Lot 302
  • 302

Jean Guillaume Moitte, 1746 - 1810 Important trophée d'armes, Allégorie de la Force, vers 1789

Estimate
200,000 - 300,000 EUR
Log in to view results
bidding is closed

Description

  • Jean Guillaume Moitte
  • Important trophée d'armes, Allégorie de la Force
  • en terre cuite
  • Haut. 48 cm; height 18 in.
l'Allégorie féminine, debout au centre, entre un faisceau licteur et un grand bouclier oval ; elle est vêtue à l'antique d'une longue robe plissée, un large manteau agraffé sur ses épaules, sa chevelure retenue en un chignon, elle caresse la crinière abondante du lion ; au-dessus d'elle une cuirasse, coiffée d'un heaume, un carquois accroché à l'arrière, de part et d'autre, des boucliers rectangulaires et ovales

Literature

G. Gramaccini, Jean-Guillaume Moitte (1746-1810), Leben und Werk, Berlin, 1993, t. I, p. 26, et t. II, pp. 42-43, nos 90 et 91.

 

 

 

Condition

The terracotta is very finely modelled, very fresh and crisp in every detail, and in good condition overall. Fortitudo's proper left forearm is missing. There are a few lacks to the terracotta several places, in particular to her helmet: one griffin is missing and the head of the second one, as well as the feathers initially crowning the helmet. A few elements are missing on the backside of the group: to the shields and the lower end of a quiver. The proper left corner of the base on the backside is partly missing. Very minor surface dirt in the crevices the terracotta which can be easily removed. The lacks mentioned above do not harm the general appearance of this exceptional and very genuine terracotta.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."

Catalogue Note

C'est en 1789 que Jean-Guillaume Moitte sera rémunéré pour une paire d'esquisses de trophées en terre cuite, modèles pour le décor de l'arc de triomphe de l'Hôtel de Salm, récemment acquises par le Metropolitain Museum de New York (inv. no 2012.453). Un troisième modèle préparatoire d'un trophée est mentionné dans la facture qui pourrait être identique à notre terre cuite: '...un autre modèle de trophée devant être exécuté pour le couronnement de la porte ... 120 livres.' (Notes d'ouvrages faits pour l'Hôtel du Prince de Salm Kribourg par Moitte Sculpteur du Roi, Archives Nationales, Z131277).
L'Hôtel de Salm, l'actuel Palais de la Légion d'honneur, fut construit entre 1782 et 1787 par l'architecte Pierre Rousseau (1751-1829) pour devenir la résidence parisienne du prince Frédéric III de Salm Kyrbourg (1746-1794). Le décor sculpté de la façade a été confié aux sculpteurs Philippe-Laurent Roland (1746-1816) et Jean-Guillaume Moitte. Les figures grandeur nature ornant jadis la façade ont été remplacées après un incendie en 1871; les trophées ont été ôtés en 1791 par le prince lui-même, certainement suite aux difficultés financières qu'il rencontra au moment de la Révolution.
La Force, ou Fortitudo en latin, la Force d’âme et le Courage, est l’une des vertus cardinales avec la Justice, la Tempérance, et la Prudence. Les vertus cardinales et théologales sont généralement personnifiées par des figures féminines, dotées d’attributs, comme ici, d'une masse d’armes, de boucliers et d’une cuirasse, souvent accompagnée d'un lion. Le trophée d’arme était un sujet de prédilection du sculpteur, que l’on retrouve à de nombreuses reprises dans son œuvre. Grâce à son talent de dessinateur, entre 1771-1773 lors de son séjour à Rome, Moitte a réalisé des esquisses détaillées d’armures, de casques et de boucliers lui permettant d’élaborer le sujet ensuite en terre cuite (voir ci-dessous). Ainsi, la rotonde de l’Hôtel de Salm est ornée de six reliefs en plâtre montrant différentes compositions de trophées incrustés dans la façade. De même, une panoplie de boucliers et d’insignes formant trophées en bois sculpté ( vers 1784-87) sont toujours en place sur les murs de la cathédrale de Senlis (Gramaccini, op. cit, p. 218, fig. 159-160).
Elève de Pigalle et de Jean-Baptiste II Lemoyne, Moitte reçut le premier prix de sculpture en 1768, avant de partir à Rome de 1771 à 1773. Aussi virtuose sculpteur que dessinateur, Moitte eut une grande influence sur les arts décoratifs de son époque et fut employé par Henri Auguste (1759-1816), orfèvre du Roi, pour lequel il livra de nombreux modèles et dessins d’après l’antique. Moitte fut employé à de nombreux travaux décoratifs d'édifices et monuments publics, tels la cour du Louvre, la place du Peyrou à Montpellier, et, sous la Révolution, le fronton du Panthéon. Il exposera aux Salons à partir de 1779, et sera élu membre de l'Institut en 1795.
Notre trophée est l'oeuvre d'un virtuose. Moitte a su insuffler la fraîcheur et la vivacité dans la terre, tout en portant une attention particulière aux détails. On retrouve ici ce même déhanchement souligné par le tissu fluide épousant les formes du corps de la Cérès, esquisse de Moitte pour les figures grandeur nature de la coupole de l'Hôtel de Salm (musée de la Légion d'Honneur, haut. 32cm, inv.no.07915). Le même ciseau a creusé les plis profonds du vêtement dans la terre, esquissé les traits du visage et la chevelure, et dessiné les doigts de pied fins ressortant sous les drapés de la robe.
De plus, la ressemblance de notre groupe avec la paire de trophées du Metropolitain Museum est frappante (voir ci dessous). La composition s'ordonne autour du même agencement de boucliers, encadrant un torse en armure aux longues lanières, un foulard légèrement drapé autour du cou, coiffé d'un heaume à plumes, le tout orné d'un décor floral en haut relief. Ces similitudes infinies entre notre trophée et ceux de New York désigne notre terre cuite comme appartenant incontestablement à la même série.