Lot 159
  • 159

Mallarmé, Stéphane

Estimate
3,000 - 5,000 EUR
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Description

  • Mallarmé, Stéphane
  • Lettre autographe signée à Fernand Clerget. [Vers janvier-février 1897].
  • ink on paper
3 feuillets in-folio (310 x 200 mm). Brouillon raturé et corrigé, variantes.
Traces de pliures en 4, bords effrangés, petites déchirures, papier de brouillon jauni.

Étonnante évocation de Verlaine, professeur d’anglais.



Après la mort de Verlaine en janvier 1896, un comité d'action s'était constitué pour élever un monument à la mémoire du poète ; il était formé de Cazals, Paterne Berrichon et Niederhaüsern, élève de Rodin chargé de réaliser le monument. De son côté, Fernand Clerget, fondateur et éditeur de La France scolaire, sollicita de Mallarmé un texte sur Verlaine pour le "numéro exceptionnel consacré au monument de Paul Verlaine". Il paraîtra sous le titre "Lettre de M. Stéphane Mallarmé" dans le numéro de février-avril 1897. Ami proche de Verlaine, Clerget avait tenu à cet hommage ; en 1897, il publia aussi une biographie du poète.



"Vous requérez, cher Monsieur Clerget, pour des instituteurs -- plusieurs, des poëtes -- ici, mon témoignage que Verlaine, ce Maître, effectivement professa : certes, la langue anglaise. Je l’appelais, comme de mes heures, aussi, restent aux vitres dépolies des classes d’un lycée, en souriant, mon confrère et collègue, attendu qu’il me conta les succès notoires de son enseignement, je crois, à Réthel et clignait de l’œil, dans nos rencontres, en connaisseur interrogeant si le mien prospérait : lui, évadé depuis longtemps et j’attribuais à l’intervalle d’oubli cette sérénité, volontiers, de s’entretenir d’un sujet pour moi, dont tarda l’épreuve, sans attrait. [...] ainsi, affectionnait-il mainte citation, doctoralement, de l’anglais, comme un qui posséderait quelque langage exceptionnel ou à la portée de peu de gens, mettons, c’est vrai, d’un nombre restreint de poëtes. Confidences pédagogiques, avis ; il montrait, particulièrement, d’un moyen de son invention, auquel il m’initia, une fierté. Il avait (je l’entends) envisagé, avec justesse , la persistance de l’intonation gutturale ou de la stridence, les dentes contre, ceci invétéré chez les Anglais abordant notre langue, comme une marque indéniable d’aptitude à prononcer excellemment et sans effort, plutôt, la leur propre [...]. Verlaine donc avait pris des mesures en sorte de n’entrer dans sa classe, jamais, que les enfants debout ne le saluassent tous (comment transcrire sauf par un emprunt d’orthographe aux cahiers, scènes et chansons bouffes) de ce chœur : "Baonn-jaour Maossieun Vœu-laine !" la minute, pour l’éducateur, de se rendre à sa chaire."



Le texte est ainsi commenté par L'Écho de Paris : Mallarmé "a écrit une page curieuse [...]. Il y conte, en ce style qui lui est si personnel, que Paul Verlaine professa la langue anglaise et que le poète se montrait particulièrement fier d'avoir inventé un procédé pédagogique pour le moins original." Ironique et dubitatif, l'échotier terminait en disant : "Ah ! qu'en termes simples ces choses-là sont mises..."



Au verso du dernier feuillet, Mallarmé annonce à Clerget l’envoi de son texte sur Verlaine : "Voici, cher Monsieur Clerget, j’attendais quelque peu Cazals hier et songeais à lui remettre ces feuillets ; dont vous me ferez tenir épreuves pendant cinq minutes, je vous prie. Votre S.M."



Rappelons qu'au lendemain de la mort de Verlaine, Mallarmé avait répondu à une première enquête concernant le poète ; ses réponses lui valurent le titre de Prince des Poètes.



Références : Œuvres complètes, II, p. 666-667. -- Correspondance, IX, p. 123.



Provenance : Colonel Daniel Sickles (II, 1989, n° 423).



[On joint :]
Huysmans
, Joris-Karl. Lettre autographe signée à Fernand Clerget. [Paris, 12 octobre 1891].
2 p. in-12 sur carte de papier fort, enveloppe (timbre et marques postales).
Fernand Clerget vient de faire paraître chez Genonceaux un roman à clef, Henry Pivert, dont les fétidités ont réjoui Huysmans. "Vous avez évidemment peint ces bas-fonds d’âmes, exacts ; crédieu ! quelles envies et quelles ruses allant jusqu’aux infamies ! Vous allez avoir une bande de précieux ennemis. Je vous en félicite, c’est le meilleur qu’on puisse acquérir."
Le héros du roman, archétype de l’écrivain décadent, croise notamment un poète "illuminé" nommé… Arthus Verlerin.

Condition

Traces de pliures en 4, bords effrangés, petites déchirures, papier de brouillon jauni.
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