Lot 64
  • 64

Paul Gauguin

Estimate
100,000 - 150,000 EUR
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Description

  • Paul Gauguin
  • TROIS TÊTES TAHITIENNES
  • dessin-empreinte :
    monotype en ton bistré doublé sur une feuille de papier vergé (recto)
    sanguine et crayon gras doublé sur une feuille de papier vergé (verso)

    Cette oeuvre est unique.

  • 26,5 x 21 cm ; 10 3/8 x 8 1/4 in.

Literature

Ambroise Vollard, Souvenirs d'un marchand de tableaux, Paris, 1937, reproduit opp. p. 80 (verso)

Catalogue Note

transfer drawing with bistre tone laid down on laid paper (recto); red chalk and crayon laid down on laid paper (verso).

Ce monotype, représentant trois têtes tahitiennes, a sans doute été réalisé par Paul Gauguin lors de son second séjour tahitien (1895-1901). Témoignant brillamment  de l'intérêt porté par Gauguin pour les études de physionomie et la technique du monotype, ces trois têtes s'inscrivent pleinement dans les expérimentations menées par l'artiste au cours de ses voyages successifs à Tahiti. La juxtaposition de plusieurs portraits sur une même feuille, l'utilisation d'un trait vif et acéré, tout comme la recherche d'expressivité, sont des éléments récurrents des dernières recherches menées par l'artiste jusqu'à sa mort en 1903. La technique du monotype, employée fréquemment par Gauguin depuis les années 1894-95, atteint ici une parfaite maîtrise qui accentue les qualités graphiques du dessin original. Le terme monotype désigne la production d'une image par le transfert d'une composition à l'encre d'une surface à une autre par le biais d'une impression. L'image produite est dite unique de part la faible quantité de pigments déposée sur le support, qui rend les secondes et parfois troisièmes épreuves de qualité moindre, la plupart du temps inutilisables. Cette technique, associant ainsi impression et dessin, préserve la spontanéité du graphisme initial tout en permettant une interaction parfois surprenante entre le medium employé et le papier. Elle dote le résultat obtenu d'un caractère presque pictural, créant des textures plus denses et des effets illusionnistes.

Le monotype Trois têtes tahitiennes affirme cependant son caractère unique par le dessin au crayon gras et à la sanguine réalisé par Gauguin au verso de l'impression, complexifiant et magnifiant la pratique traditionnelle du monotype. On parle alors de dessin-empreinte dit "traced-monotype". L'exceptionnel dessin, dont le monotype au verso est le négatif, offre ainsi une variante technique  de la technique du monotype. Très proche stylistiquement des monotypes réalisés lors du dernier voyage de Gauguin à Tahiti, les Trois têtes tahitiennes allient la sophistication technique à l'exotisme brut d'un primitivisme poétique. Un autre dessin-empreinte, Famille tahitienne (Fig. 1), présente les mêmes expérimentations techniques et sources d'inspiration.

 

Paul Gauguin a rencontré Ambroise Vollard à Paris en 1893, peu de temps après son retour du premier séjour à Tahiti. Vollard devient alors son marchand, bien que Durand-Ruel continue simultanément à promouvoir son œuvre. A défaut d'amitié, une relation d'affaires se noue entre le marchand et l'artiste, les invitant à entretenir une correspondance régulière jusqu'en 1903. En novembre 1896, une exposition Paul Gauguin est organisée à la galerie Laffitte, présentant les œuvres acquises par Vollard. Gauguin deviendra, après Cézanne, le second artiste dont le nom restera associé à la galerie Vollard.