Lot 323
  • 323

Paire de grands vases en granit gris des Vosges à monture de bronze doré d'époque Louis XVI, vers 1775-1780

Estimate
80,000 - 120,000 EUR
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bidding is closed

Description

  • granite
  • Haut. 81,5 cm, larg. 56,5 cm, prof. 37 cm
  • Height 32 in; width 22 1/4 in; depth 14 1/2 in
le col orné de masques de Bacchus, les anses en forme de serpents entrelacés ; (traces de fixation de bronzes rajoutés probablement postérieurement, puis retirés)

Condition

The illustration is quite accurate. Impressive and very attractive model, big size. The grey granite stone : good color. The bases have been cast in another piece of stone so there are a slight difference in color, it is slightly greener than the bodies. There are minor chips to the edges but nothing but as said it is really minor. Some wax at the junction of body and base. The gilt-bronze mounts with a good chasing and nice gilding. There are some wear to the gilding as expected. Some traces on the bodies may indicate that some mounts have been later added and the removed. Overall condition is fine.
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Catalogue Note

L'engouement pour les objets montés en granit, onyx, porphyre et autres pierres dures, qui culmine dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle en France, encourage l’administration, en particulier celle des Menus-Plaisirs placée sous l’autorité du duc d’Aumont, à prospecter parmi les ressources marbrières du royaume afin de limiter l'importation de spécimens italiens.
Découvertes fort heureusement en 1768, les gisements de marbre des Vosges sont bientôt exploités par des manufactures royales, comme celle de Remiremont d'où provient le granit de nos vases ; les pierres ainsi taillées sont ensuite vendues à Paris par l'intermédiaire de "Magasin ou Dépôt des Ouvrages en roches, composées de granits, granitelles, jaspes, serpentins et porphyres" (Pierre Verlet, Les Bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1987, p. 131).
L’architecte François-Joseph Bélanger, proche collaborateur du duc d’Aumont, rédige en 1774 un ouvrage sur les marbres antiques, associé à un projet de traité  « des marbres tendres et de ceux que nous possédons où [il fait] voir que nous avons dans nos provinces une partie des marbres que les Grecs et les Romains allaient chercher dans la Haute-Egypte et que les porphyres et les granits se trouvent chez nous dans l’Alsace, que nous en possédons des carrières immenses et que cette matière est parfaitement de la même nature que celle dont nous avons des fragments d’antiquité » (Christian Baulez, « Le marquis de Marigny, le comte d’Angiviller et le goût des amateurs de porphyre à Paris au XVIIIe siècle », Porphyre, la pierre pourpre des Ptolémées aux Bonaparte, catalogue d’exposition, Paris, RMN, 2003, p. 160).
Preuve de leur succès commercial, les marbres vosgiens font parfois l’objet de ventes spécialisées, comme celles organisées par Jean-Baptiste Feuillet, sculpteur-marbrier, et le marchand Jean-Baptiste-Pierre Lebrun, notamment la vente dite Du Pereux le 23 mars 1784 : « Catalogue d’une collection précieuse de marbres d’Alsace, tels que porphyre, granit, serpentin, etc., composée de vases de différentes formes comme coupes, cuvettes et fûts de colonnes, dont plusieurs montés en bronze d’or mat et d’autres prêts à être dorés, exécutés sur de beaux profils et modèles de M. Feuillet » (Ch. Baulez, op. cit., p. 161). Les fûts de colonnes en pierre dure attisent particulièrement les convoitises des collectionneurs à la recherche de piédestal ou d’objet décoratif à part entière ; à l’égal des vases, certaines colonnes sont même dotées d’une monture en bronze doré à l'exécution soignée, comme celles en porphyre rouge du duc d’Aumont ou celles en granit rose du marquis de Nesle (Louvre).

Prisé dès l’Antiquité comme ornement de vase, le motif des serpents entrelacés est redécouvert grâce à l’ouvrage de Stefano della Bella, Raccolta di Vasi Diversi publié en 1646, puis à travers de celui de Giovanni Lanfranco, publié seulement en 1713. A la faveur du goût grec, il connaît une grande vogue durant la seconde moitié du XVIIIe siècle et se retrouve naturellement adapté en bronze doré.  Architectes et ornemanistes y ont souvent recours, ainsi que l’illustre un dessin du bronzier Jean-Louis Prieur (fig. 2, conservé à la Bibliothèque Universitaire de Varsovie), réalisé en 1766 à la demande de Victor Louis pour orner le boudoir du château royal de Varsovie. Publiés en 1777 dans le ‘Recueil d’Ornemens à l’usage des jeunes artistes qui se destinent à la décoration des bâtiments’, les projets de vases de Gilles-Paul Cauvet, mêlent serpents et têtes de satyre (fig. 1).
Notons que les serpents et masques bachiques figurant sur ces vases  sont identiques à ceux ornant les vases en marbre vert de la collection Givenchy (présentée lors de l’exposition « La Galerie de Girardon – Evocation par Hubert de Givenchy » chez Christie’s à Paris en 2012).
D’autres vases présentent des anses semblables : une paire de vase en granit, ayant appartenu à la collection Wildenstein (vente Christie’s à Londres, le  14 décembre 2005, lot 74), et un vase en porphyre de la Wallace Collection datant des années 1760-1765 (P. Hugues, The Wallace Collection, Catalogue of furniture, vol. III, Londres, 1996, p.1378, fig. 283).
Un parallèle, enfin, peut également être établi avec une paire de vases en porphyre vert ornée d’anses similaires, provenant la collection de Richard Mique, le célèbre architecte de Marie-Antoinette, et conservée aujourd’hui au musée du Louvre (D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum and G. Mabille, Les bronzes d’ameublement du Louvre, Dijon, 2004, p. 226, n° 113). C’est d’ailleurs d’une carrière vosgienne, probablement celle du gendre de Mique, Perruchot de Longueville, que provient le porphyre de ces vases (cf. M. Müntz de Raissac, "Quatre vases en porphyre de la collection Richard Mique", La Revue du Louvre, 1990, n°5, pp. 386-390).