Lot 22
  • 22

Joan Miró

Estimate
800,000 - 1,200,000 EUR
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Description

  • Joan Miró
  • Femme
  • signé Miró (en bas à droite)
  • huile et aquarelle sur papier
  • 90 x 59 cm ; 35 3/8 x 23 5/8 in.

Provenance

Galerie Maeght, Paris
Galerie Beyeler, Paris
Collection particulière, Europe
Acquis par le propriétaire actuel en 2008

Literature

Jacques Dupin et Ariane Lelong-Mainaud, Joan Miró. Catalogue raisonné. Drawings. Volume III: 1960-1972, Montreuil, 2012, no. 2158, reproduit p. 232

Condition

Executed on cream wove paper, laid down on white cardboard. All four edges are uneven with slight time-staining. Apart from a very slight waviness to the sheet and two tiny pigment losses in the red pigment to the protruding parts, this work is in very good original condition.
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Catalogue Note

signed 'Miró' (lower right); oil and watercolour on paper. Executed on 27th March 1970.

"Pour moi, ce que j’appelle Femme, ce n’est pas la créature femme, c’est un univers. […] le versant de la violence, en écartant le côté humain, une violence personnelle. […] Femme, ou personnage. Jamais homme. Femme ou personnage ou oiseau." Joan Miró

Le thème de la femme est central dans l’art de Miró, traversant tout son œuvre depuis les années 1920 jusqu’à la mort du peintre. Se parant de nouvelles formes en fonction des périodes traversées par l’artiste, elle est représentée tantôt de manière poétique, sa présence se réduisant à un symbole, une ligne ou quelques points, tantôt de manière humoristique, comme cela est notamment le cas à la fin des années 1920, tantôt de manière érotique. Cet érotisme caractérise notamment les œuvres de maturité de Joan Miró, comme c’est le cas ici où le peintre met en avant les courbes voluptueuses de la femme ainsi que les attributs de sa féminité, explicitement représentés. Le même vocabulaire plastique est repris nombre de fois dans les années 1970, notamment dans le pendant de cette œuvre, titré également Femme,  exécuté trois jours à peine après notre présente huile  sur un papier de mêmes dimensions (Fig. 1).  

Œuvre magistrale mêlant différentes techniques, Femme est particulièrement révélatrice du génie et de la poésie de Miró. La frontalité et la monumentalité du modèle, la vivacité et le contraste des couleurs employées confèrent à cette œuvre sur papier la présence d’un véritable tableau. Vers la fin de sa vie, le papier devient le medium de prédilection de Miró, lui permettant une inventivité inédite et l’utilisation simultanée de techniques variées, alternant aplats de couleurs pures et jeu sur les transparences. Les œuvres qui en résultent sont frappantes par leur énergie pure et leur présence spectaculaire, nous plongeant directement au sein de l’univers miresque. Pour reprendre les termes du poète Eugène Ionesco : "Chacune des œuvres de Miró est un jardin dansant, un chœur, un opéra de couleurs qui sont des fleurs, qui sont des êtres en train d’éclore. Cet univers est, à la fois, évanescent et tout à fait réel : la sonorité des couleurs lui donne son accent, sa réalité, une éloquence contenue. Affectivité pure, un peu ironique, dénuée de sensiblerie, cet art est grâce" ("Un Opéra de couleurs" in XXe siècle, numéro spécial "Hommage à Joan Miró", Paris, 1972).


The theme of the woman is central to Miro’s art, and is present throughout his works from the 1920s to his death. Endowed with new forms according to the painter’s different periods, she is sometimes represented poetically, her presence reduced to a symbol, a line or a few dots, sometimes in humorous fashion, as is notably the case at the end of the 1920s, and sometimes erotically. This eroticism characterizes Joan Miro’s later works in particular, as is the case here, where the painter emphasizes the woman’s voluptuous curves as well as her feminine attributes which are explicitly represented. The same artistic vocabulary was used several times in the 1970s, especially in a matching work, also entitled Femme, painted only three days after the present oil work, on paper of the same dimensions (Fig.1).

Femme is a major work, combining different techniques and is particularly revealing of Miro’s genius and poetry. The model’s frontal pose and monumental aspect, the brightness of contrasting colour endow this work on paper with the presence of a real painting. Paper became Miro’s favorite medium towards the end of his life, allowing him an unprecedented inventiveness and the simultaneous use of various techniques, alternating patches of pure colour with a play on transparency. The resulting works are striking in their pure energy and their spectacular presence, plunging the viewer directly into the heart of Miro’s universe. As the poet Eugène Ionesco describes: “Each of Miro’s works is a dancing garden, a choir, an opera of colours which are flowers, which are blossoming beings. This universe is both evanescent and absolutely real: the sonority of colour gives its accent, its reality, a contained eloquence. Pure affectivity, a bit ironic, devoid of sentimentality, this art is grace.” (“Un Opéra de couleurs” in XXe siècle, special issue, “Hommage à Joan Miró”, Paris, 1972).