Lot 193
  • 193

Important panneau en marqueterie de pierres dures représentant l'Allégorie de l'Architecture Florence, Galleria dei Lavori, vers 1754, dessin de Giuseppe Zocchi (1711 - 1767)

Estimate
450,000 - 600,000 EUR
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Description

  • Important panneau en marqueterie de pierres dures représentant l'Allégorie de l'Architecture
  • albâtre, lapis-lazuli, calcédoine, agate, jaspe, sur fond d’ardoise; dans son cadre d’origine en bronze doré, réalisé par Bombicci
  • 62 x 82 cm (cadre); 51,5 x 70 cm (panneau); 24 1/3 x 32 1/3 in. (frame); 20 1/3 x 27 1/2 in. (panel)

Literature

A. Gonzàlez-Palacios, Il Tempio del Gusto, Milano, 1986, pp. 68-163, fig. 189-238. A. Gonzàlez-Palacios, Il Gusto dei Principi, Milano, 1993, pp. 433-434, fig. 778-779; A. Giusti, Splendori di Pietre dure. L'Arte di Corte nella Firenze dei Granduchi, cat. exp. Florence, p.198, n°55; W. Koeppe, A.M. Giusti, Art of the Royal Court. Treasures in Pietre dure from the Palaces of Europe, cat. exp. Metropolitain Museum, New York, 2008, pp. 291-296, no 110. E. Ottillinger, Lothringens Erbe, cat. exp. Schallaburg, 2000, pp. 258-259 (ill.).

Condition

This exceptional hardstone panel is in excellent condition and highly recommendable. Some verde gris and minor oxidation to the gilt bronze frame which has preserved its genuine iron mounts and wooden panel to the back of the frame. A few very fine hairline fissures appear in the light blue sky amongst the natural veining to the hardstone. The coulours of the panel appear too light in the catalogue, they are fresher and intenser in the real hardstone panel. Its fine quality, very elaborated facture and coulours of the hardstones are entirely comparable to the version in Vienna.
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Catalogue Note

La fin de la dynastie des Médicis, survenue en 1737 à la mort du grand-duc Gian Gastone, marque un coup d’arrêt dans la production des manufactures de la cour. L'empereur François-Étienne de Lorraine (1708-1765), époux de Marie-Thérèse d'Autriche, devint alors le nouveau grand-duc de Toscane. A l'exception d'un séjour triomphal en Toscane en 1739, Vienne demeurera son lieu de résidence. Grand admirateur de la marqueterie en pierre dures florentine, il commanda une série de panneaux en pierres dures qui furent réalisées par la Galleria dei Lavori. La gestion de l'atelier fut confiée au français Louis Siries (1686-vers 1754), l'un des plus célèbres tailleurs de pierres et orfèvres du milieu du XVIIIe siècle, remarquable organisateur et homme de génie. A ses côtés fut appelé un peintre d’origine florentine, Giuseppe Zocchi (1711-1767), chargé de dessiner les modèles servant à la réalisation des marqueteries en pierres dures. Les œuvres réalisées durant cette période de collaboration entre Siries et Zocchi sont d'une qualité exceptionnelle et atteignent un point de perfection inégalé. Chaque nouveau panneau de pierres dures (les commesso) était directement envoyé, une fois achevé, à la résidence privée de l'Empereur à Vienne, appelée Kaiserhaus. La plupart d'entre eux se trouve aujourd'hui à la Hofburg, dans les appartements du Président de la République d'Autriche (voir ci-dessous). Zocchi réalisa plusieurs séries thématiques à l'huile sur toile de mêmes dimensions que celles des marqueteries en pierres dures qui en seront issues. Nous connaissons de lui plusieurs dessins préparatoires, tel que cette esquisse pour notre panneau en pierres dures (voir ci-dessous). D’autres études, destinées aux lapidaires, étaient réalisées par les collaborateurs de Zocchi. L’élaboration de cette série dédiée aux Arts a été confiée à Zocchi et Siries, tous deux gardant à l'esprit à la fois le goût du souverain et l'avis des spécialistes. La vision poétique - et son interprétation lithique - des activités humaines que les tableaux de Zocchi illustrent, apparaît comme une commémoration lyrique des Arts, des Eléments, des Jeux, des Sens, des Âges de l'homme, des Saisons, des Continents ; une célébration du plaisir d'exister, des changements du temps et de la vie, le tout vu avec le sourire du savant : c'est une narration du monde prérévolutionnaire où apparemment, tout le monde est heureux d'être ce qu'il est. Vers la fin de 1752, Giuseppe Zocchi reçut paiement pour l’exécution de quatre tableaux sur le thème des Arts : la Peinture, la Sculpture, la Musique et enfin l'Architecture et la Mécanique. Le premier panneau réalisé en pierres dures, représentant la Sculpture, fut achevé en novembre 1753. Son cadre en bronze doré fut réalisé par l'un des artisans de la Galleria dei Lavori, connu sous le nom de Bombicci. On lui commandera également le cadre de l'Architecture en février 1754. Un paiement pour les quatre cadres de la série des Arts surviendra en juin de la même année, alors que les œuvres achevées étaient sur le point d’être expédiées à Vienne où elles demeurent encore aujourd'hui (1). Étonnamment, et c'est la seule fois que cela s'est produit, la composition de Zocchi sur l'Architecture fut aussitôt dupliquée : en juillet 1754, le peintre a été payé 26.01.34 £ comme l’atteste la facture ‘…pagato a Giuseppe Zocchi p. valuta d’un altro disegno p. rifare il quadro del Architettura e Meccanica…’. Quelques jours auparavant, un porteur avait été payé £ 1 pour ‘avoir apporté à l'Imperialino ‘ (une des villas grand-ducales en dehors de la ville) ‘e riportato a Firenze il quadro del Architettura e Meccanica ‘ (2). Il semble que le terme ‘quadro’ employé ici se rapporte à la marqueterie de pierres dures et non au tableau peint sur toile. Peut-être voulait-on d'abord examiner l’œuvre achevée avant de demander à Zocchi de refaire le dessin pour une nouvelle marqueterie. Pour cette opération, il semblait peut-être plus approprié d'utiliser comme modèle l’œuvre achevée en pierre (prête, comme mentionné ci-dessus, mais pas encore livrée à Vienne). La vision directe de la commande réalisée aurait mis en évidence les difficultés que les lapidaires auraient rencontrées. Cette version de l'Architecture fut donc réalisée après juillet 1754. On ne connait pas la date exacte mais elle doit se situer à cette époque car le cadre utilisé est identique aux cadres en bronze doré de Vienne, pour lesquels Bombicci a été rémunéré. Il s'agit d'un cadre à peine mouvementé aux angles, à plusieurs niveaux, pourvu d'une élégance simple et impeccablement exécuté. Ce modèle en bronze et sa dorure ayant été traités de la même manière, il est certain que la réalisation de notre cadre revient à Bombicci lui-même qui avait déjà orné la première version de ce sujet. La qualité de la marqueterie de notre panneau est aussi exceptionnelle que celle de la série viennoise, et il est certain que l'œuvre a été exécutée dans la Galleria dei Lavori par les mêmes artisans, également sous la direction de Louis Siries. Nous en connaissons les noms des ouvriers grâce à un organigramme (ruolo) remontant à  1754 (3). On remarquera de petites différences dans l'assemblage des pierres comme, par exemple, l'ombre sur l’un des blocs à droite et les taches de l'albâtre utilisé ici pour le ciel. Reste à savoir pour qui ce travail fut réalisé. Nous pouvons être certains qu'il était destiné à une personnalité importante puisque ce type d’œuvre était exclusivement réalisé pour les grands de ce monde. La Galleria dei Lavori, à cette époque, travaillait uniquement pour des souverains. Toute la série des quatre Arts, particulièrement appréciée, fut dupliquée pour le fils de François Étienne de Lorraine, le nouveau Grand-Duc Pietro Leopoldo de Habsbourg Lorraine. Terminées en 1780, les quatre marqueteries sont conservées au Palazzo Pitti à Florence (en dépôt au Museo dell’Opificio delle Pietre Dure, inv. nos 1527, 1528, 1529, 1530). La principale différence entre la première série de Vienne et celle du Palazzo Pitti, ne réside pas dans l'exécution lytique, mais dans les cadres qui furent alors eux-mêmes réalisés en pierre dures  (voir ci-dessous).  

(1) A. Gonzàlez-Palacios, Il Tempio del Gusto, Milano, 1986, pp. 68-163, fig. 189-238 (documents et bibliographie). Pour Giuseppe Zocchi voir A. Tosi, Giuseppe Zocchi e la Toscana del Settecento, Florence, 1997.
(2) A. Gonzàlez-Palacios, Il Gusto dei Principi, Milano, 1993, pp. 433-434, fig. 778-779. Le document mentionné existe en deux versions identiques : la première se trouve dans les archives de l’Opificio di Pietre Dure à  Florence, (Filze miscellanées), Misc. 3, n.6 ; la deuxième version du document est à l' Archivio di Stato di Firenze, Guardaroba Medicea, App.72.
(3) Le « ruolo » remonte au 1 Septembre 1754 : il a été publié par l'auteur (Gonzalez-Palacios, Il Tempio del Gusto op. cit., p. 131 , no 210 ; le document est conservé dans l’Archivio di Stato di Firenze, Imperial e Real Corte, 2374. Le nom de Giuseppe Zocchi figure en haut de la liste ; parmi les maîtres connus on citera au moins Giovanni Battista Jacopucci dont le salaire était le plus important ; A. F. Botti, G. Zanobi et les deux Rabbuiati. En tout, il y avait huit maîtres, six «sottomaestri» douze garçons, huit, « segatori bronzisti» et deux ébénistes.

(Texte par Alvar González-Palacios)