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Importante paire de marquises à dossier plat ou causeuses en bergère en bois doré d’époque Louis XVI, vers 1784, attribuée à Georges Jacob, provenant du comte de Vaudreuil
Description
- giltwood
- Haut. 97 cm ; larg. 92 cm
- Height 38 1/4 in; width 36 1/4 in
Provenance
-Achat du Garde-Meuble de la couronne en 1788
-Probablement utilisées par Thierry de Ville-d'Avray, pour l'ameublement de la chambre de son épouse, dans l'hôtel du Garde-Meuble, place Louis XV à Paris entre 1788 et 1791
-Placées pour le service de la reine Marie-Antoinette dans « le Grand Cabinet qui précède la chambre au rez-de-chaussée » du château des Tuileries en 1791
-Placées au palais du Luxembourg pour l’ameublement du Directoire Exécutif, en 1795-1799
Literature
P. Verlet, Le mobilier royal français, Paris, 1990, vol. I, n°39, p. 112-114
B. G. B. Pallot, Le Mobilier du Musée du Louvre, Paris, 1993, vol. II, pp. 152-154
Condition
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Catalogue Note
Ces sièges sont très proches du mobilier comprenant soixante-deux pièces réalisé par Georges Jacob en 1787 pour le Salon des Jeux du roi Louis XVI au château de Saint-Cloud. Le décor sculpté constitué d’une frise d’entrelacs enrichis au centre d’une fleur et d’une bordure de rais de cœur fut repris par Jacob sur plusieurs mobiliers destinés à d’autres commanditaires de l’entourage royal. Les principales variantes se trouvent dans l’ornementation des pieds, le motif de cordelette tressée sur le haut du pied permettant d'isoler un ensemble et de l'identifier au "mobilier Vaudreuil".
Cette paire de marquises ou causeuses en bergère appartient au "mobilier Vaudreuil", identifié par Pierre Verlet et que l’on reconnait sur le portrait du comte peint par Elisabeth Vigée Lebrun en 1784, aujourd’hui conservé au Virginia Museum of Fine Arts à Richmond.
L’identification repose sur l’histoire du mobilier Vaudreuil, certainement réalisé par Georges Jacob et livré vers 1784 au comte de Vaudreuil, Grand Fauconnier de France. Cet intime de la reine Marie-Antoinette et du frère du roi, le comte d’Artois, avait eu en 1784 des problèmes financiers et avait vendu la majeure partie de sa galerie de peintures lors d’une vente le 24 novembre de la même année. En 1788, ruiné par la chute de Calonne, il chercha à vendre son mobilier et le vaste ensemble de son salon fut acheté par le Garde-Meuble.
Il était précisément décrit avec l’estimation faite pour le compte de M. de Vaudreuil et celle faite par le vérificateur dans l’état des meubles à vendre chez M. de Vaudreuil…Grand Sallon :
Meuble de velours vert galonné en or, bois sculpté et doré.
10 grands fauteuils galonnés à la Bourgogne……………..7.000…………….4.000
8 fauteuils courants galonnés id…………………………………3.900…………….2.000
6 autres id. et à carreaux galonnés id…………………………3.400…………….1.800
6 chaises garnies id et galonnées………………………..……..1.760…………….1.440
2 causeuses à carreaux galonnées id…………………1.800………1.060
6 voyeuses de diverses formes id…………………………..……2.460…………….1.320
Plus les bois de 2 paravents sculptés et dorés,
pareils au meuble du salon…………………………………………2.000…………….2.000
L’ensemble est conservé tel quel jusqu’en 1791, puis augmenté d’une paire de canapés commandés à Sené et Laurent sur le modèle d’un fauteuil Vaudreuil sorti du Garde-Meuble pour servir de modèle aux canapés destinés au Grand Cabinet de Marie-Antoinette aux Tuileries.
Mémoire de Sené, n°74. 25 juillet 1791 : 2 canapés, de 4 pieds environ, en forme de tête à tête, pour être à carreaux, conformes aux mesures données et de profil conforme au model de fauteuil……. dont l’origine est précisée dans le mémoire de Le Vasseur, du 25 juillet 1791, n° 74 : Faire rentrer au magazin l’ancien meuble de la Reine, lorsque le nouveau sera placé ; délivrer pour le nouveau meuble les sièges dorés du meuble Vaudreuil, retirer les étoffes en velours vert et galons d’or, en garnir en papier et conserver, à savoir : 2 causeuses à carreaux, 10 fauteuils garnis, 14 cabriolets dont 6 à carreaux, 6 chaises garnies, 4 voyeuses à genouil dont 2 à dossiers à jour et 2 paravents de 4 feuilles à charnières en cuivre doré
Le velours galonné vert fut enlevé et remplacé par « un damas lampas bleu, gris et blanc ….desseins à culops» de la fabrique de Fontebrune, et le meuble complété d’une chaise haute pour le roi et de deux tabourets de pieds, sur un modèle plus simple ainsi que deux bergères. L’ordre donné à Verdin, pour les travaux de garniture n°74, toujours le 25 juillet énumère l’ensemble du meuble, dont les 2 canapés commandés à Sené et Laurent, et toujours les 2 causeuses en bergères.
Toute la série est envoyée à Paris au château des Tuileries pour meubler « le Grand Cabinet qui précède la Chambre au rez-de-chaussée ».
Les marquises furent ensuite placées au palais du Luxembourg sous le Directoire Exécutif, comme une partie semble-t-il, du mobilier du Salon des Jeux du château de Saint-Cloud.
La marque DE (Directoire exécutif)
Après la dissolution du Garde-Meuble royal, la nouvelle administration chargée de meubler le palais du Luxembourg désormais dévolu au nouveau pouvoir exécutif, puisa dans les réserves de la République. Le dépôt de l'hôtel de l'Infantado (hôtel Saint-Florentin) mais également de l'hôtel de Nesles furent mis à contribution. Le mobilier fut marqué mais cette marque fut apposée pendant quatre ans, entre la Terreur et le Consulat, soit entre 1795 et 1799. Les inventaires disparurent, brûlés pendant l'incendie du palais des Tuileries en 1871, il nous est donc impossible de retracer précisément l'histoire de cette paire de marquises lors de son passage au Luxembourg. Une commode de Riesener, provenant du château de Fontainebleau au XVIIIe siècle et marquée DE, fut vendue chez Christie's à Paris le 16 décembre 2002, lot 260 ; un fauteuil attribué à Georges Jacob faisant partie de l'ancienne collection Léon Levy fut vendu chez Sotheby's à Paris, le 2 octobre 2008, lot 49.
Le mobilier Vaudreuil fut ensuite dispersé entre Versailles, Fontainebleau et le Mobilier national.
Un des canapés livrés à Marie-Antoinette pour compléter l'ensemble, aujourd’hui recouvert de tapisserie de Beauvais, est conservé à Versailles avec un fauteuil.