Lot 11
  • 11

Baudelaire, Charles

Estimate
40,000 - 60,000 EUR
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Description

  • Baudelaire, Charles
  • Théophile Gautier. Notice littéraire précédée d'une lettre de V. Hugo. Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1859.
  • paper
In-12 (175 x 116 mm). Demi-maroquin rouge, tête dorée, non rogné (Reliure de l'époque).

Edition originale
tirée à 500 exemplaires reproduisant, avec quelques modifications, un article paru dans L'Artiste du 13 mars 1859, sans la lettre de Victor Hugo.
Ornée d'un portrait-frontispice de Théophile Gautier, gravé à l'eau-forte par Emile Thérond, déjà utilisé par Poulet-Malassis pour l'édition d'Émaux et Camées en 1858.

Théophile Gautier et Charles Baudelaire se sont rencontrés vers 1843-1845 et ont entretenu une relation suivie à partir de 1851. En 1857, Baudelaire dédicace ses Fleurs du Mal à Gautier avant de lui consacrer cet ouvrage en 1859. Il louera ainsi son ami : "Vous marchez. Vous allez en avant. Vous dotez le ciel de l'art d'on ne sait quel rayon macabre. Vous créez un frisson nouveau".



Exemplaire d'édouard Manet, avec cet envoi autographe signé, au crayon sur le titre :
"à Édouard Manet, C.B."



Baudelaire (1821-1867) et Manet (1832-1883), une amitié sans faille : de l'un des plus grands poètes du XIXe siècle à l'un des plus grand peintres.
Le poète et l'artiste s’étaient rencontrés en 1862 dans le salon des Lejosne, avenue Trudaine. La même année, dans Peintres et aquafortistes, Baudelaire écrivit au sujet de Manet : "On verra au prochain Salon plusieurs tableaux de lui empreints de la saveur espagnole la plus forte…" (Correspondance, Pléiade, II, 1146). En mars 1864, Baudelaire était intervenu auprès de Philippe de Chennevières, directeur des Beaux-arts pour faire exposer en bonne place deux tableaux de son ami au Salon : Episode d’une course de taureaux et Le Christ mort et les Anges. Baudelaire demandera l'année suivante à Théophile Gautier de défendre Manet peu avant l’ouverture du Salon de 1865. Manet y exposait Jésus insulté par les soldats et Olympia (Idem, 482).
En mai 1865, Baudelaire écrit à Mme Paul Meurice : "Vraiment, Manet a des facultés si brillantes et si légères qu'il serait malheureux qu'il se décourageât. Jamais il ne comblera absolument les lacunes de son tempérament. Mais il a un tempérament, c'est l'important" (Idem, 500 et sq.).
Quant à Manet, il témoigna à l'encontre de Baudelaire une réelle amitié, l’aida financièrement et réalisa de lui plusieurs portraits. En 1862, dans La Musique aux Tuileries, il le représente derrière Mme Lejosne, chapeauté, en conversation avec deux hommes dont l'un serait Théophile Gautier (Album Baudelaire, Pléiade, p. 233). En 1868, Manet traitera ce portrait à l'eau-forte qui ensuite figurera en frontispice de la biographie de Baudelaire par Asselineau. Cette même année, il peignit également La Maîtresse de Baudelaire à la demande du poète puis en 1865 grava à l'eau-forte la très belle photographie de Baudelaire par Nadar prise vers 1862-1863.
D'après Poulet-Malassis, quelques temps avant de sombrer dans la mélancolie, Baudelaire destinait un des exemplaires des Epaves "à Manet qui est le dernier homme pour qui il ait eu de l'amitié-passion" (Cf. Bulletin Pierre Berès, n°74-75, août-septembre 1964).



[On joint :] le certificat fourni par le libraire J. Cornuau (non fixé).