

Catesby décrit dans sa préface sa méthode de travail : « Puisque je ne suis pas né peintre, j’espère que certaines erreurs de perspective et autres subtilités seront excusées ; car je conçois humblement que les plantes et autres choses réalisées simplement, si conçues de manière exacte, peuvent mieux servir l’objectif de l’Histoire Naturelle que dessinées avec l’art d’un peintre. En dessinant les plantes, je les ai toujours représentées fraîches et tout juste cueillies ; et les animaux, en particulier les oiseaux, je les ai toujours peints vivants (excepté une poignée d’entre eux) et leur ai donné les attitudes correspondantes à chaque espèce. Lorsque c’était possible, j’ai adapté les oiseaux aux plantes dont ils se nourrissent. Les poissons, qui changent de couleurs lorsqu’ils sont en-dehors de leur élément, je les ai peints à des moments différents, me procurant une succession de poissons… Les reptiles vivent de longs mois […] je n’ai donc eu aucune peine à les peindre vivants ». (Vol. I, p. vi).
L’édition originale fut publiée en dix parties jusqu'en 1743. Les 20 planches de l’appendice furent publiées quatre ans plus tard. Les corrections de la deuxième édition semblent avoir été entamées presque immédiatement, sinon simultanément à la publication de l’Appendix en 1747. Selon Stafleu & Cowan, la deuxième édition fut publiée entre 1748 et 1756. Des découvertes récentes ont suggéré qu’il existe de multiples tirages de cette deuxième édition, certains composés de multiples feuillets de la première édition. En outre, les vingt premiers feuillets du second volume de certains exemplaires (dont celui-ci) comportent une erreur de pagination (121-140) partiellement repeinte (laissant apparaître les chiffres 1-20).
Ces exemplaires sont pressentis comme étant les premiers tirages de la deuxième édition, ou peut-être même un état intermédiaire entre les première et deuxième éditions. Fait intéressant, il semble y avoir une certaine corrélation entre ces séries et les exemplaires reliés en France à cette date. Des recherches sur ces hypothèses sont en cours.
formidable provenance pour cette oeuvre : Guillaume Chrétien Lamoignon de Malesherbes, était chancelier de France, botaniste et agronome, membre de l’Académie Royale des Sciences depuis 1750, l'adversaire de Buffon, le défenseur de l'Encyclopédie, ainsi qu’un fervent partisan de la cause révolutionnaire américaine. Son intérêt pour l’histoire naturelle de l’Amérique du Nord et en particulier pour la botanique le poussa à entamer une correspondance avec Thomas Jefferson, Benjamin Franklin, H. St. Jean de Crèvecoeur et François Barbe-Marbois. Il est décrit dans le Dictionary of Scientific Biography comme « l’un des plus éclairés des fonctionnaires de l’ancien régime » et un « porte-parole influent pour la liberté de la presse, la tolérance religieuse et la réforme fiscale ». A la fois libéral et empreint de principes moraux, le sens du devoir de Lamoignon fut la cause de sa mort : durant les bouleversements de 1792, il se porta volontaire pour assurer la défense de Louis XVI, une manifestation de fidélité qui se révéla être fatale puisque Lamoignon de Malesherbes périt sous la guillotine le 22 avril 1794 avec toute sa famille. Son impressionnante bibliothèque, d’où provient le présent ouvrage, fut dispersée par Jean-Luc Nyon en mai 1797.
C'est au grand relieur Pierre Anguerrand que Lamoignon confiait ses livres, l'un des plus consciencieux relieurs du siècle, successeur d'Augustin Du Seuil, dont l'exceptionnelle élégance et le classicisme font l'unanimité depuis leur création.
Il fut acquis à la vente Lamoignon par l'extraordinaire collectionneur anglais Thomas Phillipps (1792-1872) qui réunit la plus grande collection de livres (40 000) et de manuscrits (60 000, la plupart sur vélin) jamais assemblée par un individu seul. Conscient d'être la proie de la névrose dite "bibliomaniaque", il s'affubla lui-même de l'appellation "vellomaniaque". Sa fortune entière fut engloutie dans l'acquisition d'exemplaires très rares et très choisis. C'est à lui que nous devons la survivance de milliers de manuscrits anciens pillés dans les monastères durant la Révolution. La dispersion de sa collection, qu'il voulait remise entièrement à la British Library mais sous des conditions trop drastiques, dura plus de 100 ans. La dernière partie de sa collection fut vendue en 2006.