- 160
Mallarmé, Stéphane
Estimate
60,000 - 80,000 EUR
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Description
- Mallarmé, Stéphane
- Premier état d’un Un coup de Dés jamais n’abolira le Hasard. manuscrit autographe. [Février ou avant le 5 mars 1897].
- ink on paper
3 p. in-8 (203 x 151 mm). Montées sur onglets dans un volume in-8 (234 x 165 mm). Bradel demi-maroquin taupe avec coins, titre doré (Leca). Pages de titre calligraphiées de la main d’Henry Charpentier.
Exceptionnel avant-texte autographe d’Un coup de dés.
Très spontané et aérien, le manuscrit montre déjà non seulement une disposition spatiale des mots, mais aussi un jeu sur le corps des caractères. D'aucuns ont émis l'idée que le poème -- véritable "Confrontation avec le cosmos ou la cosmogonie de l'esprit" -- avait pu être inspiré par le titre même de la revue où il devait être publié, Cosmopolis. Le texte a été entièrement barré par l’auteur, à l’encre puis au crayon rouge.
De lecture peu aisée, le texte du manuscrit en a été totalement retranscrit par B. Marchal, qui propose l’ordre de lecture suivant des feuillets : f. 1v°, f. 1r° puis f. 2v° (Œuvres complètes, I, retranscription linéaire p. 404-406 et retranscription diplomatique p. 1074-1076). Le premier feuillet livre ce texte :
"Que l’abîme
épandue hors de lui-même
hors de lui-même
bondissant (débordant) en tant qu’une
aile de navire
la quille
dans une contradiction
perpétuelle qu’elle souligne
et refoulant son mystère
à la fin".
L’expression "coup de dés" apparaît à deux reprises : "de quelque coup de dé humain" et "reléguée le vain coup de dés -- reléguée -- le -- nombre stellaire".
Antérieure au manuscrit envoyé à Cosmopolis avant le 5 mars 1897, aujourd'hui perdu, cette toute première version a pu être écrite à la période à laquelle Mallarmé écrivit à Laurent Tailhade : "Il faut que je livre, la semaine prochaine [...] un poème de dix pages" (le 6 février 1897).
Expositions : Mallarmé, Musée d'Orsay, 1998, cat. 336 ; les 2 feuillets de manuscrit du poème sont reproduits (ill. 6).
[Montées sur onglets :]
- Premier jet de la préface. 1 p. (f. 2r°). À l’encre. Très abondantes ratures. "Voici un poème conçu puis exécuté selon des habitudes en vérité tout à fait différentes d’autres qui défraient notre tradition. La parole se profère en tant que sons à l’intelligence, dans l’air, pour ainsi dire et musicalement ; or que dans un cas elle requière la blancheur du papier, dépossédé celui-ci de sa fonction de surface ou présenter uniquement à l’œil des images, alors la parole ne doit-elle pas remplacer celles-ci à sa façon, moins tangiblement par un texte ou littérairement. Quelque suite d’imagi [fin manquante]".
Très différent de l’introduction qui sera publiée, le texte de cette page est retranscrit dans le Dossier concernant Un coup de Dés des Œuvres complètes (I, p. 403, et avec les variantes p. 1073).
- Brouillon autographe de la "Note de la rédaction". [Fin avril 1897]. Une p. in-8 (212 x 135 mm). À l’encre, d’une écriture lisible.
Exigée par la rédaction de Londres comme l’explique Lichtenberger dans sa lettre du 29 avril 1897 (cf. infra), Mallarmé en a rédigé le texte en accommodant à sa manière le canevas en "style administratif" que lui avait fourni Lichtenberger. "Dans cette œuvre d’un caractère entièrement nouveau, le poëte s’est efforcé de faire de la musique avec des mots. Une espèce de leitmotiv général qui se déroule constitue l’unité du poème : des motifs accessoires viennent se grouper autour de lui. La nature des caractères employés et la position des blancs suppléent aux notes et aux intervalles musicaux." (Repris dans Œuvres complètes, I, p. 392).
- Épreuve de l’"Observation relative au poème Un Coup de Dés…". [Fin avril-mai 1897]. 2 feuillets, contrecollés, corrections autographes typographiques et orthographiques. Elle ne présente pas encore la "Note de la rédaction".
[Avec :] Version définitive, telle que publiée, avec la Note en bas de la première page. Un feuillet imprimé recto-verso.
- Pages du poème tel que paru dans Cosmopolis, 4 feuillets imprimés recto-verso et un feuillet imprimé sur le recto, contrecollé sur un feuillet blanc ; mis au format.
- LICHTENBERGER, André. 8 lettres autographes signées à Stéphane Mallarmé, et une carte annotée. 12 p. in-8 (210 x 135 mm), à en-tête de la revue Cosmopolis. 6 enveloppes autographes (sur l'une, Mallarmé a écrit l'adresse de Lichtenberger).
Lettres du secrétaire de Cosmopolis concernant la publication d’Un coup de Dés. À défaut des lettres perdues de Mallarmé, ces lettres permettent de suivre l’avancement de la publication, jusqu’à la veille de sa parution dans le numéro de Cosmopolis de mai 1897.
21 octobre 1896. Secrétaire à Paris de Cosmopolis, Lichtenberger demande à Mallarmé sa contribution à Cosmopolis. "Il a été assez souvent parlé de notre revue dans ces derniers temps. Un grand nombre d’écrivains de talent sont déjà honorés de leur collaboration. Peut-être voudrez-vous bien tenir leurs noms pour des "introducteurs" suffisants. Notre revue est complètement éclectique et n’entend être dogmatique d’aucune manière. Aussi ai-je été touché d’un reproche qui nous a été adressé, et qui est de n’avoir pas fait jusqu’ici de place chez nous à la nouvelle école littéraire et particulièrement poétique. [...] Voulez-vous nous faire l’honneur d’être des nôtres et de publier dans Cosmopolis une poésie ou telle autre pièce que vous voudrez nous donner ?". -- 26 octobre 1896. Très heureux de la promesse que lui a faite Mallarmé, Lichtenberger évoque alors les circonstances précises de la publication, les délais d’impression, etc. "Notre impression se faisant à Londres, nous sommes obligés d’avoir la copie presque un mois d’avance : c’est vous dire que nous vous prions de nous faire parvenir votre morceau aussitôt qu’il sera possible." -- 19 novembre 1896. Lichtenberger assure que Mallarmé et Moréas seront parmi les collaborateurs officiels des prochains numéros de Cosmopolis. Il compte d’ailleurs demander à Mallarmé de prendre dans "un article de critique la défense des nouvelles écoles littéraires françaises." -- 15 décembre 1896. Il informe Mallarmé des conditions financières de leur collaboration : "40 Fr la page pour des vers ; 20 Fr la page pour de la prose. Nos pages sont sensiblement égales à celles de la Revue de Paris." Accepte-il de lui "donner prochainement la pièce de vers dont vous [il lui avait] parlé, et plus tard l’étude en prose dont il avait également été question" ? -- 18 décembre 1896. À propos de la souscription pour un monument dédié à Stevenson. -- 19 janvier 1897 (cachet). Carte de visite d'André Lichtengerger (et enveloppe), avec cette annotation autographe : "avec ses très vifs remerciements et l'hommage de son admiration". -- 8 février 1897. Lichtenberger ne peut assurer que le poème sera imprimé pour le 1er mars [1897], "tant notre impression à Londres nous rend lents". L’impression est donc reportée à avril. -- 4 mars 1897 [le 5 est corrigé en 4]. "J’ai envoyé à Londres votre manuscrit. Il paraît que l’originalité de sa forme a soulevé certaines protestations de notre éditeur anglais : il a craint que notre public un peu "conservateur" en matière d’art, et en majorité incomplètement initié à l’harmonie et à l’esthétique de la poésie française moderne ne fût déconcerté par la nouveauté de votre essai. Ses inquiétudes ont été jusqu’à faire impression sur mon directeur et ami M. Ortmans qui, je me hâte de le dire, n’a pas encore eu entre les mains votre manuscrit. J’ai vivement protesté contre cette manière de voir, et en faveur de l’indépendance et de l’éclectisme complets qui doivent selon moi être la règle de notre revue, je lui ai démontré combien votre tentative était nouvelle et originale, et devait être jugée ainsi même par ceux qui ne s’y rallieraient pas". Mallarmé devrait en recevoir prochainement les épreuves. -- 29 avril 1897. "On exige de Londres une petite note de la rédaction qui empêche nos lecteurs les plus "conservateurs" de se rebiffer de l’étrangeté typographique de votre poème. Je n’en vois pas l’opportunité. Il me faut pourtant m’incliner. Voici en style administratif le brouillon de la note demandée. Je tiens qu’elle vous passe sous les yeux afin que je puisse effacer tel mot qui vous déplairait". Finalement, Mallarmé réécrira lui-même cette "note de la rédaction", dont le brouillon est relié dans ce même volume (cf. supra).
Les réponses de Mallarmé sont perdues (à l’exception celle à la lettre du 4 mars).
Références : Œuvres complètes, I, p. 392, 403-406, 1073-1076 et notes p. 1315-1319, 1325 et 1327. -- Mallarmé, Un coup de Dés… La Table Ronde, 2007. Edition en fac-similé du manuscrit et des épreuves. Reproduction de 19 pages du manuscrit et des épreuves.
Exceptionnel avant-texte autographe d’Un coup de dés.
Très spontané et aérien, le manuscrit montre déjà non seulement une disposition spatiale des mots, mais aussi un jeu sur le corps des caractères. D'aucuns ont émis l'idée que le poème -- véritable "Confrontation avec le cosmos ou la cosmogonie de l'esprit" -- avait pu être inspiré par le titre même de la revue où il devait être publié, Cosmopolis. Le texte a été entièrement barré par l’auteur, à l’encre puis au crayon rouge.
De lecture peu aisée, le texte du manuscrit en a été totalement retranscrit par B. Marchal, qui propose l’ordre de lecture suivant des feuillets : f. 1v°, f. 1r° puis f. 2v° (Œuvres complètes, I, retranscription linéaire p. 404-406 et retranscription diplomatique p. 1074-1076). Le premier feuillet livre ce texte :
"Que l’abîme
épandue hors de lui-même
hors de lui-même
bondissant (débordant) en tant qu’une
aile de navire
la quille
dans une contradiction
perpétuelle qu’elle souligne
et refoulant son mystère
à la fin".
L’expression "coup de dés" apparaît à deux reprises : "de quelque coup de dé humain" et "reléguée le vain coup de dés -- reléguée -- le -- nombre stellaire".
Antérieure au manuscrit envoyé à Cosmopolis avant le 5 mars 1897, aujourd'hui perdu, cette toute première version a pu être écrite à la période à laquelle Mallarmé écrivit à Laurent Tailhade : "Il faut que je livre, la semaine prochaine [...] un poème de dix pages" (le 6 février 1897).
Expositions : Mallarmé, Musée d'Orsay, 1998, cat. 336 ; les 2 feuillets de manuscrit du poème sont reproduits (ill. 6).
[Montées sur onglets :]
- Premier jet de la préface. 1 p. (f. 2r°). À l’encre. Très abondantes ratures. "Voici un poème conçu puis exécuté selon des habitudes en vérité tout à fait différentes d’autres qui défraient notre tradition. La parole se profère en tant que sons à l’intelligence, dans l’air, pour ainsi dire et musicalement ; or que dans un cas elle requière la blancheur du papier, dépossédé celui-ci de sa fonction de surface ou présenter uniquement à l’œil des images, alors la parole ne doit-elle pas remplacer celles-ci à sa façon, moins tangiblement par un texte ou littérairement. Quelque suite d’imagi [fin manquante]".
Très différent de l’introduction qui sera publiée, le texte de cette page est retranscrit dans le Dossier concernant Un coup de Dés des Œuvres complètes (I, p. 403, et avec les variantes p. 1073).
- Brouillon autographe de la "Note de la rédaction". [Fin avril 1897]. Une p. in-8 (212 x 135 mm). À l’encre, d’une écriture lisible.
Exigée par la rédaction de Londres comme l’explique Lichtenberger dans sa lettre du 29 avril 1897 (cf. infra), Mallarmé en a rédigé le texte en accommodant à sa manière le canevas en "style administratif" que lui avait fourni Lichtenberger. "Dans cette œuvre d’un caractère entièrement nouveau, le poëte s’est efforcé de faire de la musique avec des mots. Une espèce de leitmotiv général qui se déroule constitue l’unité du poème : des motifs accessoires viennent se grouper autour de lui. La nature des caractères employés et la position des blancs suppléent aux notes et aux intervalles musicaux." (Repris dans Œuvres complètes, I, p. 392).
- Épreuve de l’"Observation relative au poème Un Coup de Dés…". [Fin avril-mai 1897]. 2 feuillets, contrecollés, corrections autographes typographiques et orthographiques. Elle ne présente pas encore la "Note de la rédaction".
[Avec :] Version définitive, telle que publiée, avec la Note en bas de la première page. Un feuillet imprimé recto-verso.
- Pages du poème tel que paru dans Cosmopolis, 4 feuillets imprimés recto-verso et un feuillet imprimé sur le recto, contrecollé sur un feuillet blanc ; mis au format.
- LICHTENBERGER, André. 8 lettres autographes signées à Stéphane Mallarmé, et une carte annotée. 12 p. in-8 (210 x 135 mm), à en-tête de la revue Cosmopolis. 6 enveloppes autographes (sur l'une, Mallarmé a écrit l'adresse de Lichtenberger).
Lettres du secrétaire de Cosmopolis concernant la publication d’Un coup de Dés. À défaut des lettres perdues de Mallarmé, ces lettres permettent de suivre l’avancement de la publication, jusqu’à la veille de sa parution dans le numéro de Cosmopolis de mai 1897.
21 octobre 1896. Secrétaire à Paris de Cosmopolis, Lichtenberger demande à Mallarmé sa contribution à Cosmopolis. "Il a été assez souvent parlé de notre revue dans ces derniers temps. Un grand nombre d’écrivains de talent sont déjà honorés de leur collaboration. Peut-être voudrez-vous bien tenir leurs noms pour des "introducteurs" suffisants. Notre revue est complètement éclectique et n’entend être dogmatique d’aucune manière. Aussi ai-je été touché d’un reproche qui nous a été adressé, et qui est de n’avoir pas fait jusqu’ici de place chez nous à la nouvelle école littéraire et particulièrement poétique. [...] Voulez-vous nous faire l’honneur d’être des nôtres et de publier dans Cosmopolis une poésie ou telle autre pièce que vous voudrez nous donner ?". -- 26 octobre 1896. Très heureux de la promesse que lui a faite Mallarmé, Lichtenberger évoque alors les circonstances précises de la publication, les délais d’impression, etc. "Notre impression se faisant à Londres, nous sommes obligés d’avoir la copie presque un mois d’avance : c’est vous dire que nous vous prions de nous faire parvenir votre morceau aussitôt qu’il sera possible." -- 19 novembre 1896. Lichtenberger assure que Mallarmé et Moréas seront parmi les collaborateurs officiels des prochains numéros de Cosmopolis. Il compte d’ailleurs demander à Mallarmé de prendre dans "un article de critique la défense des nouvelles écoles littéraires françaises." -- 15 décembre 1896. Il informe Mallarmé des conditions financières de leur collaboration : "40 Fr la page pour des vers ; 20 Fr la page pour de la prose. Nos pages sont sensiblement égales à celles de la Revue de Paris." Accepte-il de lui "donner prochainement la pièce de vers dont vous [il lui avait] parlé, et plus tard l’étude en prose dont il avait également été question" ? -- 18 décembre 1896. À propos de la souscription pour un monument dédié à Stevenson. -- 19 janvier 1897 (cachet). Carte de visite d'André Lichtengerger (et enveloppe), avec cette annotation autographe : "avec ses très vifs remerciements et l'hommage de son admiration". -- 8 février 1897. Lichtenberger ne peut assurer que le poème sera imprimé pour le 1er mars [1897], "tant notre impression à Londres nous rend lents". L’impression est donc reportée à avril. -- 4 mars 1897 [le 5 est corrigé en 4]. "J’ai envoyé à Londres votre manuscrit. Il paraît que l’originalité de sa forme a soulevé certaines protestations de notre éditeur anglais : il a craint que notre public un peu "conservateur" en matière d’art, et en majorité incomplètement initié à l’harmonie et à l’esthétique de la poésie française moderne ne fût déconcerté par la nouveauté de votre essai. Ses inquiétudes ont été jusqu’à faire impression sur mon directeur et ami M. Ortmans qui, je me hâte de le dire, n’a pas encore eu entre les mains votre manuscrit. J’ai vivement protesté contre cette manière de voir, et en faveur de l’indépendance et de l’éclectisme complets qui doivent selon moi être la règle de notre revue, je lui ai démontré combien votre tentative était nouvelle et originale, et devait être jugée ainsi même par ceux qui ne s’y rallieraient pas". Mallarmé devrait en recevoir prochainement les épreuves. -- 29 avril 1897. "On exige de Londres une petite note de la rédaction qui empêche nos lecteurs les plus "conservateurs" de se rebiffer de l’étrangeté typographique de votre poème. Je n’en vois pas l’opportunité. Il me faut pourtant m’incliner. Voici en style administratif le brouillon de la note demandée. Je tiens qu’elle vous passe sous les yeux afin que je puisse effacer tel mot qui vous déplairait". Finalement, Mallarmé réécrira lui-même cette "note de la rédaction", dont le brouillon est relié dans ce même volume (cf. supra).
Les réponses de Mallarmé sont perdues (à l’exception celle à la lettre du 4 mars).
Références : Œuvres complètes, I, p. 392, 403-406, 1073-1076 et notes p. 1315-1319, 1325 et 1327. -- Mallarmé, Un coup de Dés… La Table Ronde, 2007. Edition en fac-similé du manuscrit et des épreuves. Reproduction de 19 pages du manuscrit et des épreuves.