Statue d'autel, Baga, Guinée

Collecté en 1954 par Maurice Nicaud
Collection Maurice Nicaud, Paris
Collection privée, Paris

Dakar, Musée Dynamique, L'Art Nègre, Sources, Evolution, Expansion, 1966
Paris, Grand-Palais, L'Art Nègre, Sources, Evolution, Expansion, 1966

Senghor et Alii,  L'Art Nègre, Sources, Evolution, Expansion, 1966, p. 47, n° 82

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En 1966, Dakar accueille, à l'initiative de Léopold Sédar Senghor, le Premier Festival Mondial des Arts Nègres. L'événement est appuyé par la première grande exposition internationale organisée en Afrique : L'Art Nègre, Source, Evolution, Expansion. Les grandes institutions (Metropolitan Museum of Art, Museum für Völkerkunde de Berlin, musée de Tervuren, musée de l'Homme, etc.) de même que les plus importants collectionneurs et marchands de l'époque, notamment Pierre Guerre, Henri et Hélène Kamer, Charles Ratton, René Rasmussen, y participent par le prêt d'œuvres majeures. Parmi eux figure le marchand et collectionneur parisien Maurice Nicaud, présent avec quatre œuvres qu'il collecta en Guinée au début des années 1950, dont cette rare figure d'autel Baga.

Les statues elek (ou a-Tshol ), caractérisées par leur longue tête composite d'oiseau à visage humain, dressée sur une base cylindrique, constituaient le plus important support cultuel des Baga. Avant l'interdiction des cérémonies ancestrales par le gouvernement de Sékou Touré et la destruction des objets s'y rapportant, Denise Paulme avait conduit, en 1954, la première mission d'étude en pays Baga. D'après ses observations, "chaque maison habitée par l'aîné de la famille comprenait un espace sombre dédié à l'autel elekel, régulièrement réactivé par des sacrifices.[...]. Le rôle tutélaire des figures elek explique la présence des ajours ponctuant la tête : des cornes contenant des ingrédients magiques y étaient fixées. [...] l'elek était présent aux funérailles des aînés de la famille, des adultes membres du groupe, et de toute autre personne importante. Dire que l'elek représentait le lignage lors de ces occasions ne suffit pas ; il était le protecteur du groupe et son signe le plus visible. Il incarnait en quelque sorte la vie du lignage" (Paulme in Vogel, 1981, p. 58).

Parmi le corpus restreint des figures elek, celle-ci, d'une superbe élégance, se distingue par la représentation - très rare -, au sommet, d'une tête reprenant en miniature les traits de la figure centrale, dont la lecture se transforme, de dos, en un corps élancé d'oiseau. Voir Lamp (1996, p. 54) et Van Dyke (2008, p. 98-99),  pour l'autel a-Tshol de la Mesnil Foundation, à Houston.