PF1209

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Lot 79
  • 79

Attribué à Jean Antoine Watteau

Estimate
80,000 - 120,000 EUR
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Description

  • Jean Antoine Watteau
  • Le concert champêtre
  • Huile sur panneau agrandi sur les quatre côtés

Provenance

Collection de monsieur Bougi (selon la gravure);
Parisez, Paris, 1867;
Vente A***, Paris, 1878;
Collection Mame;
Collection Champchevrier

Exhibited

Paris, Musée du Louvre, 12 septembre 1851

Literature

P. Rosenberg et E. Camesasca, Tout l'oeuvre peint de Watteau, Paris, 1970, p.112, n°160

Catalogue Note

La composition du « concert champêtre » fut gravée, dans son format actuel, et en sens inverse, par Benoît Audran en 1727. Elle est également connue par une seconde estampe, anonyme, portant le titre « L'ouïe ».

De par sa provenance, le tableau que nous présentons est celui décrit par Camesasca dans son ouvrage publié en 1970 (voir opus cité supra). De très nombreux éléments motivent l'attribution de notre tableau à Jean-Antoine Watteau. Son sujet bien sûr, une scène musicale festive et mondaine, est caractéristique des modèles d'un genre dont l'artiste fut l'éminent représentant en France au début du XVIIème siècle. La facture également, sure et inventive, vibrante et colorée montre l'assurance d'un artiste alerte. Enfin, la technique, les craquelures profondes et larges trahissent l'utilisation d'une huile grasse fréquente chez l'artiste. Elle atteste également du métier de peintre de Watteau, revenant plusieurs fois sur une première couche encore peu sèche et instable.
Cette même technique est, en autre, à l'origine des difficultés de lecture de l'œuvre (fréquentes chez Watteau)  et qui nuisent en partie sa compréhension. Elle nous conduit à penser, en accord avec nombre d'historiens d'art, qu'il existe pour l'instant de très fortes présomptions que l'auteur de notre panneau soit Watteau lui-même sans pouvoir l'affirmer avec certitude.   

Ajoutons que cette œuvre, peinte sur un panneau, a fait l'objet très tôt dans le XVIIIème siècle d' un agrandissement sur les quatre cotés autour de la composition première (voir fig. 1), laissant entendre que ce pourrait bien être notre exemplaire qui fit  l'objet d'une gravure dans son format actuel. En effet, l'étude réalisée par monsieur Vogtherr [1] sur les gravures d'après l'œuvre de Watteau révèle l'usage fréquent d'agrandissements des compositions originales pour ou d'après les gravures afin de rendre les œuvres gravées plus lisibles et d'harmoniser les deux images. 

Watteau, dès le début de sa carrière de peintre, pris pour sujet la musique dans ses tableaux. Certains spécialistes estiment qu'une œuvre sur trois dans le corpus de l'artiste est en rapport avec la musique (Watteau 1684-1721, Réunion des musées nationaux, Paris, 1984, p.529). Le thème musical se manifeste généralement dans la représentation d'instruments comme attributs des personnages ou bien encore dans la retranscription de scènes de concerts et de bal. En effet, l'élève de Gillot s'inspirait des divertissements mondains de son temps et peignait les musiciens avec une précision telle qu'elle permet aujourd'hui d'enrichir les connaissances en musicologie. Le Comte de Caylus figurait parmi les admirateurs de la « délicatesse pour juger la musique » de l'artiste. Fréquentant les brillantes réunions musicales privées organisées chez le financier et mécène Pierre Crozat, Watteau pouvait saisir instantanément les attitudes des chanteurs et joueurs de violon professionnels comme Antonio Paccini (1690-1764) et Antonio Guido et les retranscrire avec vérité dans ses compositions. Certains des amis artistes de Watteau, amateurs de musique, tel que Nicolas Vleughels ont pu également servir de modèles. Ces talents d'observateur ont permis à l'artiste de rendre avec fidélité le déroulement d'un concert en le transposant dans des situations imaginaires systématiquement placées dans un décor de plein air propice aux échanges galants auquel la musique sert d'alibi. Ce registre est d'ailleurs utilisé dans notre tableau qui représente précisément trois voix, un flutiste accompagnés par le théorbe et le joueur de basse viole au centre.

[1] CM. Voghterr, Watteau at the Wallace collection, Londres, 2011, p 97 - 103