Lot 160
  • 160

Louis Carrogis dit Carmontelle

Estimate
70,000 - 90,000 EUR
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Description

  • Louis Carrogis dit Carmontelle
  • Mesdames de Blot, d'Egmont et de Brionne
  • Sanguine, pierre noire, aquarelle et gouache, sur deux feuilles 
    Porte des numéros à la plume et encre brune 1.2.3.
    Sous le passe-partout actuel, le dessin est présenté dans un passe-partout ancien. Au dos, porte une inscription à la plume et encre brune : Mme de Brionne est en robe grise sur le / canapé. Mme de Blot en robe blanche assise / sur le canapé fait la lecture et Mme d’Egmont / en robe grise est assise sur le tabouret.
    L’ancien montage est partiellement collé sur une page de l’album de la famille Orléans, délié aujourd’hui, et annotée ultérieurement à la plume et l’encre brune avec le nom des personnages, et quelques corrections et porte des numéros à la pierre noire 22, 37 et N°6.
  • 322 x 223 mm

Provenance

Collection de l’artiste avant 1807 ;
Très probablement acquis par Richard de Lédans en marge de la vente après décès de Carmontelle, le 17 avril 1807 au 22 rue Vivienne, car partie du groupe des « 750 portraits en pied … C’est en raison de la place que mérite ce grand Ouvrage, qu’il sera suspendu à la Vente publique, jusqu’à ce que des circonstances favorables se présentent. » ;
Très probablement collection Pierre De la Mésangère après 1816 ;
Probablement obtenu de ce dernier par la famille d’Orléans ;
Dépôt de la famille d’Orléans au Musée du Louvre avant 1847 (voir lettre du directeur Alphonse de Cailloux, dit Cailleux, partie du lot n°155) ;
Restitué à la famille d’Orléans entre 1850 et 1852 (voir Compte de la liquidation de la liste civile et du domaine privé du roi Louis-Philippe, rendu par M. Vavin, liquidateur général, le 30 décembre 1851, Paris, Noblet, 1852).

Literature

G. Lagardère, G. Rousset-Charny, Les quatre saisons de Carmontelle, Musée de l’Île de France, Paris, 2008, p. 187 repr.

Condition

Laid down on an old mount, which has in turn been adhered along its left edge to an album page. The work is made up of two main sheets, with two further strips of paper added, in all likelihood by the artist, to the top and bottom. There is some slight yellowing to the sheet and a narrow band of discolouration, most probably created by the current mount, running along the upper edge of the sheet. There is a small joining mark that runs vertically down the left side of the sheet, where the two sheets meet and two horizontal joins to the top and bottom. There is evidence of some very light foxing to the upper centre and very minor surface dirt throughout. The medium itself remains predominantly strong throughout. Sold in a modern giltwood frame.
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Catalogue Note

Cécile-Pauline Charpentier d’Ennery (ca. 1733 – après 1800), comtesse de Blot (assise au milieu du canapé) passait pour la plus belle femme de la Cour. Elle avait épousé le comte de Blot, Gilbert de Chauvigny en 1749 et était ainsi devenue la dame de compagnie de la duchesse d’Orléans, Marie-Adélaïde de Bourbon (1753-1821). Les mémorialistes qui ont côtoyé la famille d'Oléans au XVIIIe siècle — qu’il s’agisse de la baronne d’Oberkirch ou de Madame de Genlis — racontaient toutes sortes d’anecdotes pittoresques à son sujet. Un épisode particulièrement savoureux avait en effet amusé des mois durant la Cour. La baronne d’Oberkirch raconte : « Elle [Madame de Blot ] voulait absolument n’être qu’une essence éthérée, quelque chose d’aérien, de transparent, une ombre » rapportait ainsi la baronne de cette femme « dont la prétention était de ne vivre que d’ambroisie et qu’on avait surprise dans son arrière cabinet, dévorant des côtelettes ! »[1]. La comtesse de Blot eut visiblement les plus grandes difficultés à se remettre de cette humiliation tant elle était emprunte d’une préciosité exagérée et s’imaginait bien au-dessus de ces vulgarités animales. Madame de Genlis rappela également dans ses Mémoires les attitudes étudiées de cette femme lorsqu’elle se trouvait en société : « quand elle voulait paraître et briller, elle devenait affectée, elle dissertait au lieu de causer, elle soutenait des thèses fort ennuyeuses sur la sensibilité et l’élévation des sentiments (…) quand elle se trouvait dans l’intérieur d’une petite société, et sans prétention, elle était gaie, rieuse, naturelle, et fort aimable »[2].
Certes, partager le quotidien de la plus grande aristocratie ne devait guère être tâche aisée, et même les jeunes femmes bien nées et bien mariées se sentaient probablement une obligation de maintien, d’impeccabilité des mœurs et d’esprit, parfois pesante.
Carmontelle en capturant — comme à son habitude — ce moment d’intimité entre ces trois jeunes femmes, présente en une sorte d’instantané volé une tendre conversation de ce petit gynécée ayant les verdures du Palais-Royal pour décor. Loin d’une réception guindée, ces trois femmes semblent simplement occupées à leur lecture, confortablement installées dans ce canapé molletonneux posé sur un fin parquet dessiné avec précision par Carmontelle.

Le dessinateur fera un portrait isolé de cette comtesse, tout de même surnommée « le canal des grâces » par les chroniqueurs de l’époque moins jaloux de ses attraits, et aujourd’hui conservé à Chantilly (Inv. Car. 216) avec un autre portrait représentant notre comtesse en compagnie de la marquise de Barbantane (Inv. Car. 217).

[1]. Henriette Louise von Waldner Oberkirch [baronne d'], Mémoires sur la cour de Louis XVI et la société française: avant 1789, Meline, Cans et compagnie, 1834, p. 223-224
[2] Madame de Genlis, Mémoires, Le Temps retrouvé, Mercure de France, 2004, Paris, p. 195

Carmontelle ; Mesdames de Blot, d'Egmont and de Brionne ; Red and black chalk, watercolour and gouache, on two joined sheets of paper ; Under the current mount, the drawing is laid down on an old mount. Bears numbering in pen and brown ink: 1.2.3. The drawing is laid down on an old mount, partly cut. Bears inscription in pen and brown ink on the backing. The drawing is partly attached to a page from the Orléans album, now dismantled, which bears a pen and brown ink inscription with the names of the sitters and black chalk numberings: 22, 37 et N°6.

Cécile-Pauline Charpentier d’Ennery (ca. 1733- after 1800), comtesse de Blot, sits at the centre of the sofa. Considered one of the most beautiful woman at Court, she was a lady in waiting to the duchesse d’Orléans, Marie-Adélaïde de Bourbon (1753-1821). Known for her vanity, she was mocked by other ladies of the Court, including Madame de Genlis or la Baronne d’Oberkirch. Cécile-Pauline could also apparently be presumptuous and claimed to live only for literature. Madame de Genlis recounted how boring she could be in grand society when she wanted to be noticed. On the other hand, again according to Madame de Genlis, she was likeable, happy and natural when she found herself in smaller gatherings.
Carmontelle depicts with great sensitivity this intimate reunion of women, all comfortably seated on a voluptuous sofa, far from the stiff conventions of the Court and quietly reading with the Palais-Royal as a backdrop.