Lot 33
  • 33

Corneille de la Haye dit de Lyon

Estimate
150,000 - 200,000 EUR
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Description

  • Corneille de la Haye dit de Lyon
  • Portrait d'homme
  • Au revers une inscription en rouge F.D.L.1.6.7.8.
  • Huile sur panneau de bois tendre, dans un cadre en bois sculpté et doré, travail français du XVIIe siècle.

Provenance

Collection particulière flamande depuis plusieurs générations.

Condition

The painting is in overall excellent condition. It is under a very thick varnish, extremely dirty and uniform. It is painted on a tender wood panel made with one non cradle plank. The painted surface is stable apart for a very small line of 2 centimetres of slight flaking at the left of the shoulder (minor). There is a very little hole in the green background visible on the image. Under UV light: Under a green uniform varnish. There are some small dots of punctual retouching in the beard, the right cheek, the eyebrow and one small retouch in the hat.
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Catalogue Note

Objets de curiosité dès le XVIIe siècle, les petits portraits français sur fond vert olive ou bleu se rencontrent dans bien des collections. Aucun n’est signé, mais on y attache avec certitude le nom de Corneille, artiste hollandais installé à Lyon depuis au moins 1533. En France, il était immanquablement désigné par sa seule ville natale, La Haye, qui avait fini par constituer son nom patronymique et celui que portaient ses descendants. C’est seulement au XIXe siècle, que l’on l’avait baptisé « Corneille de Lyon » du nom de la ville où il travaillait. Corneille s’est fait à Lyon une spécialité de portraits de dimensions très réduites, peints directement sur panneau de bois en quelques séances de pose sans dessin préliminaire et destinés surtout à la famille et à l’entourage proche, tout le contraire des œuvres des Clouet, plus officielles et à la diffusion très large. Il travaille d’abord pour les notables lyonnais, les magistrats et les marchands, mais les nobles lui passent également commande et lorsque la cour séjourne à Lyon, on lui demande même de peindre certains membres de la famille royale, dont le Dauphin Henri et son épouse, Catherine de Médicis. Il reçoit également le titre de peintre du Dauphin, puis celui de peintre et valet de chambre ordinaire du roi, et peut dès lors jouir des privilèges des officiers royaux bien qu’il réside toujours à Lyon et que son nom n’apparaisse jamais dans les états des Maisons royales. La renommée de Corneille est large et ne pâtit aucunement de sa conversion à la Réforme (il finit par revenir au catholicisme en 1569). La demande toujours croissante l’oblige à s’entourer d’un important atelier, chargé également de copier les portraits qui intéressent déjà les amateurs. Ceux-ci n’hésitent pas à s’adresser aussi aux autres artistes pour reproduire des tableaux de Corneille ou simplement s’en inspirer. Dans cette production abondante, les peintures que l’on peut sans hésiter donner au maître lui-même sont relativement rares. Les originaux de Corneille se distinguent par la grande précision des formes, des contours et des expressions, le travail du pinceau qui conjugue la liberté quasi impressionniste avec la minutie de miniaturiste, la tête légèrement disproportionnée par rapport au buste, les cheveux « en désordre » traités un par un, les ombres très légères et colorées, le peu d’attention porté au vêtement où la touche est plus large, le fond uni qui s’assombrit vers les bords du panneau. Bien que recouvert par une couche de verni jauni et opaque, ce portrait présente toutes ces caractéristiques et s’inscrit pleinement dans l’œuvre autographe de Corneille. On peut notamment le rapprocher des portraits d’hommes inconnus datant des années 1550 et conservées au Louvre, à Montpellier et dans des collections particulières (voir Anne Dubois de Groër, Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon (1500/1510-1575), Paris, Arthéna, 1996, nos 52, 53, 101, 102), et tout spécialement de celui d’un homme blond du musée des Beaux-Arts d’Agen (no151). Le jeune homme, âgé de plus ou moins vingt vingt-cinq ans, yeux bruns, cheveux et barbe coupés courts, est vu presque à la taille et semble légèrement pencher en avant, cadrage et pose fréquents dans l’œuvre de Corneille. Le modèle est tourné de trois-quarts à droite, vers la lumière, qui contracte sa pupille et plonge dans l’ombre la partie gauche de son visage. Son regard est dirigé vers le lointain et sa bouche semble esquisser un léger sourire. Il porte un pourpoint aux manches cramoisi tailladées et un collet noir (vêtement de dessus) à mancherons tracé de passements de velours et orné de taillades horizontales et diagonales alternées. Ce type de collet se fermait par des aiguillettes sur l’épaule, mais Corneille ne le précise pas. Un petit col blanc finement brodé et une toque noire sans plumet portée haut sur la tête complètent le vêtement sobre et recherché à la fois. L’absence de plumet dont le port était réservé à la noblesse, ne permet pas d’y voir un gentilhomme. En même temps, il seyait mal à un simple bourgeois de se vêtir de rouge et de couvrir son habit de taillades. Il s’agit selon toute vraisemblance d’un serviteur du roi, un officier non noble de sa Maison, un valet ou un artisan, ce qui pourrait aussi expliquer son jeune âge, quand l’essentiel de la clientèle de Corneille était composé d’hommes d’âge mûr, soucieux moins de conserver la mémoire de leurs traits que de témoigner de leur réussite. C’est là un portrait intime, tout en nuances et en finesse, loin des images codifiées des aristocrates et des courtisans. 

Nous remercions madame Alexandra Zvereva d'avoir rédigé la notice de ce tableau.