Lot 201
  • 201

Antoine-Louis Barye

Estimate
300,000 - 500,000 EUR
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Description

  • Antoine-Louis Barye
  • Eléphant
  • signé et daté Barye 1832 et FONDU PAR HONORE GONON ET SES DEUX FILS
  • bronze à belle patine brune, sur un socle en marbre vert antique
  • Haut. 25 cm; larg. 29,3 cm; prof. 15,3 cm; larg. (base) 31,6 cm; prof. (base) 17 cm
  • Height 9 3/4 in; width 11 1/2 in; depth 6 in; base width 12 1/2 in; base depth 6 2/3 in

Provenance

Ancienne collection de Louis d'Orléans, Duc de Nemours (1814-1896) ;
Ancienne collection André Scholler ;
Ancienne collection David Weill

Exhibited

Salon de 1834, Paris, musée Royal, n°1971 ;
Catalogue des oeuvres de Barye, Paris, Ecole des Beaux-Arts, 1889, n°356 ;
Le décor de la vie à l'époque romantique 1820-1848, Paris,
Pavillon des Marsan, Palais du Louvre, avril-mai 1930, n°922

Literature

Bibliographie
C. Saunier, Louis Barye, Londres, 1926, pp. 19 et 20
M. Poletti, A. Richarme, Barye, Paris, 2000, p. 408, CS35 (ill.)
W. Johnston & S. Kelly, Cat. exp. Untamed : The Art of Antoine-Louis Barye, The Walters Art Museum, Baltimore, 2006, pp. 33-7
J. Reinis, The Founders and Editors of the Barye Bronzes, New York, 2007, pp. 97-8
O. Gabet, Un marchand entre deux Empires - Elie Fabius et le monde de l'art, Paris, 2011, p. 122 (ill.)

Condition

This is a unique bronze of which no other versions exist. It is an exceptionnally fine and crisp cast with a light brown patina in very good condition overall. Minor casting flaws can be seen to the surface, especially to the Elephant's back, consistent with the 'lost wax casting' technique. Two small yellow marks to the surface of the bronze, to the Elephant's back above his tail and to his trunk. Minor surface dust in the crevices of the deeply modelled areas of the naturalistic base. The bronze is sold with a rectangular verde antico marble base.
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Catalogue Note

Cette pièce unique en bronze a été réalisée en 1832 pour Louis d'Orléans, Duc de Nemours, deuxième fils de Louis Philippe Ier, roi des Français. Il s'agit du tout premier bronze de Barye réalisé pour la famille royale et, en fait, l'une des toutes premières œuvres en bronze de l'artiste. Cet Eléphant a été moulé selon la technique de la cire perdue par le célèbre fondeur, Jean-Honoré Gonon. L'œuvre n'a jamais été éditée et d'après Poletti et Richarme on ignore où se trouve le modèle en plâtre d'origine de la pièce en bronze.
Au début de sa carrière, Barye a du mal à trouver un équilibre entre l'accomplissement de ses ambitions et ses obligations de jeune marié devant faire vivre une famille qui ne cessait de s'agrandir. Il rejoint l'atelier d'orfèvrerie de Jacques-Henri Fauconnier en 1823, l'année de son mariage. Il est déçu d'avoir échoué au Grand Prix de Rome et sa première participation au Salon passe inaperçue. Bien que la présentation au Salon de 1833 de son célèbre Lion écrasant un Serpent soit souvent considérée comme l'événement ayant lancé sa carrière, ses présentations au Salon de 1831 constituent l'élément essentiel de sa réussite et sont probablement à l'origine de la réalisation de la pièce en bronze qui nous intéresse.
Au Salon de 1831, Barye présente quatre œuvres : Saint Sébastien et trois sujets animaliers en plâtre dont le Tigre dévorant un Gavial. Le choix des sujets animaliers était audacieux dans le monde de l'art contemporain. L'artiste risquait d'être censuré par les critiques qui considéraient ces sujets comme impropres à l'environnement d'érudition du Salon. Bien que les œuvres de Barye aient suscité une certaine controverse, son Tigre dévorant un Gavial a été presque universellement reconnu, y compris par le critique d'art Delécluze, le plus conservateur de tous, qui déclara : "la vie est rendue avec une telle force et une telle passion dans ces deux animaux que c'est sans hésitation que nous devons reconnaître que le groupe qu'ils forment est la meilleure et la plus puissante sculpture du Salon".
Il semblerait que ce soit le Tigre dévorant un Gavial qui incita le Duc de Nemours à s'intéresser à Barye et à son art. Si le Duc est mieux connu pour sa très jeune et brillante carrière militaire que pour son goût des arts, il semble avoir été le premier membre de la famille royale à acquérir un bronze de Barye. Son frère ainé et son plus jeune frère, les Ducs d'Orléans et de Montpensier allaient lui emboîter le pas. Il semblerait que l'œuvre en bronze qui nous intéresse ait incité le Duc d'Orléans, frère ainé du Duc de Nemours, à commander le surtout de table qui allait devenir l'un des plus célèbres chefs d'œuvre de Barye. Le groupe central du surtout de table, la Chasse au Tigre, comprend un éléphant qui ressemble à celui de notre modèle. Ce groupe a été fondu par Gonon qui a prétendu l'avoir fondu en un seul jet sans aucune bavure. La même technique semble avoir été utilisée pour ce bronze.
Jean-Honoré Gonon remporte, à l'âge de vingt ans, une médaille d'argent pour son invention d'une technique améliorée de fabrication de moules. En 1810, il s'associe au ciseleur Charles-Stanislas Canters pour créer une fonderie au sable rue du Faubourg Saint-Martin. Il commence alors à utiliser la technique de la fonte à la cire perdue, une technique qui avait complètement disparu en France au dix-neuvième siècle. Il élabore ensuite en 1828 une nouvelle méthode et, secondé par ses fils Eugène et Joseph, ouvre une nouvelle fonderie n'utilisant que la technique de la cire perdue. Barye collabore pour la première fois avec Gonon en 1832 pour la fonte de son bronze intitulé Tigre dévorant un Gavial, exposé désormais au musée du Louvre. C'est également Gonon qui en 1835 réalise la fonte du groupe monumental du Lion au Serpent destiné aux Jardins des Tuileries. Les techniques de Gonon étaient devenues tellement légendaires que les artistes demandèrent au Ministère des Beaux Arts de persuader Eugène Gonon de révéler ses secrets de fonderie qu'il risquait d'emporter dans sa tombe. En contrepartie d'une somme de 3000 francs, Eugène Gonon accepta de les divulguer et rédigea un manifeste sur les techniques de la fonte du bronze.
La pièce de bronze qui nous intéresse est sans aucun doute un témoignage de la maitrise du fondeur mais aussi du sculpteur. Le travail précis et épuré du bronze conserve tous les détails et la spontanéité du modèle en plâtre. La technique complète à merveille le modelage parfait de l'animal sauvage réalisé par Barye, virtuose en la matière. Etant donné que les seuls éléphants que Barye avait pu voir à Paris étaient des animaux de ménagerie (cirques ou zoo), l'artiste s'est attaché à représenter son éléphant de façon extrêmement réaliste en le représentant en train de charger dans les hautes herbes. Comme Isabelle Leroy-Jay Lemaistre l'a déclaré, même si Barye a beaucoup appris de ses dissections et de ses observations d'animaux exotiques "rien ne peut remplacer l'imagination de l'artiste". C'est précisément l'imagination de Barye, unique en son genre, qui animait ses bronzes animaliers, transformant de simples études basées sur la nature en de véritables chefs d'œuvres du dix-neuvième siècle.