Lot 222
  • 222

Belle paire de vases nacelle formant pots-pourris en onyx rubanné et bronze doré d'époque Louis XVI, vers 1770

Estimate
80,000 - 120,000 EUR
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Description

  • onyx
  • Haut. 33 cm, larg. 35 cm
  • Height 13 in; width 13 3/4 in
le couvercle à cannelures sommé d'une graine, le corps sommé d'une galerie ajourée à motif d'entrelacs, flanqué d'anses à la grecque et reposant sur une base rectangulaire à pans évidés ; (les couvercles restaurés)

Provenance

Acquis auprès de la galerie Pascal Izarn, Paris

Catalogue Note

Les vases en marbre et en pierre étaient très en vogue au XVIIIe siècle. Toute grande collection se devait d’en conserver certaines pièces. Parmi les collections de vase en pierre les plus célèbres vers 1770, figuraient celle de Pierre-Louis Randon de Boisset (1708-1776) et celle du duc d’Aumont (1709 – 1782) dont le préambule du catalogue de sa vente après décès est très explicite sur ce fait: «Il est peu d'ornement plus imposant, plus intéressant dans l'arrangement d'un cabinet, que celui qu'on peut y introduire par la distribution bien entendue de vases en marbre et de colonnes de belles proportions». Louis XVI et Marie-Antoinette furent les principaux acheteurs de ces vases lors de cette vente, montrant ainsi la préciosité de ces pièces. Les plus grands bronziers paraient ces vases de montures de bronze, comme Pierre Gouthière qui travailla sur une cinquantaine de pièces pour le duc d’Aumont.

 

Ces vases étaient des objets du plus grand luxe de par le coût élevé des pierres mais aussi par la difficulté technique. Certains vases étaient sculptés à partir de colonnes antiques en porphyre ou en marbre rare venu de Rome et de toute l’Italie. Cette origine lointaine permettait une évocation directe du monde antique dont l’esthétique revint en force à la fin du règne de Louis XV en réaction contre le style rocaille. Le goût « à la grecque » fut introduit en France vers 1760 peu après la découverte de Pompéi, par le comte de Caylus, le marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour et Lalive de Jully. Nos vases, ornés d’anses à la grecque, sont le parfait exemple de ce style.

 

La vente après décès de la collection de Randon de Boisset nous éclaire sur la présentation de ces vases dans les collections : ils étaient disposés sur de larges tables consoles dans une galerie au second étage de son hôtel. Les parois de cette galerie étaient tendus de satin vert où était accrochés quarante-cinq tableaux hollandais de la plus grande valeur. Chaque table était ornée d’un plateau en marbre rivalisant de rareté avec les vases présentés et chacune était encadrée de colonnes ou de gaines.

 

La forme dite « nacelle » de nos vases peut se retrouver sous d’autres termes dans les inventaires du XVIIIe siècle : nef, cassolettes, vase oblong. Cette forme est inspirée par des modèles romains du milieu du XVIIe siècle que l’abbé Benedetti (1610-1690) avait retranscrit sous forme de dessin (voir « Desseins de sept vazes de différentes formes de l’abbé Benedetti », Paris, Bibliothèque nationale de France, Cabinet des estampes). Ce dernier était un agent romain pour le cardinal de Mazarin puis pour le roi Louis XIV à qui il envoyait des dessins de meubles, tissus ou de statues antiques proposés à l’achat.

 

Peu de vases nacelles en pierre d’époque Louis XVI nous sont connus. Parmi ceux-ci, citons un vase pot-pourri en granit gris dépourvu de cannelures et provenant des collection de Léonce Melchior de Vogüe, vente Christie’s Monaco, le 19 juin 1999, lot 83.