Lot 71
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Paire de pots-pourris en porcelaine dure de Meissen "Maiblumen", vers 1748-1752, à monture de bronze doré d'époque Louis XV attribuée à Jean-Claude Duplessis

Estimate
120,000 - 180,000 EUR
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Description

  • porcelain giltbronze
  • Haut. 40 cm, larg. 31 cm
  • Height 15 3/4 in; width 12 1/4 in
en porcelaine à myosotis en relief, la panse ornée de chaque côté d'un cartouche avec une scène dans le genre de Watteau ; ornementation de bronze doré, anses feuillagées et gorge ajourée ; reposant sur une base ornée de volutes et rinceaux d'acanthe

Provenance

Très certainement la collection du financier Nicolas Beaujon, banquier de la Cour, dans son hôtel particulier, l’hôtel d’Evreux, aujourd’hui le palais de l’Elysée jusqu’en 1787

Vente de la collection de Nicolas Beaujon à Paris, le 25 avril 1787, lot 346

Literature

S. M. Bennett et C. Sargentson, French Art of the Eighteenth century at the Huntington, 2008, n° 56, pp.160-161

F. J. B. Watson, The Wrightsman Collection, vol. II, New York, 1966, n° 267, A-B, pp. 474-475

P. Hughes, The Wallace Collection Catalogue of Furniture, Londres, 1996, vol. III, n° 278, pp. 1353-1361

Condition

Illustration is accurate. Rare and attractive pair of objects, also a rediscovery as it has been now identified as part of the Nicolas Beaujon garniture. Porcelain : overall condition is fine except on one vase (the one on page 123) where the body has a very minor chip to the edge of the central cartouche which continues as an hairline crack - it is visible on the image. On the other there is also a hairline crack but less visible because it goes under one handle (from top of body to middle). Otherwise overall condition is fine. The mounts : very attractive design, attributed to Duplessis. They have been slightly cleaned up at one stage and are quite bright. Very nice chasing and gilding. With minors stains. Overall condition is fine for this rare pair of pots-pourris. To recommend.
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Catalogue Note

La garniture Beaujon

 

Nicolas Beaujon (1718-1786), originaire de Bordeaux, receveur des finances de la généralité de Rouen, s'était puissamment enrichi dans des spéculations sur les céréales, suivies de judicieux placements financiers. Les opérations financières menées avec succès par Nicolas Beaujon, lui permirent d'accéder à un poste très important : celui de banquier du Roi et de la Cour en 1770, puis fermier général et conseiller d'État sous Louis XV.

En 1773, Beaujon achète l'hôtel d'Évreux (actuel palais de l'Élysée) qu'il fait transformer par l'architecte Étienne-Louis Boullée. La collection réunie par Nicolas Beaujon à l'hôtel d'Évreux suscitait l'admiration de ses contemporains qui énuméraient les peintures de maîtres, les bronzes dorés et les porcelaines qui ornaient ses appartements. Beaujon avait réuni une collection de porcelaines d'une incroyable variété de formes et de couleurs qui produisaient un effet des plus élégants dans ses intérieurs : Japon, Chine, Sèvres et Saxe.

Un vase, vendu à Paris, palais Galliera le 20 juin 1968, lot 2, puis identifié par Patrick Leperlier dans la collection Riahi (vente Christie’s New York, le 2 novembre 2000, lot 16) comme étant celui de la collection du financier Beaujon, est mentionné dans sa vente le 25 avril 1787 :

345- Un vase à petites fleurs bleu de relief, à cartouches à miniature, orné de gorge, anses et pied en bronze doré. Hauteur 15 pouces 6 lignes  (soit environ 40 cm).

Le lot suivant décrit une paire de pots-pourris  (vases rond et gorge à jour) :

346- Deux vases ronds, aussi à fleurs (bleu de relief) et miniature, garnis de bouton, gorge à jour, anses & pied à ornements en bronze doré.

L’ensemble, formant une garniture de trois vases, est vendu au marchand Boileau pour 242 livres.

 

Avec les deux autres paires de pots-pourris  en porcelaine à fond  Maïblumen  et cartouches à miniatures référencées aujourd’hui (celle du Metropolitan Museum et celle conservée au musée de Cleveland), seule la paire de la collection Dillée possède une base en bronze doré identique à celle du vase Beaujon-Riahi.

 

Les porcelaines de Meissen  Maïblumen  à cartouches « Watteau »

Ce type de porcelaine à fond de myosotis en relief et cartouches d’après des compositions de Watteau  est relativement rare comme le souligne F. J. Watson (op. cit.). Il semblerait d’ailleurs que certaines formes de porcelaines  aient été réalisées uniquement pour être montées, comme les vases Huntington ou les couvercles de nos pots-pourris qui n’ont pas été coupés pour adapter leur monture.

Des pièces à mettre en rapport sont conservées dans les plus grandes collections :

- une paire d’aiguières, collection Wallace, Londres

- une garniture de garniture de trois vases au Victoria & Albert Museum, Londres (comprenant un seul pot-pourri,  plus petit, ce qui exclut la provenance Beaujon)

- une paire de vases, collection Huntington en Californie, inv. 27.25 et 26

- une paire de pots-pourris, collection Wrightsman conservée au Metropolitan Museum 

- une paire de pots-pourris, Cleveland Museum of art, fonds J. H. Wade, inv. 44.229 et 230

- le pot-pourri à bouquet vendu à Paris, étude Fraysse et Associés, le 9 avril 2014, lot 153

 

Les quatre cartouches animés de personnages sont directement inspirés de gravures réalisées d'après Watteau et Nicolas Lancret qui reprennent entièrement ou partiellement des compositions des artistes comme "Pour garder l'honneur d'une belle ", "La récreation italienne", "Le glorieux".

 

La marquise de Pompadour a possédé des porcelaines de Meissen de ce type montées en bronze doré comme l’atteste le Livre-Journal de Lazare Duvaux qui lui vend le 1er septembre 1750 « Un pot-pourri de Saxe  peints de sujets de Watteau, garni en bronze doré d’or moulu pour 120 livres » suivi en juin 1752 pour la seconde pièce de la bibliothèque du château de Crécy : 1138. « Quatre vases égaux de porcelaine de Saxe à fleurs de relief, avec des cartouches de miniatures, montés en bronze doré d’or moulu, à 475 livres, 1900 livres- Un autre vase, même porcelaine, 520 livres »

 

Comme nous l’avons évoqué, ce type de porcelaine était principalement destiné à être monté en bronze doré, certainement sous l’impulsion d’un marchand-mercier comme l’avance C. Sargentson, cette hypothèse étant confirmée par les mentions dans le Livre Journal de Lazare Duvaux. Ce marchand-mercier collaborait avec le bronzier Jean-Claude Duplessis (1695-1774) qui pourrait être l’auteur de la monture. En effet « Le marquis [d’Argenson] achetoit furtout chez Duvaux de la porcelaine Céladon garnie de pieds & d montures de bronze doré ; Plus fouvent, poffeffeur de pièces de choix, il chargeoit Duvaux de les monter. Celui-ci le mit en rapport avec le célèbre modeleur Dupleffis, qui, attaché à la manufacture de sèvres, a donné fon nom à une forme de faves et d’affiettes ».

Au-delà de ce lien entre Duvaux et Duplessis, plusieurs pièces citées possèdent les mêmes caractéristiques stylistiques elles-mêmes souvent rattachées au bronzier à travers le vase Duplessis (voir L. H. Roth, French Eighteenth-Century Porcelain at the Wadsworth Atheneum, 2000, n° 59, pp. 103-108).