Lot 152
  • 152

Guéridon en acier et monture de bronze doré avec un plateau en tôle vernie de la manufacture de vernis sur métaux de la rue Martel, d'époque néoclassique, début du XIXe siècle

Estimate
20,000 - 30,000 EUR
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Description

  • Haut. 71,5 cm, diam. 59,5 cm
  • Heght 28 1/4 in, diameter 23 1/2 in
le plateau circulaire orné d'une frise de postes noir et or sur fond vert d'eau et ceint d'une moulure, reposant sur trois montants cambrés encadrant un fût central et réunis par une entretoise terminée par trois pieds en griffe

Literature

Références bibliographiques:

Denise Ledoux-Lebard, “Noblesse de la tôle peinte“, Connaissance des arts, number 308, October 1977, p. 70-74.

Jean-Pierre Samoyault, “Chefs d’oeuvre en tôle vernie de l’époque consulaire et impériale (1801-1806)”, Revue du Louvre, number 5/6, 1977, p. 322-334.

A.Renner, Mobilier de métal de l'Ancien Régime à la Restauration, Saint-Rémy-en-l'Eau, 2009

Condition

The illustration is accurate. Good overall condition despite the inevitable scratches and marks throughout due to age and use. There are multiple minor scratches and a few minor losses on the top. The steel and the gilt bronze have been gently cleaned and it is no ready to use. Very elegant model
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Catalogue Note

Ce guéridon a été créé par la manufacture de vernis sur métaux de la rue Martel, qui était à l’époque la plus importante à Paris au début du XIXe siècle, tant pas son activité que par la qualité de sa production. Tout d’abord située à Bercy, cette manufacture déménagea rue de la Madeleine (actuelle rue de la Ville l’Evêque), puis au 15 rue Martel à la fin de l’année 1802.

Elle fut fondée à l’origine par Blaise-Louis Deharme, fils d’un topographe du roi qui dessina le plan de la ville et de la banlieue en 1763. Son atelier de Bercy se spécialisa dans les objets en tôle vernie, dorée et/ou peinte. La Révolution le contraint à réduire son activité mais il réussit à échapper à la faillite et son activité repartit sous le Directoire. Son premier succès eut lieu pendant la première exposition publique des produits de l’Industrie française sur le Champ de Mars en septembre 1798.  

 

Le jury distingua ainsi sa production : “Deharme. Bercy (Seine): divers ouvrages en tôle vernie ornés de dessins et peintures d’une grande beauté” (Deharme. Bercy (Seine). En 1799 (anVII), Deharme s’établit rue de la Madeleine. Son catalogue de l’époque indiquait qu’il produisait “tous les articles de chincaillerie, bijouterie et ornement qu’ont pu produire les manufactures anglaises en ce genre”, décorés par des “artistes recommandables dans la peinture de l’Histoire, de la miniature, du paysage, des fleurs, des fruits et de l’ornement”. Il précisait avoir déjà créé pas moins de deux milles pièces et détenir le secret du « vernis noir connu sous le nom de vernis perfectionné ou vernis par excellence, qui ne doit son éclat et son brillant non pas à une addition de couleur mais à l’action du feu, ce qui en garantit la durée”. Il donnait aussi un “état apperçu des divers articles en fer, tôle et cuivre, vernis et dorés, enrichis de figures, paysages, fleurs, fruits et ornemens”. Les objets les plus chers étaient des lits en fer (jusqu’à 4000 F), des baignoires et des vases de jardin formant fontaines et les appliques.

 

Deharme insistait sur le fait que son vernis pouvait être appliqué sur n’importe quel élément tel que des serrures, des accessoires de rideaux ou de cheminée. L’Etat lui passa commande pour l'Ecole Polytechnique, le Palais du Luxembourg et la Commission des poids et mesures. En retour, Deharme demanda un appartement financé par la Banque de France sur les recommandations de son banquier Récamier ainsi que des commandes de cadeaux diplomatiques auprès des cours étrangères. Le Ministère de l’Intérieur y répondit favorablement : “ Ce manufacturier mérite la préférence par les soins qu’il s’est donné pour élever en ce genre une manufacture qui honore les arts ; on lui doit des encouragements”.

 

Le 8 mai 1801, Chaptal commanda une monumentale table à thé, qui fut la première d’une importante série d’objets d’art de grandes dimensions à être produite par la manufacture.  Créée entre 1801 et 1802, cette table se trouve aujourd’hui dans l’appartement du Pape du château de Fontainebleau. En dépit de ces commandes d’Etat, Deharme connut des difficultés financières et il dut vendre sa manufacture à Antoine-François Dubaux en 1801 qui la renomma  “Deharme et Dubaux”. Deharme se vit quand même remettre la médaille d’or de la seconde  exposition publique des produits de l’industrie française qui eut lieu à Paris en septembre 1801.

 

 

 

La table à thé exposée dans la grande cour du Louvre en septembre 1802 fut récompensée par la mention honorable du jury : “Deharme et Dubaux, rue de la Madeleine à Paris, ont obtenu à toutes les expositions la distinction du premier ordre, pour avoir perfectionné l’art de vernir les tôles… Ces artistes se sont perfectionnés sous plusieurs rapports. Le jury a particulièrement remarqué la forme de leurs vases et la beauté de leurs vernis. Les citoyens Deharme et Dubaux ont véritablement porté cet art à un point de perfection inconnu avant eux”.

 

Accablée par des problèmes financiers, la société « Deharme et Dubaux” déménagea rue Martel vers la fin 1802 et changea de statut sous le nom « B.L. Deharme, Dubaux et compagnie » en 1803. Rachetée en janvier 1804, les nouveaux propriétaires laissèrent Deharme comme directeur de la manufacture. Bonaparte accorda un prêt de 100 000 F en mars 1804 à la société et il commanda deux vases monumentaux qui sont conservés aujourd’hui au Louvre. Ce patronage et ces commandes permirent à la manufacture de prospérer et elle fut rachetée en 1812 par Tavernier & Co. Elle continua jusqu’en 1823.