Lot 171
  • 171

Wagner, Richard

Estimate
50,000 - 60,000 EUR
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Description

  • Wagner, Richard
  • Tristan und Isolde. Vollständige Partitur. Leipzig, Breitkopf & Härtel, sans date [1860].
Partition gravée in-folio de (1) f de titre et 441 pp, demi-percale verte à la Bradel, plats de papier bleu imprimé (reliure de l'éditeur).

Catalogue Note

Édition originale de la partition d'orchestre gravée, tirée à une cinquantaine d'exemplaires.

Exceptionnel envoi autographe signé :
À son cher ami Gounod,
l'auteur
RW.
Paris 18 mars 1861.

«Trois soirées épiques».
L'envoi est daté du jour de la deuxième et avant-dernière représentation de Tannhäuser à Paris. Elle fut, comme les deux autres, copieusement sifflée. On sait le scandale et la cabale qu'elles provoquèrent. Il n'y eut guère que Baudelaire pour s'élever contre une telle mise à mort dans son pamphlet, Richard Wagner et Tannhäuser à Paris.

Gounod (1818-1893) et Wagner s'étaient rencontrés par l'intermédiaire de Berlioz à la fin de l'année 1859. Gounod tenta en vain de dissuader Wagner de monter Tannhäuser. «Je connais trop les dispositions du public français pour ce qui touche la musique, lui dit-il : Voici ce que je vous conseille : faites interpréter vos oeuvres dans des concerts. Je parlais avec la sincérité de mon âme. Wagner suivit mon conseil et ses fragments eurent un succès mérité. L'Empereur, sur les conseils de la princesse de Metternich, se décida à donner l'ordre de représenter quand même Tannhäuser à l'Opéra. Ce furent trois soirées épiques. J'ai assisté aux trois représentations, et le spectacle qui me fut donné m'attrista plus que je ne puis le dire. Que la musique déplaise, c'est bien, mais qu'on fasse tomber une oeuvre, de parti-pris, en l'empêchant d'être jouée, c'est odieux et mesquin».

Une amitié sans indulgence et contrastée.
Réservé sur l'homme, Gounod estimait fort la musique de Wagner. Il le défendit toujours contre les calomnies et d'injustes critiques. En revanche, si Wagner appréciait l'ami, il n'aimait guère son art. Une représentation de Roméo et Juliette, en 1875, éveilla chez lui un «véritable malaise». Il se moqua à plusieurs reprises de l'Ave Maria, qu'il trouvait «sentimental», et sa critique du Faust fut sans ambages : «Ah ! parlons-en ; j'ai vu cette parodie théâtrale de notre Faust allemand. Faust et son compère Méphisto m'ont absolument fait l'effet de deux farceux d'étudiants du Quartier latin à la piste d'une étudiante. Quant à la musique, c'est de la sentimentalité de surface, à fleur de peau, de chevreau... comme les gants, sans oublier la poudre de riz. J'espère pour Gounod dont le talent est réel, mais dont le tempérament manque d'envergure pour traiter des sujets tragiques, qu'il aura le discernement à l'avenir de mieux choisir ses librettistes !»

Piqûres par endroits, petite fente à un mors, un cahier partiellement décousu.