Henri-Pierre Danloux

Collection de Jules Danloux (l'oeuvre entière);
Sa vente, Paris, Maître Pillet, 13 mars 1869, (l'oeuvre entière);
Acquis à cette vente par un marchand qui décompose le tableau;
Ancienne collection du Baron de Schlichting (la partie que nous présentons);
Collection particulière autrichienne

Baron R. Portalis, Henri Pierre Danloux peintre de portraits et son journal durant l'emigration (1753-1809), Paris, 1910, pp. 414-415, reproduit p.416

Le tableau que nous présentons aujourd'hui est un fragment d'une grande composition peinte par Henri-Pierre Danloux à Londres durant son exil.
Le tableau, monumental à l'origine, titré La Pitié a été inspiré par un poème du même titre écrit par l'abbé Delille un proche du peintre, sans doute la personnalité la plus intéressante qu'il rencontra durant son exil à Londres.
Alors que le poète faisait lecture du chant I de son poème, ses vers inspirèrent Danloux qui en profita pour peindre un tableau illustrant la misère londonienne à l'aube du XIXème siècle :

.......Voyez-vous ce mortel
Qui les yeux égarés, comme au bord d'un abîme
Hésitant, frémissant, reculant près du crime
Tout à coup emporté d'un mouvement soudain
D'un vol dont il rougit, vient de souiller sa main !
Il fuit ; suivez ses pas, sous le toit du coupable
Pénétrez avec lui : Quel tableau lamentable !
Des enfants demi-nus, .......
..................................
Leur père à côté d'eux, triste, pâle, défait,
Tourmenté par la faim moins que par son forfait
En détournant les yeux d'un tableau qui l'accable
Leur jette et se refuse un aliment coupable
Que leurs avides mains se disputent entre eux...

Danloux réalisa alors un tableau monumental illustrant ces vers où un père vient d'assassiner une femme pour lui voler son pain et le donner à ses enfants affamés qui se le disputent.
L'œuvre achevée devait mesurer presque trois mètres de haut si on en juge par la taille des personnages de notre fragment qui ne représente qu'environ un tiers du tableau original.
La Pitié  qui est restée dans la famille de l'artiste a décoré le salon de son fils Jules avant de faire partie de la vente après décès de ce dernier où elle a été acquise par un marchand qui l'a fragmentée. La composition complète de l'œuvre nous est aujourd'hui connue grâce à une gravure d'Audinet (cf. illustration dans Portalis p.413).
Notre fragment représente les deux enfants affamés, on connait un second fragment de ce tableau représentant une scène de misère (1.39 x 1.07cm) aujourd'hui conservé par le musée du Louvre.