Lot 61
  • 61

Claudel, Paul

Estimate
8,000 - 12,000 EUR
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Description

  • Claudel, Paul
  • L’Échange. Manuscrit autographe. 1894 [pour janvier 1900].
  • ink on paper
62 p. petit in-folio (335 x 205 mm), montées deux par deux par onglets sur un double feuillet de papier vergé. Numérotées par Claudel, avec quelques annotations marginales de la main d’un typographe.

Manuscrit complet, mis au net, destiné à l’impression de l’édition originale de L’Échange, dans la revue L’Ermitage, présentant quelques variantes et ratures.



Ayant appartenu à André Gide.



Drame à la construction relativement classique et sans doute moins foisonnant que ses premiers écrits, L’Échange a été composé par Claudel en 1893-1894, à Boston et à New York où il occupe son premier poste de vice-consul. Nommé en Chine, c’est à l’occasion d’un congé diplomatique à la fin de l’année  1899 qu’il se décide à publier cette pièce, la proposant -- sur le conseil d’André Gide avec qui il correspond depuis plusieurs mois et qu’il rencontre lors de ce séjour parisien -- à la revue L’Ermitage où Gide est un chroniqueur influent. Au début de 1900, Claudel envoie donc son manuscrit, ainsi qu’en témoigne la p. 26 au verso de laquelle, on peut lire l’adresse de Gide, boulevard Raspail, avec la marque postale à la date du 15 janvier 1900 et dans la seconde moitié du feuillet, de la main de Gide, 3 lignes au crayon signées "A.G." : "prière de renvoyer les épreuves corrigées à Mr Jacques des Gachons [secrétaire de L’Ermitage] -- 16 rue du Sommerard". À noter également au verso de la p. 42, trois mots biffés "La Terre quittée", titre d'un des tableaux de Connaissance de l’Est, recueil contemporain publié au Mercure de France, constituant un autre indice quant à l’activité littéraire de Claudel durant ces quelques mois passés à Paris avant de repartir pour Fou-Tchéou.



Paru en trois livraisons, dans les numéros de juin, juillet et août 1900 de la revue, L'Échange est repris l’année suivante dans le recueil, L’Arbre, qui constitue la première édition du Théâtre de Claudel. C’est le premier texte de l’auteur à être représenté, dans une mise en scène de Jacques Copeau, au Théâtre du Vieux-Colombier en 1914.



"Je me suis peint sous les traits d’un jeune gaillard qui vend sa femme pour retrouver sa liberté. J’ai fait du désir perfide et multiforme de la liberté une actrice américaine, en lui opposant l’épouse légitime en qui j’ai voulu incarner ‘la passion de servir’. En résumé, c’est moi-même qui suis tous les personnages, l’actrice, l’épouse délaissée, le jeune sauvage et le négociant calculateur" (lettre de Claudel à ses amis Marguerite Moreno et Marcel Schwob, 29 avril 1900).



Provenance : André Gide (envoi du manuscrit). -- Paul Petit (voir lot précédent).



Références : P. Brunel, L’Échange de Paul Claudel : Introduction, fragments inédits, variantes et notes. Paris, Les Belles Lettres, 1974.