PF1233

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Lot 311
  • 311

François Boucher

Estimate
150,000 - 200,000 EUR
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Description

  • François Boucher
  • Vénus commandant des armes à Vulcain
  • Huile sur toile en grisaille

Provenance

Vente anonyme [Aubry], Maître Guilleaumont, Paris, 9 février 1773, n°68;
Vente anonyme, Maitre Chevallier, Paris, Hotel Drouot, 10 juin 1893, n°6;
Vente de la collection Paul Leroi (Léon Gauchez), Paris, Hotel Drouot, 16 décembre 1907, n°28

Literature

A. Ananoff et D. Wildenstein, François Boucher, Genève 1976, Tome II, p.297, n°673, rep fig.1755

Condition

The painting is overall in very good condition. We have a beautiful matter which still has his glazes and impastos. The painting has been properly relined there is about fifty years. We can see a tiny little lack in the cloud under the angels above the head of Venus (visible on the reproduction). The painting is under a yellow dirty varnish. Under UV lamp: The painting is under a green varnish partially cleaned. No visible repaints. The painting is in very nice condition.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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Catalogue Note

L’œuvre que nous présentons est une esquisse en grisaille pour l’un des panneaux du grand décor réalisé par François Boucher pour l’hôtel particulier de Jean-François Bergeret de Frouville à Paris.

Les toiles de ce décor ont été réalisées par François Boucher en 1769. Nous connaissons un dessin à la sanguine brulée lié à cette composition (Vente anonyme, Christie’s New York, 11 janvier 1989, n°132) qui est daté des mêmes années que le tableau final, aussi notre esquisse a probablement été exécutée par Boucher entre 1767 et 1769. Il est intéressant de noter que certains détails diffèrent entre notre œuvre et la composition finale. Citons notamment la nymphe de dos à la gauche de Vénus sur notre esquisse, qui a été remplacée par un petit putto dans la composition finale. On remarque aussi que le personnage de dos au premier plan à droite est penché vers l’intérieur de la composition sur le tableau final alors qu’il est positionné dans l’autre sens sur notre œuvre. Ces différences permettent de comprendre l’intérêt de l’esquisse dans le travail du peintre, dans la création de sa composition.
En effet, les peintres du XVIIIème siècle utilisent la grisaille pour poser les bases de leur composition notamment les jeux d’ombres ils peuvent ainsi appréhender les effets de lumière. On remarque que les changements opérés par Boucher entre les deux travaux sont essentiellement des rectificatifs de la composition qui, au final, est plus enlevée dans la dernière version.

Ce travail intellectuel du peintre sur sa création va commencer à intéresser les collectionneurs et les amateurs de peintures les plus cultivés à partir des années 1760 avec des artistes tels que De Troy, Lemoyne, Boucher ou encore Van Loo. Bien qu’elles aient fait leur entrée au Salon en 1737 avec un ensemble présenté par Colin de Vermont, ce n’est qu’en 1760 que Diderot délimitera dans un écrit le profil de l’amateur d’esquisse: « Le mérite d’une esquisse, d’une étude, d’une ébauche, ne peut être senti que par ceux qui ont un tact très délicat, très fin, très délié, soit naturel, soit développé et perfectionné par la vue habituelle de différentes images du beau en ce genre, ou par les gens même de l’art » [1]. 

L’esquisse que nous présentons reprend un sujet cher au peintre. Boucher nous décrit ici la scène du huitième livre de l’Eneide de Virgile, récit des épreuves du troyen Enée. Vénus inquiétée par les préparatifs de guerre dans le Latium, usa de ses charmes pour convaincre Vulcain, son mari bafoué, de forger une armure pour son fils illégitime: Enée, fruit de son union avec le mortel Anchise. Elle parvint à attendrir le Dieu forgeron qui accepta de mettre ses talents au service du héros. (Livre VIII, 370-392). Boucher, dans sa composition relate la visite d’Enée dans les forges de Vulcain au cours de laquelle le Dieu Forgeron lui remit les précieuses armes. Il est intéressant de noter que cette partie du récit n’est pas décrite par Virgile aussi Boucher était totalement libre quant à son interprétation.
Le Louvre conserve un grand tableau du peintre reprenant le sujet de Vénus dans les forges de Vulcain. Il s'agit d'une oeuvre importante car c'est la première que l'on puisse sûrement dater dans la carrière de l'artiste. Elle a été acquise par d'Angiviller pour le Muséum à la vente Watelet en 1786.
Nous connaissons une autre esquisse de même sujet (38 x 43 cm) conservée au musée des Arts Décoratifs à Paris. Cet autre tableau est un projet pour un carton de tapisserie. Il s’agit de l’un des tableaux de la série des Amours des Dieux commandée à Van Loo, Boucher, Pierre et Vien par les Gobelins en 1757. Preuve que ce sujet plaisait beaucoup au peintre, il le recommanda aussi à ses élèves. Ainsi, lorsqu’en 1765 son élève Johann Christian reçu de son mécène la commande d’un tableau dont le choix du sujet était libre, il demanda conseil à son maître. Boucher faisait partie de  ceux qui pensaient qu’il fallait s’orienter vers un thème en fonction des possibilités qu’il offrait à l’artiste et non vers des nouveautés qui plaisait aux critiques. Il recommanda donc cette scène de l’ouvrage de Virgile, mettant en scène Vénus dans les forges de Vulcain : « Vous aurez là une belle figure de femme entourés d’amours, un homme musclé, et dans le fonds les cyclopes etc. » [2]

Les grandes toiles décoratives de l’hôtel de Jean-François Bergeret de Frouville, dont l’une a été réalisée à partir de notre tableau, sont restées à leur emplacement d’origine jusqu’à la fin du XIXe siècle où elles ont été installées dans l’hôtel de Fontalba par le Baron Edmond James de Rothschild. Elles ont fait leur entrée au Kimbell Art Foundation de Forth Worth en 1972.

Nous remercions monsieur Alastair Laing de nous avoir confirmé l’attribution de cette œuvre et de nous avoir aidé dans la rédaction de cette notice.

[1] voir le Catalogue de l’exposition L’apothéose du geste, l’esquisse peinte au siècle de Boucher et Fragonard, Paris, juin 2003
[2] J-C. Mannlich, Mémoires du Chevalier Christian de Mannlich, Paris, 1948, p.264.