PF1229

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Lot 23
  • 23

Andy Warhol

Estimate
1,500,000 - 2,000,000 EUR
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bidding is closed

Description

  • Andy Warhol
  • Four multicoloured Marilyns (Reversal Series)
  • signé et daté 79/86 sur le retour de la toile
  • acrylique et encre sérigraphique sur toile
  • 92 x 70,5 cm; 36 1/4 x 27 3/4 in.

Provenance

Galerie Bruno Bischofberger, Zurich
Thomas Ammann Fine Art AG, Zurich
Acquis auprès de celle-ci en 1989

Exhibited

Milan, Triennale, The Andy Warhol Show, Septembre 2004-Juin 2005, catalogue, p.8, no.9, illustré en couleurs

Condition

The work is executed on its original canvas, not relined. Under UV light, there is no evidence of any retouching. This work is in excellent condition.
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Catalogue Note

© Jon Naar / D.R.

"Quant à savoir si c'est symbolique de peindre Marilyn dans des couleurs aussi intenses: c'est la beauté, elle est très belle."
Gretchen Berg, 'Andy: My True Story', Los Angeles Free Press, 17 mars 1967, p. 3
 

Dans les années 70, Warhol renoue avec la technique qui lui a apporté le succès dans les années 60: la sérigraphie. Grâce à un procédé désormais proche de la perfection, l’artiste peut se concentrer sur de nouvelles œuvres et initier une nouvelle démarche artistique, l’appropriation. Car ces nouvelles œuvres ne se contentent pas de manipuler des images issues des médias mais, poussant plus loin le principe, mettent en scène des images immédiatement identifiables appartenant au Panthéon de l’histoire de l’art. Parmi elles, se trouvent aussi les propres œuvres de l’artiste et notamment celle qui a été immédiatement vue comme un emblème du Pop Art naissant : son portrait de Marilyn créé en 1962. Cette démarche est appuyée par un nouveau procédé qui revisite la technique sérigraphique pratiquée par l’artiste : la peinture Reversal ou en négatif. Loin d’être une décennie mondaine consacrée à des portraits de commande, les années 1970-80 sont en fait le champ d’une créativité renouvelée et l’occasion d’une remise en question du statut de l’œuvre d’art.

De toutes les Reversal paintings, dont le cycle inaugural est né en 1979, Four Multicoloured Marilyns montre le premier réemploi du portrait de l’icône. Les couleurs vives utilisées rappellent les premières séries des années 1960 ici masquées par une sérigraphie en négatif ou reversal. Le principe est simple: l’artiste étale de vastes trainées de couleurs sur la toile qu’on déroule devant lui sans se soucier des images qui y seront imprimées ensuite. Les images utilisées pour la sérigraphie sont reproduites comme des négatifs. Les Reversal paintings illustrent le cœur de la problématique de Warhol : comment à partir d’une seule image, créer des œuvres à la fois répétitives et pourtant jamais tout à fait les mêmes. En effet, le contraste provoqué par les ombres noires qui ont envahi le visage de la star américaine, et les couleurs détonantes qui surgissent de l’intérieur apportent un nouvel éclairage, plus tragique, au visage tant de fois reproduit : «les réapparitions incessantes de Marylin Monroe, dans une espèce de nouveau portrait phrénologique, nous dévoilent sa personnalité par le biais de tout un éventail de modifications physionomiques, tandis que nous lisons de gauche à droite et de haut en bas». Allan Kaprow,  p. 433 in ‘Andy Warhol rétrospective’, catalogue d’exposition, Centre G. Pompidou, 1990


En se confrontant à son passé artistique, l’artiste livre avec sa reprise du portrait de Marilyn une formidable preuve de sa créativité, après plusieurs années majoritairement consacrée au cinéma et à d’autres projets culturels. Les peintures des années 1960 questionnaient les notions de paternité artistique, d’authenticité et de valeur de l’œuvre. Avec Four Multicoloured Marilyns, ce débat est désormais dépassé. En recyclant sa propre œuvre, l’artiste démontre qu’en 1970 celle-ci est suffisamment célèbre pour être citée en tant que telle et non plus seulement comme une autre référence à l’actrice. Conscient de la valeur de son art, Warhol prouve à ses détracteurs qui pensaient son inspiration finie, qu’il est capable d’exploiter à nouveau l’image qui a été instantanément vue, non seulement comme une icône du mouvement Pop mais aussi un emblème de son œuvre. Et pourtant, par là même il montre son détachement à l’égard de son propre travail, son refus de considérer le statut hiérarchique accordé à ses œuvres par l’histoire. Celles-ci ne sont que matériel propre à être réemployé et présenté comme un alter-ego des premiers tableaux.

Warhol s’inscrit ainsi comme un pionnier de la réflexion post-moderniste telle que théorisée par Charles Jencks dans son traité d’architecture paru en 1977. Ce dernier autorise le recyclage de formes préexistantes, la citation d’œuvres du passé, le renouvellement des techniques les plus traditionnelles de création. Il efface aussi la hiérarchie entre culture populaire et culture élitiste. A ce titre la carrière de Warhol, de publicitaire de talent à artiste confirmé, brouillant constamment  les frontières entre imagerie populaire et art noble, réutilisant non seulement les œuvres des maîtres anciens (la Cène de Vinci) mais aussi ses propres œuvres est toute entière post-moderniste. Il ouvre ainsi la voie à Jeff Koons, apôtre de la culture populaire d’aujourd’hui, ayant remplacé Marilyn par la Cicciolina.

Gold Marilyn, 1962, peinture dorée et encre sérigraphique sur toile, 45,1 cm (diamètre), Collection privée © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc.