Effigie, Kota, Congo ou Gabon

Par Louis Perrois

Cette rare effigie en bois plaquée de cuivre, présentant un visage en haut-relief de volume concave-convexe, et une coiffe constituée de deux coques latérales en aplat, sans cimier en croissant comme la plupart des mbulu-ngulu de la région, s’apparente stylistiquement à deux « masquettes » de bois et cuivre (21 et 20.6 cm de diamètre), au revers également entièrement lisse, provenant de l’ancienne collection Scagliola et collectés avant 1914, ainsi qu’aux quelques rares « masques » Kota connus, dont celui de la collection Vérité (juin 2006, n° 210).

L’usage précis de ces objets, qui semblent différents des figures de reliquaire habituelles, n’est pas vraiment connu. Selon le spécialiste le plus avisé des Kota, le Révérend Efraïm Andersson (in "Contribution à l'ethnographie des Kuta II", 1974, p. 178), il y avait chez les Kota du sud et les Mbete voisins (Congo Brazzaville), d'autres sculptures en usage rituel, comme les têtes de bois peint tsita ou nkita, des couvercles monoxyles de boîtes reliquaires, des statuettes plaquées de cuivre ou encore des masques décorés du même métal.

Les - rares - statues recouvertes de cuivre (cf. Perrois,  Kota, 2012, pl. 58 et Perrois in Dulon, Ancêtres Kota,  n° 21, 22, 23 p. 112-114), sont probablement des sculptures de style composite mbete-kota, de la région congolaise limitrophe du Gabon oriental. Andersson évoque à cet égard des contacts culturels anciens entre certains "Kuta" orientaux et Mbete avec les Kwele, localisés plus au nord du Congo. Or, on sait que dans cette région, des masques - qui n'étaient pas destinés à être portés - étaient conservés par les notables Kwele du Beete comme signes de leur puissance politique. Il est donc vraisemblable que chez les Mbete-Kota du sud, voire du Gabon, quelques sculptures en forme de masque - comme cette œuvre dont la patine d'usage sur les zones non plaquées atteste l'ancienneté - aient joué ce même rôle de signe de notabilité.