PF1215

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Lot 5
  • 5

Nicolas de Staël

Estimate
600,000 - 800,000 EUR
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Description

  • Nicolas de Staël
  • Plage de Syracuse
  • signé; signé, titré et daté 1954 au dos
  • huile sur toile
  • 55 x 73 cm; 21 3/4 x 28 3/4 in.

Provenance

Paul Rosenberg & Co., New York
G. David Thompson, Pittsburgh
Malcolm Bendon, New York
Vente: Sotheby's, New York, 20 novembre 1997, lot 131
Acquis lors de cette vente par le propriétaire actuel

Literature

Jacques Dubourg, Françoise de Staël, Nicolas de Staël, Catalogue raisonné des peintures, Paris, 1968, p.300, no.705, illustré
Françoise de Staël, Nicolas de Staël, Catalogue raisonné de l'Oeuvre Peint, Neuchâtel, 1997, p.494, no.757, illustré

Condition

The colours are fairly accurate in the catalogue illustration although the orange is more orange than red in the original. The overall tonality is also less contrasted in the original. The work is executed on its original canvas and is not relined. Are only visible under close inspection: -some minor superficial wears located at the extremity of the four corners -some very few hairlines cracks located in the lower orange part of the work. Under UV light, there is no evidence of any retouching. This work is in very good condition.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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Catalogue Note

En 1953, à Syracuse, le ciel était orange incandescent ; la mer devait être d’un bleu saphir. En 1954, dans Plage de Syracuse, par une inversion qui n’a du réalisme que l’apparence, le ciel a la profondeur des fonds marins ; la terre, la chaleur des briques.

A la fin de l’été 1953, Nicolas de Staël sillonne l’Italie. De Rome à Assise en passant par Tivoli, Ravenne, Naples, Agrigente, les sites de Pompéï, Paestum et Syracuse, il rapporte quelques croquis. Il ramène surtout des images mentales, comme une insolation visuelle. De retour en France, entre la fin de l’année 1953 et l’été 1954, Staël peint ces paysages mnésiques. Comme toujours, plus que l’apparence des choses, il en a retenu  l’essence. Lignes et lumière sont recomposées dans le huit-clos de l’atelier. Avec une intensité maximale.

Provenant de la Galerie Paul Rosenberg à New York, Plage de Syracuse fait partie des œuvres dont Staël parle à Rosenberg : « Votre avis sur les paysages de Sicile m’est indispensable, j’y tiens foncièrement » (lettre à Paul Rosenberg, Ménerbes, 9 février 1954). Depuis la fin de l’année 1953, le contrat qui le lie au marchand newyorkais permet à Nicolas de Staël de faire l’acquisition d’une bâtisse à Ménerbes dans le Vaucluse, où, loin de Paris, il recrée quelques quarante fulgurants paysages italiens dont trois vues, seulement, de Syracuse.

Les œuvres du retour d’Italie sont marquées par une maîtrise nouvelle. La palette de Staël change. Aux teintes sourdes et aux nuances de gris antérieures, succèdent des couleurs outrageusement vives, quasi pures et violemment contrastées. Dans Plage de Syracuse, aucune transition entre la plage bleue du ciel et la terre orange. Implacablement symétriques, juxtaposées de part et d’autre d’un horizon médian où flamboie autant qu’elle semble vaciller une indéfinie tâche jaune, la masse bleue et la masse orangée se confrontent : choc des Titans resurgis des confins d’une antique Sicile.

Avec Plage de Syracuse, la matière entre elle aussi en métamorphose. La couche picturale épaisse et bitumée des années 1940 s’étire et se fluidifie. Lissée au couteau et à la truelle, la peinture à l’huile se déploie horizontalement. Derrière l’apparence d’opacité qui concourt à l’aplanissement de la perspective à l’endroit de ces deux zones magistrales, les transparences sous-jacentes font sourdre quelque chose comme un souffle ou une vapeur torride. Appliquée au pinceau, le jaune qui s’enflamme sur la ligne d’horizon crée une perspective atmosphérique qui tempère la rigueur de la perspective linéaire. Avec ce feu doré, Nicolas de Staël introduit une vulnérabilité sensible dans l’immensité d’un espace terrassant. Au point qu’il semble atteindre, dans Plage de Syracuse, ce à quoi il tend : « la fulgurance de l’autorité » et  « la fulgurance de l’hésitation ».



Maurice Denis, Tâches de soleil sur la terrasse, 1890 © D.R.
Emil Nolde, Lever de soleil sur la mer, 1927 © D.R.
Mark Rothko, Sans titre (red, blue, orange), 1955 © D.R.
Gerhard Richter, Bach (1), 1992 © D.R.
Nicolas de Staël en 1954 © D.R.