PF1308

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Lot 98
  • 98

Tête de bélier, Royaume d'Owo, Nigeria

Estimate
40,000 - 60,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Tête de bélier
  • haut. 34 cm
  • 13 1/3 in

Provenance

N° 0413-OA-97R-2.Collection Hans Schneckenburger, Munich
Collection privée, acquis en 1984

Daté au C14 220 +/- 25 ans (CIRAM, Bordeaux, n°0413-OA-97R-2), soit XVIIe/XVIIIe siècles

Catalogue Note

Les sculptures d'autel dédiées aux rois défunts comptent parmi les créations les plus élaborées des arts de l'ancien Nigeria. Dans le royaume d'Owo, elles sont essentiellement représentées par les têtes de bélier osanmasinmi, dont cette œuvre constitue un témoin exceptionnel.  

Selon Abiodun (in Drewal et Pemberton, 1985, p. 113), l'image fondamentale du bélier dans les cultures Yoruba et du royaume de Benin - signe d'un pouvoir prééminent, et de l'agressivité d'une personne ne tolérant aucun rival - trouverait sa source dans le royaume d'Owo. Le bélier y est considéré comme une métaphore visuelle de l'ancêtre. C'est à travers ces figures d'autels que les défunts de lignée royale sont honorés, lors des sacrifices marquant la récolte de l'igname et le début d'un nouveau cycle agricole - évènement majeur du calendrier rituel Owo. "Elles incarnent l'idée de l'ancêtre agissant comme médiateur pour transmettre la force vitale et fertilisante des dieux" (Fagg, 1963, n°102).

Avec un immense talent, le sculpteur est parvenu à exalter, dans la majesté de la pose, l'extrême tension des courbes, le puissant équilibre des formes et la finesse des modelés, les vertus primordiales du bélier - force et vivacité - faisant de lui le plus efficace support métaphysique des ancêtres (Abiodun, idem). La sensibilité de la sculpture est accentuée par la prodigieuse usure du temps et l'aspect quasi fossilisé de la patine, aux teintes contrastées. 

A l'archaïsme manifeste de cette œuvre, datée au C14 au plus tard du XVIIIe siècle, s'ajoute l'élégance du geste, puisant dans le naturalisme de l'art d'Ile-Ife, voisin historique d'Owo. William Fagg, en 1951, fut le premier à reconnaître l'individualité de la tradition artistique d'Owo face à son voisin, le puissant royaume de Benin. Dans cette figure d'autel s'impose la très haute tradition artistique des sculpteurs d'Owo, dont l'âge remonte à une période identique à celle de Benin et d'Ile Ife.