Lot 55
  • 55

Charles-Antoine Coypel

Estimate
60,000 - 80,000 EUR
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Description

  • Charles-Antoine Coypel
  • Portrait de femme à son ouvrage
  • Signé et daté en haut à gauche C. Coypel 1746
  • Pastel

    Charles Coypel ; Portrait of a woman sewing ; Signed and dated upper left ; Pastel

Provenance

Acquis à la galerie Wildenstein à Paris dans les années 20, resté depuis dans la famille.

Condition

To the naked eye: The pastel is in extremely good condition. On six drawings sheet of paper with further narrow strip on the edges. Slightly discoloured and rubbed on the left and upper edge, presumably from an old frame. Under UV light: No visible restoration.
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Catalogue Note

Faisant parti des derniers peintres académiques, collectionneur et amateur d'art, Charles Coypel fut l'un des artistes majeurs de la première moitié du XVIIIe siècle. D'abord peintre d'histoire, Charles Coypel répondra ensuite aux exigences de son temps, peignant à la fois des tableaux de genre et des portraits destinés à l'entourage royal ainsi qu'à l'aristocratie et la bourgeoisie de l'époque. Ce pastel, signé Charles Coypel et réalisé en 1746, représente le Portrait d'une femme faisant de la tapisserie, celle-ci n'étant pas officiellement identifiée. Cependant, d'après la tradition du maître et les différentes sources documentaires connues, on pourrait associer cette femme à la marquise de Sainte Aldegonde ou bien à la marquise de Raincourt.

Peintre officiel du roi Louis XV à partir de 1716, Charles Coypel réalisa à partir de cette date une importante galerie de portraits, très populaires et prisés à l'époque, privilégiant souvent le pastel à l'huile pour ce genre, technique à laquelle il fut initié par son père et son amie vénitienne Rosalba Carriera qui lança la mode du pastel à Paris. La proportion de morceaux de pastels chez Coypel est en effet la plus forte pour le genre du portrait, ce parti pris pour la technique se comprenant aisément. Grâce au pastel, Charles Coypel exécuta avec rapidité ses portraits, saisissant ainsi l'expression fugitive du modèle à l'instar de cette marquise au sourire complice et au regard perçant. Seul le pastel permet d'obtenir ce rendu moelleux, poudré et léger. Ce fameux portraitiste impressionne véritablement par l'analyse minutieuse de la physionomie de cette femme mais aussi par la finesse du rendu des matières, notamment à travers la délicatesse des dentelles et de la fourrure que porte la marquise.

La noblesse de ce portrait féminin entre bien dans la tradition et l'originalité du maître qui confronte de façon systématique l'immobilité du modèle, notamment par sa frontalité, à l'animation de ses mains. Ce portrait est probablement l'un des derniers de ce genre puisque la pratique fut condamnée en 1747 par le critique d'art Etienne la Font de Saint-Yenne évoquant « le défaut ordinaire de la plupart des portraits qui détournent leurs regards de l'occupation qu'on leur donne pour les fixer stupidement et hors de propos sur le spectateur ».[1] Le fond bleu module la lumière et contribue davantage à la mise en valeur de la marquise par un contraste saisissant. Assise sur un divan de velours bleu, cette femme vêtue d'une robe de soie rose à fourrure est représentée de face, fixant le spectateur du regard avec attention, tricotant sa tapisserie à motifs floraux comme les femmes de son temps. Femme du monde, cette marquise met en évidence, par la présence de livres et de son pendentif, ses connaissances livresques et sa droiture d'esprit. Elle s'impose véritablement par sa présence et sa prestance, expression directe de son implication  dans les problématiques de son temps. Cette remarque peut être confortée par un détail original qui n'est pas sans intérêt : le bracelet de perles que la marquise porte à son bras droit. Ce médaillon présente le portrait d'un homme qui est probablement celui de son mari.

Ce magnifique portrait codifié évoque à lui seul la recherche bourgeoise du confort, démontrant avec évidence cette volonté d'être « portraituré » à une époque ou se faire connaître et reconnaître pour la postérité était une priorité.

[1] T. Lefrançois, Charles Coypel (1694-1752), Editions ARTHENA, 1994, p70.