Zao Wou-Ki

Galerie de France, Paris
Collection particulière, Suisse
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel

Dominique de Villepin, Zao Wou-Ki, 1935-2008, Paris, 2009, p.154, illustré en couleurs
Dominique de Villepin, Zao Wou-Ki, 1935-2008, Hong Kong, 2009, p.154, illustré en couleurs
Dominique de Villepin, Zao Wou-Ki, 1935-2010, Paris, 2012, p.154, illustré en couleurs

The colors are fairly accurate in the catalogue illustration. However, the tonality of the lower part of the work is slightly lighter in the original. This work is executed on its original canvas and is not relined. Under UV light inspection, there is no evidence of any retouching. This work is in excellent condition.
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Zao Wou-ki, 1.12.64, détail

Zao Wou-Ki, 1966 © D.R.

La puissance créatrice s’amplifie encore en 1964, une des années les plus fécondes de Zao Wou-Ki. Sauf quelques toiles gris-rose d’une pureté céleste, tout se convulse à nouveau sous la véhémence dramatique dont il est possédé. […] Sismographe de ses sentiments, la peinture s’offre à lui comme refuge et plus souvent comme champs de bataille. Parfois des plages limpides d’une ineffable douceur se font jour, conquises sur le tumulte des éléments déchaînés à l’échelle cosmique : océans ou cieux en furie, arbres géants dressés dans la tempête, cataclysmes terriens ou stellaires. La tonalité générale demeure sombre, opacités luisantes et feux sourds mais quelques accords stridents de jaune ou de cinabre fusent, bordés de marges claires.
Jean Leymarie, Zao Wou-Ki, Paris, 1986, p.37

01.12.64 est une œuvre où la fureur et la vigueur du pinceau le disputent à la sophistication et à l’harmonie des couleurs.

Dans 01.12.64, Zao Wou-Ki réduit volontairement le nombre de couleurs utilisées, privilégiant les rose poudré, blancs de nacre, gris perle, noirs d’ivoire et bruns légèrement dorés. Mélangés à même la palette, les tons qui semblent surgis du néant (la toile blanche) et du chaos de la matière première (la peinture à l’huile), sont juxtaposés et superposés. A travers ces glacis et ces éclats de matière, entre transparences porcelanées et turbulences de la couche picturale, 01.12.64 est une œuvre de géomancien visionnaire qui transpose d’une palette limitée à une toile où s’abolit toute limite, feu tellurique et souffle cosmique. Partant d’un tourbillon central dense et profond pour s’étendre dans des vapeurs pâles brossées, les harmonies et divergences chromatiques sont porteuses d’un rayonnement diffus qui est celui de la lumière : surnaturelle.

Agité et énergique, le pinceau humide se déplace sur la toile tel un danseur contemporain. Le mouvement est continu, vif, sans arrêt ni hésitation. Mêlant séparations et convergences, structure et contenu, épaisseurs et tensions, une vivacité infinie se crée.  Nourries de la grande, noble et séculaire tradition de la calligraphie chinoise, contemporaines de l’Expressionnisme Abstrait américain et de ses oscillations entre automatisme et lyrisme, les lignes de Zao Wou-Ki ont ceci de particulier : en plus d’être des éléments de construction et de distribution spatiales, elles sont les traits saillants des émotions, des souvenirs et de la perception de l’artiste. L’éclair qui traverse la toile est éloquent. 01.12.64 vibre d'interférences entre macrocosme et intériorité. Il crée une tension en état de grâce.