampille/L'Objet d'Art n°305, septembre 1996
J.J. Gautier, B. Rondot et alii, Le château de Versailles raconte le Mobilier national - Quatre siècles de création, Paris, 2011
Wolfram Koeppe et alii, Extravagant inventions, the princely furniture of the Roentgens, New York, 2012

Condition

The image is quite accurate. Two main cracks, as well as some marks and scratches, on the top, due to age and handling. The bronze mounts look complete, but are slightly tarnished and rubbed as expected ; dents and stains to the cornice around the top. The musical mechanism needs to be restored by a professional : at least, four ivory pieces are missing on the keyboard. Very rare and beautiful example of Roentgen and Kinzing instrument. Top quality of “ébenisterie” and mechanism, typical of Roentgen’s craftsmanship.
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Catalogue Note

L’installation de David Roentgen à Paris
En 1772, David Roentgen succéda à son père Abraham à la tête de l’atelier familial de Neuwied et entreprit de développer davantage sa clientèle internationale. C’est ainsi qu’en 1779, il obtint de la cour de Versailles le titre de courtoisie d’ébéniste-mécanicien du roi et de la reine, et fut admis l’année suivante comme maître par la corporation des ébénistes parisiens. Roentgen  put enfin ouvrir rue de Grenelle-Saint-Honoré (aujourd’hui rue Jean-Jacques Rousseau) sa propre boutique à l’enseigne de « la Ville de Neuwied ».
Sa présence à Paris lui permit aussi de se fournir plus régulièrement en bronzes de qualité, supérieurs à ceux produits par son propre atelier ou même à ceux des fondeurs de Birmingham auprès desquels son père et lui avaient l’habitude de s’approvisionner. Sa collaboration avec le bronzier François Rémond se révéla fructueuse et apporta une véritable plus-value aux meubles les plus aboutis de l’ébéniste : entre 1780 et 1781, Rémond ne lui livra pas moins de cent-quarante poignées en draperie identiques à celles qui ornent ce piano, caractéristiques de l’œuvre de Roentgen (cf. C. Baulez, op. cit., p.112).

Un nouveau type de piano conçu pour une clientèle européenne
Au cours des années 1780, Roentgen conçut avec son collaborateur horloger et facteur d’instrument,  Peter Kinzing, un nouveau type de piano, dit « à tiroir » : outre l’excellence de son ébénisterie, cet instrument avait l’intérêt de se présenter sous l’apparence d’un grand bureau plat néoclassique, le clavier étant dissimulé par un abattant. C’est d’ailleurs sous cette dénomination qu’en 1786, Roentgen en livra deux exemplaires à Catherine II : « deux grandes Tables en bois de Mahoni moucheté avec des forté Piano ».
Parmi les rares modèles conservés aujourd’hui, deux proviennent effectivement des collections impériales à Pavlovsk. L’un est désormais conservé au palais de Gatchina (cf. H. Huth, op. cit., pp. 112-113, n°113) ; l’autre (fig. 1), vendu par les Soviets en 1930, appartint à une collection particulière danoise, puis à la collection Steinway & Sons, avant d’être adjugé chez Sotheby’s à New York, le 16 mai 1987, lot 126 (cf. D. Fabian, op. cit., p. 293, n°233-235) : il se trouve toujours en mains privées et fut exposé au Metropolitan Museum en 2012 (cf. W. Koeppe, op. cit., pp. 176-177, n°52).
Enfin, un troisième piano-forte de Roentgen figure dans les collections de Saxe-Cobourg-Gotha à Vienne (cf. D. Fabian, op. cit., p. 295, n°238-239).

Un modèle prisé de l’aristocratie versaillaise
On a longtemps cru que Roentgen n’avait commercialisé ce type de piano  qu’auprès de sa clientèle russe ou allemande. Cependant, en 2010, un quatrième modèle - malheureusement dépouillé  de son clavier et de la signature qui l’accompagne - fut découvert dans les collections du Mobilier national (fig. 2) : réputé provenir de Louis-Hercule-Timoléon, duc de Brissac (1734-1782), il a depuis été déposé au château de Versailles (cf. J.J. Gautier et B. Rondot, op. cit., pp. 162-165).
Le piano présenté ici et demeuré inédit jusqu’à ce jour, vient confirmer le fait que Roentgen distribuait également ces instruments via sa boutique à Paris : s’il est daté comme les exemplaires russes de 1785, à notre connaissance c’est le seul dont le cartouche mentionne l’adresse parisienne de l’atelier.
Par tradition familiale, il aurait été commandé par Jean-Baptiste de Félix d'Ollières (1751-1820), comte de Saint-Maime, puis comte du Muy à partir de 1781. Héros de la guerre d’Indépendance américaine, il s’illustra ensuite dans les armées de la Révolution, puis  dans les campagnes napoléoniennes. Fait baron de l’Empire en 1811, il devint également pair de France sous la Restauration.