Lot 56
  • 56

Masque par le "Maître de Bouaflé", Guro, Côte d'Ivoire

Estimate
120,000 - 180,000 EUR
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Description

  • Masque par le "Maître de Bouaflé", Guro
  • wood
  • haut. 37 cm
  • 14 1/2 in

Provenance

Lucien Van de Velde, Anvers
Collection de la famille Van Strien, Rotterdam, acquis en 1978

Exhibited

Zurich, Rietberg Museum, Die Kunst der Guro, Elfenbeinküste, 11 mai - 13 octobre 1985
Otterlo, Rijksmuseum Kröller-Müller, Sculptuur uit Afrika en Oceanië / Sculpture from Africa and Oceania, 17 novembre 1990 - 20 janvier 1991

Literature

Fischer et Homberger, Die Kunst der Guro, Elfenbeinküste, 1985, p. 96, n° 18 (attribué par erreur à la collection Callot-Claeys)
Lehuard, “Regard sur l’art des Guro” in Arts d’Afrique Noire, n° 55, automne 1985, p. 12
Van Kooten et van den Heuvel, Sculptuur uit Afrika en Oceanië / Sculpture from Africa and Oceania, 1990, n° 22

Condition

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Catalogue Note

LE MASQUE DU "MAÎTRE DE BOUAFLE" DE LA FAMILLE VAN STRIEN

En 1985, lors de l'exposition Die Kunst der Guro, Eberhard Fischer et Lorenz Homberger baptisèrent du nom conventionnel de « Maître de Bouaflé », l'un des plus exceptionnels artistes de Côte d'Ivoire. Résumée à un corpus d'une dizaine de masques et de quelques poulies de métier à tisser, son œuvre est aujourd'hui essentiellement conservée dans des institutions muséales (Rietberg Museum, Barnes Foundation, University of Pennsylvania Museum, Yale University Art Gallery et musée Barbier Mueller).  

Le public le découvre au cours de l'automne 1923, à travers l'un de ses chefs-d'œuvre : le masque au visage surmonté de cornes aujourd'hui conservé au Rietberg Museum (inv. n° RAF 466), présenté lors de la célèbre Exposition de l’Art indigène des Colonies Françaises, organisée entre autres par Henri Clouzot et André Level au musée des Arts Décoratifs (Pavillon de Marsan). Le masque, alors dans la collection de Paul Guillaume, est choisi par Félix Fénéon pour figurer en frontispice de l'article « Arts indigènes »  publié dans l'avant-gardiste Bulletin de la vie artistique (n° 23, 1er décembre 1923). Il y illustre magistralement le « talent de l'artiste noir [qui] crée les harmonies qui lui semblent agréables, ordonne à son gré des formes librement choisies [...] a le sens de la grâce et de la jeunesse [...]; est virtuose ».     

Le masque Van Strien renvoie lui aussi, précisément, au principe de virtuosité. Aux canons de beauté caractéristiques de l'art Guro - étroit visage dont la forme est présidée par la dynamique de la courbe sinueuse dessinant le haut front bombé, le nez incurvé, les lèvres tendues puis le menton fuyant - s'ajoute le génie avec lequel le Maître de Bouaflé a porté le style Guro à son apogée : radicalité du plan nasal et des longues diagonales dessinant les yeux entrouverts, extrême sensibilité des modelés annonçant la tension des traits épurés, délicatesse des détails, notamment des lèvres et des oreilles ; ces dernières portant, dans la représentation du tragus, la « signature » du Maître. Enfin, la présence du mors de portage, les traces d'ancienne polychromie (dont le rare filet bleu soulignant la paupière inférieure) et les nuances de la patine attestent son usage prolongé.   

Célébrant la beauté d'une jeune femme dont le haut rang est signifié, comme sur l'un des personnages du masque d'André Breton, par le port d'un haut chignon ceint d'une amulette säba, le masque Van Strien s'impose, par la pureté de ses lignes et l'éblouissante sensibilité de la facture, comme l'un des chefs-d'œuvre les plus accomplis du Maître de Bouaflé.    

Si les premières indications de provenance des œuvres du Maître indiquent pour localité Zuénoula (incorrectement orthographié « Zuénolé »  dans Negro Anthology 1931-34 de Nancy Cunard, p. 663), Bertrand Goy souligne que le poste servit « de point de rassemblement pour des objets destinés au marché français durant la période de pacification du territoire » (Goy, « Où l'on retrouve un chef-d'œuvre disparu »  in Tajan, Arts Premiers, 11 juin 2014). Pas plus que Bouaflé, elle ne renseigne sur le village dont le Maître était originaire. 

Eberhard Fischer (« Les sculpteurs gouro »  in Fischer et Homberger, Les Maîtres de la Côte d'Ivoire, 2015, p. 33-37) estime que le Maître de Bouaflé a dû vivre entre 1880 et 1930 . L'apogée de son art - superbement illustrée par le masque Van Strien - est ainsi contemporaine de celle d'Amedeo Modigliani. Aux saisissantes affinités formelles unissant l'œuvre des deux maîtres s'ajoute un autre point commun : tous deux furent découverts par le marchand et collectionneur Paul Guillaume. 

THE VAN STRIEN FAMILY MASK BY THE "MASTER OF BOUAFLE" 

In 1985, during the Die Kunst der Guro exhibition, Eberhard Fischer and Lorenz Homberger gave the conventional name "Master of Bouafle" to one of the most exceptional artists in Côte d'Ivoire. With a corpus of only a dozen masks and a few weaving-loom pulleys, his work is now mostly held in museums (Rietberg Museum, Barnes Foundation, University of Pennsylvania Museum, Yale University Art Gallery and the Barbier Mueller Museum).  

He was revealed to the public in the fall of 1923, through one of his masterpieces: a mask with its face surmounted by horns now held at the Rietberg Museum (inv. No. RAF 466), unveiled during the famous Exposition de l’Art indigène des Colonies Françaiseswhich was hosted by Henri Clouzot and André Level amongst others at the musée des Arts Décoratifs (Pavillon de Marsan). This mask - then in the Paul Guillaume collection - was chosen by Félix Fénéon to figure as the frontispiece for the article dedicated to "Native Arts" in the avant-garde publication Bulletin de la vie artistique (No. 23, December 1, 1923). It stands out as a beautiful illustration of the "talent of the Black artist [who] creates the harmonies that seem pleasant to him, arranges freely chosen forms as he sees fit [...] possesses a sense of grace and youth [...]; is a virtuoso."   

It is precisely to this principle of virtuosity that the Van Strien mask also relates. The characteristic canons of beauty in Guro Art - a narrow face whose shape is commanded by the dynamics of the sinuous curve that draw out the high domed forehead, the incurvated nose, the puckered lips and receding chin - is compounded by the Master of Bouafle's genius as he brings Guro art to its very apex: the radical nasal plane and the long diagonals that shape the half-closed eyes, the extreme sensitivity of the outline that prefigure the tension of the refined features, the finesse in the details - especially the lips and ears; with the latter bearing - within the representation of the tragus - the "signature" of the Master. Finally the surviving carrying stem, the traces of an ancient polychromatic decor (with a rare blue underlining of the lower eyelid) and the nuances in the patina attest to its prolonged use.    

A celebration of the beauty of a young woman, whose high-ranking position is indicated - as it is in one of the figures on the André Breton mask - by a high chignon adorned with a säba amulet, the Van Strien mask stands out, in the purity of its lines and in the dazzling sensitivity of its carving, as one of the most accomplished masterpieces by the Master of Bouafle.    

Although the first indications of source for the Master's work point to a locality named Zuenoula (misspelled as "Zuénolé" in Negro Anthology 1931-34 by Nancy Cunard, p. 663), Bertrand Goy points out that this outpost served "as a rallying point for objects intended for the French market during the period of pacification of the territory" (Goy, "Où l'on retrouve un chef-d'œuvre disparu" in Tajan, Arts Premiers, June 11, 2014). It does not provide any more information than Bouafle as to the Master's native village. 

Eberhard Fischer ("Les sculpteurs gouro" in Fischer and Homberger, Les Maîtres de la Côte d'Ivoire", 2015, p. 33-37) believes the Master of Bouafle to have lived between 1880 and 1930. The culmination of his art - beautifully embodied in the Van Strien mask - was concurrent with that of Amedeo Modigliani. Besides the formal affinities in the work of the two masters, they share an additional trait: both were discovered by art dealer and collector Paul Guillaume.